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TAMBACOUNDA, UNE RÉGION, MILLE MAUX SUR LE PLAN SANITAIRE

 En marge de la tournée de presse initiée par le fonds des Nations unies pour la Population (Unfpa), en partenariat avec les affaires mondiales canada, le médecin-chef de région de Tambacounda s’est beaucoup appesanti sur les difficultés que rencontrent les populations sur le plan sanitaire. La région fait face à de nombreux défis allant des départs des ressources humaines, en passant par le manque de spécialistes, jusqu’aux malades mentales errantes qui se retrouvent très fréquemment avec des grossesses.

La région de Tambacounda est très vaste puisqu’elle occupe à peu près 21,7% du territoire national, soit une superficie de 4 2706 km² avec une population de 900 432 habitants en 2021. Elle compte un établissement public de santé (Eps), 7 districts de santé, 152 postes de santé. Elle dispose également de 11 centres de santé ; les 7 sont publics et les 4 sont communautaires. Toujours est-il que la région de Tambacounda fait face à de nombreux défis sur le plan sanitaire.

Selon le médecin-chef de région (Mcr), Dr Bayal Cissé, le ministère a injecté dans la région plus de 189 personnels de santé qualifiés. Plus de 40 demandes de départ sur la table du Mcr Sur le plan des ressources humaines, le ministère a injecté plus de 189 personnels de santé qualifiés. «Nous avons réussi le pari de mettre au niveau de l’ensemble des postes de santé le couplé gagnant infirmier-sage-femme. Cette année, nous déplorons une vingtaine de départs que nous n’avons pas pu maîtriser et cela continue encore. Aujourd’hui, sur ma table, il y a plus de 40 demandes de départ».

Poursuivant, il souligne que des gynécologues et des sages-femmes sont formées. « Mais dès qu’ils sont bien formés, ils s’en vont. Dans notre perspective, il faut une recherche opérationnelle en formant ici des filles et des garçons qui ont fini d’avoir leur Bac et qui habitent dans la région, qu’on leur octroie des bourses pour qu’ils deviennent des infirmiers, des sages-femmes et même des médecins», plaide-t–il. La mise en place du projet affaires Canada a permis d’avoir des indicateurs rassurants sur le plan de la santé de la mère et de l’enfant. «Pour les accouchements assistés, nous étions à 58,4%, aujourd’hui, nous sommes à 95,40%. Nous avons aussi fait l’audit des décès maternels et néonatals grâce au projet. Entre 2018 et 2019, Il y avait des districts qui restaient pendant 6 ans sans déclarer de décès maternels ou néonatals, mais avec la régularité des audits, aucun décès n’est passé à côté», se réjouit-il. A l’en croire, tous les décès maternels, c’est-à-dire de la grossesse jusqu’à 42 jours après l’accouchement, que cela soit au niveau de la communauté, des structures de santé, dans nos ambulances ou même au niveau des charrettes, ont été répertoriés. «En 2018, nous étions à 108 décès et en 2021, nous sommes à 116 décès maternels. Ce n’est pas en hausse, car tous les décès n’avaient pas été répertoriés au début. Pour les décès néonatals, nous sommes partis en 2018 de 348 décès répertoriés, c’est-à-dire depuis la naissance jusqu’à 28 jours après, à 270 décès».

L’AUDIT DES DECES, UN DÉFI DANS LA RÉGION

Racontant l’audit qu’ils ont fait sur une femme décédée après l’accouchement, Dr Bayal Cissé indique : «Nous avons eu à faire un audit sur une dame. Nous avons découvert que sa maman est décédée d’hémorragie postpartum, sa grande sœur aussi ; et elle-même est décédée d’hémorragie post-partum ; ce n’est pas normal. Pour éviter cela, il fallait demander l’historique, notamment les antécédents de cette dame».Il faut demander l’âg, car quelqu’un qui a 15 ans va avoir des complications à l’accouchement, de même qu’une femme de plus de 40 ans peut aussi avoir des complications. «Il faut éviter d’être dans l’urgence etil faut essayer d’anticiper. Nous recevons tous les décès venant de Kédougou et de Vélingara. Il y a un grand hôpital à Kédougou ; lors de la Korité passée, ils ont fermé l’hôpital et ils évacuaient sur Tambacounda. Il faut qu’ils travaillent ensemble. Si on met de belles infrastructures, il faut prendre toutes les dispositions», clame-t-il avant de déplorer le fait que Tamba soit saturée en termes d’évacuations sanitaires. «Toute la cité religieuse de Medina Gounass vient sur Tambacounda et cela nous crée beaucoup de problèmes. Nous sommes frontaliers avec 4 régions et 4 pays et virtuellement avec la Guinée Conakry avec Gouloumbou, parce que tout le monde passe par ici. Il y a aussi les décès liés au paludisme où on a recensé 63 décès l’année dernière».

LE MANQUE D’ANESTHÉSISTES DANS LA RÉGION ET L’OUVERTURE DES BLOCS OPÉRATOIRES

L’autre aspect qui pose énormément de problème à la région médicale est l’ouverture des blocs opératoires. «L’Etat est interpellé, car nous avons fini de former des médecins en soin obstétrical néonatal d’urgence (Sonu) au niveau de Maka Koulibantang, de Koumpentoum, de Goudiry mais malheureusement, ce que nous n’avons pas sur le terrain, ce sont des techniciens en anesthésie», souligne-t-il. A l’en croire, l’Université de Dakar ne veut pas former d’anesthésistes. «Il n’y a que l’Université de Saint-Louis qui forme, on ne peut pas continuer comme cela. Il faut démocratiser la formation.Il faut attendre encore alors que la mortalité ne peut pas attendre», déclare-t-il. Santé Mentale Pour ce qui est de la santé mentale, Dr Bayal Cissé explique que les malades errants dans la rue sont pour la plupart des femmes. «Nous recevons des malades venant des régions voisines et même de la sous région. Ces deniers sont pris en charge au niveau du centre psychiatrique régional de Djinkoré avec une équipe certes réduite, mais qui fait quand même du bon travail», affirme-t-il.

Par rapport à ces malades, il ajoute que beaucoup de malades mentaux sont errants avec un fort pourcentage de femmes. «Avec l’aide de la Croix rouge, ces femmes sont de temps en temps prises en charge. Certaines d’entre elles sont victimes d’agressions sexuelles et certaines sont même tombées enceinte. Elles sont donc recueillies et ont bénéficié de la planification familiale. Certaines sont internées sur de longues durées et cela demande beaucoup de moyens». En dépit des nombreux défis, beaucoup d’efforts ont été faits avec l’appui de l’Unfpa et les affaires Canada sur le plan de la planification familiale, la santé de la reproduction mais aussi sur le plan des infrastructures. Il y a les services sociaux de base de qualité. Il a été noté que l’implication des hommes est reconnue comme un axe important dans le développement des politiques et stratégies de santé de la reproduction, comme l’école des maris qui est un groupe organisé d’hommes volontaires qui mène des activités de communication en vue d’amener les hommes à des comportements plus favorables à la santé, plus particulièrement à la santé sexuelle et à la reproduction.

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