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LA FRANCE NOUS A VENDU SA CIVILISATION EN RABAISSANT NOS CULTURES AFRICAINES

Elom 20ce, de son vrai nom Elom Kossi Winceslas, se présente comme un « griot contemporain ». Dans ses textes, le rappeur togolais déclame haut et fort son amour pour le panafricanisme et fustige la mauvaise gouvernance des dirigeants africains. Né bien après l’indépendance du Togo, il pose, à 40 ans, un regard sans concession sur sa relation avec la France.

Quel est votre premier souvenir de votre rencontre avec la France ?

Elom 20ce Comme tous les enfants togolais, on m’a imposé l’apprentissage du français dans un climat de terreur. Parler ma langue maternelle à l’école était proscrit. Braver l’interdit, c’était s’exposer à l’humiliation et aux coups. Quand un élève employait un mot issu de nos langues nationales en cours, le maître lui infligeait le port d’un os en collier autour du cou. Cela m’arrivait souvent car j’étais turbulent. Quand je portais ce symbole d’infamie, j’étais aux aguets. Pour m’en débarrasser, il fallait qu’un autre élève commette à son tour cette erreur.

Cela créait une drôle d’ambiance entre nous. J’en garde un souvenir traumatisant, car le maître d’école nous frappait pour des fautes commises dans une langue qui n’était pas la nôtre. La rencontre avec le français, ce sont aussi des comptines apprises dès la maternelle. Chanter « Sur le pont d’Avignon », « Petit Papa Noël » m’a fait entrer dans un imaginaire déconnecté de mon monde.

Quelles traces ce processus d’apprentissage coercitif a-t-il laissées, selon vous, dans les relations entre les jeunes Africains nés après les indépendances et la France ?

Cela engendre une forme d’amour et de haine envers la France. Pour ma part, j’en retiens que ce pays est insincère et schizophrène. En nous colonisant, la France nous a vendu sa civilisation comme un idéal à atteindre. Elle l’a fait en rabaissant nos cultures africaines et en nous l’enseignant.

Même soixante-deux ans après les indépendances, pour réussir socialement, il faut toujours passer par l’école française. Mais lorsqu’on souhaite aller au bout du parcours scolaire, et poursuivre ses études en France, on trouve porte close. Décrocher un visa est aujourd’hui une vraie galère. Seule une poignée d’étudiants africains, souvent les plus fortunés, y parviennent. Pour les autres, traverser le désert et la mer pour avoir un avenir reste une voie de survie.

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