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«L’ADAPTATION DE ROMANS DONNERAIT PLUS DE FORCE AU CINEMA SENEGALAIS»

 L’écrivaine sénégalaise, Sokhna Benga, plaide pour que les romans sénégalais soient davantage adaptés à l’écran, pour que le Sénégal puisse profiter du grand potentiel dont il dispose dans ce domaine et donner de cette manière plus de force au cinéma sénégalais. «Dans notre Bibliothèque nationale, il y a beaucoup d’ouvrages qui méritent d’être adaptés. On a des auteurs formidables, de grands auteurs, et toute cette floraison de livres peut être adaptée», a dit Sokhna Benga dans un entretien accordé à l’Aps.

«Il y a énormément de romans sénégalais qui méritent d’être adaptés. Cela donnerait beaucoup de force au cinéma et à l’audiovisuel sénégalais de mettre à l’écran tous ces romans», insiste l’écrivaine, lauréate du Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres en 2000, avec son roman La balade du sabador. L’ouvrage L’or de Ninkinanka a été adapté en série télévisée en 2020 grâce à la maison de production Marodi Tv, qui en a tiré une soixantaine d’épisodes diffusés en deux saisons. L’au¬teure du livre a été choisie comme scénariste et directrice artistique par la production, pour mieux rendre son livre qui a suscité beaucoup de curiosité chez le public.

Selon Sokhna Benga, d’autres romans sénégalais peuvent être adaptés de la même manière dont Un indigène à Gorée (2016) de Moustapha Ndéné Ndiaye, un roman historique dont le thème se rapporte à la colonisation française. Elle cite aussi Le choix de L’Oris (2015), un roman dans lequel Louis Camara, Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres en 1996, fait voyager son lecteur dans l’univers fabuleux de la cosmogonie yoruba. Il y a aussi La reine des sorciers (1998) de Seydi Sow, lauréat du Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres la même année, ou encore Du baobab au saguaru (2009) de Rahmatou Seck Samb, elle aussi lauréate du Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres. De même que Le regard de l’aveugle (2008) de Mamadou Samb et L’écharpe des jumelles (2013), du même auteur.

Un outil de transmission

A en croire Sokhna Benga, les plus grands films du monde sont des adaptations de romans, à l’image de Harry Potter de la romancière britannique J. K. Rowling. Au Sénégal, elle évoque plusieurs films adaptés de romans par Ousmane Sembène, parmi lesquels Le Mandat, La Noire de, Xala, Niwan, mais aussi Hyènes de Djibril Diop Mam¬bety, film adapté du roman La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt, sans compter Le Prix du pardon de Mansour Sora Wade, etc. «L’écran est un outil de transmission très important, c’est un médium d’une importance particulière, qui a beaucoup de succès», estime Sokhna Benga, soulignant que l’adaptation de son roman L’or de Ninkinanka dont le scénario date de 2004, bien avant la sortie du livre, sera aussi tournée en long métrage. Elle dit avoir toujours voulu porter à l’écran tout ce qui a été à la base de ses romans. «Je suis tombée dans l’écriture parce que c’est un don, mon père, Ibrahima Mbengue, était journaliste, écrivain et dramaturge. J’ai écrit parce que j’avais des choses à dire, j’avais cette pulsion d’écrire ces romans, ces nouvelles ou ces livres pour enfants pour dénoncer des faits de société», explique-t-elle. Mais pour elle, le cinéma, c’est plus que cela. «Ce n’est pas seulement cette dénonciation automatique dans le roman, mais c’est une manière de montrer la beauté de mon peuple, l’universalité par tout ce discours de tolérance que nous avons vécu», au moment où «nous voyons les choses se déliter aujourd’hui», souligne-t-elle. Elle ajoute avoir «toujours eu cet amour de l’écran», que ce soit le cinéma ou l’audiovisuel, avec la volonté de «transposer» ses histoires par ce médium. «Je suis allée à la recherche de l’audiovisuel, j’ai eu cette curiosité que mon père a inscrite en moi, car il était plus audiovisuel», a indiqué la romancière, soulignant «l’importance particulière de ce médium qui a beaucoup de succès» et qui constitue «un outil de transmission important».

Avec l’aide de producteurs et cinéastes tels que Moctar Ndiouga Ba, Mansour Sora Wade et Moussa Touré, elle a fait la formation de scénaristes à l’Institut national de l’audiovisuel en France (Ina). Ce qui l’a amenée à collaborer avec d’autres scénaristes et écrivains. « J’ai eu cette chance qu’ils m’aient guidée, c’est là que j’ai eu cette certitude que c’est cela que je veux», fait-elle savoir.

Son projet le plus immédiat et toujours d’actualité, c’est d’adapter à l’écran, la célèbre série radiophonique Ma¬khou¬radia Guèye, chauffeur de taxi diffusée en 1962 sur les antennes de l’Office de Radio¬diffusion télévision du Sénégal (Orts). «(Mal¬gré tout) ce que mon père dénonçait comme faits de société, les choses se sont dégradées un peu plus aujourd’hui. L’attitude des policiers, des populations dans les quartiers avec les poubelles, la corruption, etc.», détaille Sokh¬na Benga.

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