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RÔLE DES ÉLITES DANS LA CONSTRUCTION DE NATIONS EN AFRIQUE

Suites du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des fonds du Covid, une occasion pour le comité scientifique médical d’assumer son rôle dans la société.

Le Sénégal de 2022 est le résultat d’années de choix politiques, économiques, sociologiques… Les élites ont joué un rôle actif dans la construction de cette nation. Elles ont occupé les premières loges dans la fonction publique, le secteur privé et les partis politiques dès les lendemains des indépendances. En vérité les frontières entre ces sphères se sont effacées au fil du temps. Il faut faire allégeance au parti du président pour progresser dans l’administration, occuper un poste de direction, bénéficier d’exonérations fiscales et obtenir de nombreux privilèges en nature. Domptés par l’appât des privilèges, beaucoup d’hommes d’affaires et de hauts fonctionnaires se sont calfeutrés dans le conformisme en évoquant la nécessité de respecter les institutions et observer le devoir de réserve durant les combats qui ont transformé le pays. Leur plus active implication est visible dans les médias où ils expliquent les tenants et des aboutissants sans prendre parti aux actions de terrain. Ils ont su se mouvoir dans le Sénégal qui a vécu les ajustements structurels, les changements de régime, les alternances politiques, la déliquescence des institutions, la destruction du tissu social et d’offre de services publics en ne réagissant que lorsque leur secteur était touché. La mauvaise organisation de la lutte ou la moralité de certains acteurs est aussi évoquée. Il n’en demeure pas moins, qu’une fois le combat terminé et la nouvelle gouvernance installée, ils resurgissent et reprennent leur place laissant sur le chemin des victimes qui ont parfois perdu la vie.

Pendant ce temps, la prise en charge de la demande sociale en perpétuelle croissance a créé de nouveaux acteurs. Beaucoup d’entre eux n’ont pas suivi de formation appropriée ; ils sont eux-mêmes des laissés pour compte de la société et ont donné naissance à une nouvelle « race » d’hommes et de femmes qui s’investissent dans les partis politiques et qui sont, de ce fait, les élus locaux et nationaux mais aussi ministres et directeurs des sociétés nationales. L’offre politique, gouvernance et acteurs, est généralement perçue comme étant de plus en plus dégradée. Les élites devraient mesurer leur part de responsabilité dans ce que le Sénégal est devenu.

La nature a horreur du vide
Aujourd‘hui, il s’agit de donner suite au rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des fonds du Covid. Il faut rappeler que le Covid est une question sanitaire du début à la fin et c‘est ce qui explique que tout ce qui a été posé comme action par le président et son gouvernement ait été accepté par les sénégalais. Quand le président Macky Sall se présente devant le peuple et annonce que nous sommes en guerre, il parle d’un ennemi sanitaire ce qui était vrai puisque tous les pays étaient confrontés aux mêmes problèmes. Quand il met en place un comité scientifique sanitaire, le peuple est rassuré en se disant qu’on a mis au cœur du dispositif des spécialistes et qu’il faut faire entièrement confiance au plan proposé par l’Etat. Chaque intervention de médecin et d’acteur de la santé publique était suivie religieusement.

C’est dire que le comité scientifique a servi de caution au gouvernement pour faire accepter des mesures exceptionnelles et générer une paix des braves entre pouvoir et opposition. La mise en veilleuse des règles de comptabilité publique et l’adoption d’une loi d’habilitation donnant tous les pouvoirs au président de la République sont à l’origine de dysfonctionnements de gestion des fonds collectés.

L’épidémie survenait dans un contexte de déficit criard de notre offre de santé. La Covid a fait de nombreuses victimes par manque d’hôpitaux, de personnels soignants, de lits de réanimation, d’oxygène, de matériels de protection, d’ambulances, etc. Donc on s’attendait à ce que l’essentiel des efforts soient mis au service de la santé en termes d’infrastructures, de consommables, de plateaux techniques, du personnel et de l’organisation de la pyramide sanitaire.

Il apparaît dans le rapport de la Cour des Comptes que la gestion des fonds Covid, dont le volet sanitaire, a été entachée de fautes voire de fraudes. On ne peut s’empêcher de penser que ces actes sont en partie responsables de retards de prise en charge, de morts et de séquelles gardées à vie par certains malades. On y apprend même que les statistiques sur l’épidémie, qui servaient d’outils de communication pour faire accepter le plan de résilience, n’étaient pas fiables. Il est évident que, plus que quiconque, les membres du comité scientifique et même l’ordre des médecins, caution et acteurs de la réponse sanitaire, sont interpelés. Ils nous doivent des réponses et ont tout à fait le droit de choisir les voies et manières pour le faire.

Cependant, les organisations de la société civile ont choisi de manifester le vendredi 30 décembre pour dénoncer la gestion nébuleuse de ces fonds, exiger la démission de tous les mis en cause et réclamer des poursuites judiciaires adéquates. La participation de la corporation médicale impliquée dans le plan de riposte s’impose comme une nécessité.
Comité scientifique, Institut Pasteur, IRESSEF, Ordre des médecins, le peuple attend vos réactions !!!!!
Ailleurs, on a pu entendre des hauts responsables du comité médical scientifique donner des avis contraires à ceux diffusés par le ministère de la Santé, estimant qu’ils n’étaient pas fondés sur des données scientifiques objectives. C’est dire que vous avez le droit de vous indigner et de l’exprimer.

Il arrive un moment où ne pas s’impliquer fait de vous un complice !
Il arrive un moment où le silence devient mensonge !

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