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Affaire Sonko – Adji Sarr : Un dossier sans cause

Le procureur de la République attribue une qualification pénale aux faits qu’il défère au juge d’instruction. On dit que le juge est saisi in rem.

Le juge d’instruction peut modifier la qualification qui lui est proposée, mais il lui est interdit de modifier la prévention. Donc, le juge qui a été saisi pour viol, ne peut pas statuer sur des faits autres.

Or, il est aujourd’hui établi qu’aucun des éléments constitutifs du viol prévus par l’article 320 du Code Pénal, imputables à Ousmane Sonko, n’a été constaté.

Mais, le juge d’instruction, Maham Diallo a continué ses investigations et semble s’orienter vers les articles 234 et 235 du Code Pénal, en auditionnant des filles qui ont eu, un temps, à travailler comme masseuses au salon sweet beauté.

Au vu de cette démarche, il est permis de croire qu’un réquisitoire supplétif a été délivré par le procureur pour enquêter et asseoir la thèse du proxénétisme, et montrer que le salon sweet beauté est, en réalité, un lieu de débauche.

Et, une telle conclusion permettrait d’imputer à Sonko ce que l’on appelle « la fréquentation habituelle de prostituées ». Ainsi, le sieur Ousmane Sonko, en tant que leader politique, serait estampillé d’immoralité et de quelqu’un qui encourage le crime de proxénétisme.

Mais, il se trouve que le soi-disant dossier Sonko – Adji Sarr recèle un scandale qui pourrait éclabousser, au plan international, le système répressif sénégalais et au-delà, le régime du Président Macky Sall.

En effet, pour accréditer l’idée du proxénétisme, des photos obscènes ont été frauduleusement glissées dans le dossier.

C’est dire que ledit dossier a été entaché de faux dès le départ (ab initio), sans compter les expurgations pratiquées sur les procès-verbaux, et ce qui s’est réellement passé à l’hôpital Général de Grand-Yoff qui motive que désormais, les constats de viol se font sous surveillance alors que pareilles mesures de contrôle n’existe pas dans les autres hôpitaux du pays.

Tout cela montre la tragédie que vit le juge Maham Diallo, qui a été jusque-là connu pour sa probité et sa haute conscience professionnelle.

Pourtant, s’il existe des autorités qui lui demandent de s’apostasier, qu’il sache que le Peuple n’attend de lui qu’une application correcte de la loi conformément à l’article 90 de la Constitution.

Il serait tout à fait dommageable pour le système répressif de notre pays et pour la notoriété du Président Macky Sall, que le monde découvre qu’au Sénégal, les officiers de police judiciaire, agissant sous les ordres du procureur de la République, fabriquent des preuves compromettantes pour éliminer les opposants au régime en place.

Dans ce cas d’espèce, même si Sonko et Ndeye Khady Ndiaye n’ont pas introduit une plainte pour faux et usage de faux, le juge Maham Diallo, pour une bonne administration de la justice, aurait dû demander au procureur un réquisitoire supplétif. Car, l’enquête qui serait menée à cette occasion aurait inéluctablement conduit sur la piste des individus qui sont les responsables moraux de la tuerie du mois de Mars 2021.

En conclusion, il sied de rappeler qu’un procès pénal ne peut pas s’ouvrir en l’absence d’un fait infractionnel, préalablement constaté et que devant les juridictions répressives, il n’existe pas de procès moral comme si le Sénégal était retourné plusieurs siècles en arrière pour tomber sous l’inquisition, tout simplement parce que Macky Sall n’est pas devenu, par le miracle de la transsubstantiation, un Torquemada d’Espagne.

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