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LETTRE MARINE DU 26 SEPTEMBRE 2021

Mes filles, cette année je m’essaie à vous livrer une petite page d’histoire en laissant les historiens de profession combler les inévitables lacunes.

Depuis l’aube des temps, les conflits ont toujours émaillé l’évolution des hommes sur cette terre que nous partageons pourtant tous. Les Ecritures révélées -La Thora, la Bible, le Coran- nous apprennent qu’en des temps immémoriaux, le seul couple sur terre, Adam et Eve, a vu sa famille disloquée, par désobéissance, par des querelles intestines et dispersée à travers le monde.

L’humanité connaît alors ses premières affres sur terre et son évolution sera chaotique, revêtant souvent des aspects liés à son environnement et à sa survie en général. De siècle en siècle, les cassures se suivent et ne se ressemblent pas. Des populations plus fortes envahissent d’autres plus faibles pour avoir plus d’espace vital ; certaines le font pour survivre. Les empires, les royaumes naissent, se battent entre eux et meurent pendant qu’ailleurs des regroupements identitaires s’organisent et se fortifient ; pour disparaître à leur tour pour faits de guerre. Et ce cycle immuable et infernal de se poursuivre inlassablement. Pour dire que le monde vit depuis toujours au gré de ces terribles moments de ravages, de destructions et de carnages sans nombre, émaillées par de grandes épidémies aux origines parfois inconnues.

Esclavage et colonisation ont secoué l’Afrique

L’Afrique, pour sa part, a subi l’esclavage, la colonisation ; on connaît la période subtile de la ‘’décolonisation’’ avec le monstre hideux, ‘’la Françafrique’’. Et voilà qu’aux 20 ème et 21 ème siècles on insiste beaucoup sur la mondialisation avec énormément de conviction, malgré les disparités entre les continents, les Etats et les gouvernants sur les plans économique, politique et culturelle. Le monde avance à un rythme effréné certes. Mais tous ses habitants n’avancent pas au même rythme de développement économique, social et culturel pour des raisons diverses qu’il faut souvent rechercher dans leur façon de gérer leurs terroirs.

En Occident, les anglais, les portugais, les espagnols, les hollandais, jadis les maîtres de la mer, envahissent l’Amérique alors habitée par des aborigènes appelés indiens ou peaux rouges et s’aventurent jusqu’aux côtes de l’Afrique, un continent encore vierge d’occupations mais où se détachent, par leur puissance et leur richesse, de puissants empires et royaumes. Ce sera le début pour l’Afrique de combats parfois épiques contre les assauts de ces étrangers. La richesse de cette contrée sauvage par l’environnement mais faible et sous armée est découverte.

La France est la dernière à se lancer réellement dans cette aventure. Elle n’a pas les moyens déployés par les autres pays, mais elle se développera grâce au commerce de nègres. Le monde devient tout au long de l’évolution, une planète qui, avec le développement industriel et technologique, sera l’épicentre d’une course acharnée pour ses richesses. Terre relativement vierge de toute industrie mais pleine de ressources, l’Afrique noire vit repliée sur elle-même, protégée par les mers, les cours d’eau et les forêts souvent denses et impénétrables. C’est dans ce contexte que se déclenchera des évènements qui vont la marquer à jamais : la triste et ignoble traite des noirs, la colonisation, les indépendances ’’couplées’’ à la sinistre et hideuse françafrique.

Mes chères filles…

Mes filles, la traite des noirs est rendue possible à l’époque des faits, puisqu’il n’existait alors aucune entité au plan mondial pour gérer les dissensions entre les peuples. C’est la jungle qui prédominait ; l’emporte celui qui dispose de tous les moyens matériel et humain. L’Amérique – actuel USA- peuplée d’aborigènes encore appelés ‘’peaux rouges’’ est envahie et sa population anéantie ou parquée en des lieux choisis. Cette nouvelle colonie européenne d’Amérique -constituée principalement d’anglais-, s’installe donc dans cette vaste étendue de terre, hostile mais gorgée de richesses de toute nature. Les Etats Unis d’Amérique viennent de naître et pour travailler dans ses immenses plantations on manque de bras, alors on fait appel aux négriers les marchands d’esclaves, pour la plupart, des occidentaux. C’est le début de la grande et ignoble traite des noirs. Le code noir, une loi créée et codifiée par l’Empereur français de l’époque, l’Eglise et les riches commerçants, est venu renforcer la conviction de l’occident que l’opération est légale et légitime puisque le noir est ravalé au rang de bête, taillable et corvéable.

A la fin officielle de cette traite, combattue, partout par les intellectuels éclairés et les humanistes, l’occident, déjà présent sur les côtes africaines, entreprend alors méthodiquement d’occuper l’Afrique à la suite d’un découpage historique et inique. La colonisation vient ainsi d’être entérinée. La France se constitue ainsi un vaste empire sur lequel pèse sa gouvernance directe impliquant la vassalisation ou l’élimination des autorités autochtones traditionnelles. Le rôle de l’administration coloniale est donc d’étendre et de renforcer le contrôle militaire sur les colonies, de protéger les ressortissants de la métropole, d’épauler parfois le travail de « civilisation » des missionnaires. Pour réussir et pérenniser cette entreprise, rien n’est laissé au hasard. Tout l’arsenal politique, militaire, intellectuel, évangélique, commercial est mis à contribution.

Durant toutes ces périodes pleines de péripéties douloureuses, l’âme noire se trouve asservie, écartelée, annihilée puis corrompue et ses ressources spoliées sans états d’âme. En Afrique francophone, le cheminement de l’empire colonial se déroule ainsi jusqu’à la deuxième guerre mondiale, la plus avilissante pour la France occupée par les troupes allemandes. Nous sommes dans les années 1940, la guerre mondiale fait rage. La France est envahie par l’Allemagne. La résistance s’organise autour du Général De Gaule. La fragilité de la grande métropole est mise à nu. De Gaule lève des troupes jusques dans les colonies. Cette conjonction des faits favorisera, dans l’empire colonial français, l’émergence d’une prise de conscience entre les communautés sous tutelle.

Mes filles, à la fin de la guerre, les intellectuels africains prennent conscience qu’il est temps, pour leurs pays respectifs, de s’affranchir de la domination française. De Gaulle y souscrira, mais à sa manière en instituant un cabinet dirigé par Jacques Foccart pour gérer les indépendances à venir. Ainsi naît la fameuse françafrique. Les séquelles de toutes ses périodes vécues par le noir d’Afrique à travers des siècles laissent entrevoir le mode d’évolution du noir qui veut construire son pays en se servant des méthodes pensées et élaborées par sa tutelle d’antan. L’environnement socio-culturel n’étant pas le même qu’en Occident. Aussi, toute velléité de souveraineté pleine et entière est toujours mal venue et mortellement combattue. Et cela nos dirigeants le savent. ‘’La France sans l’Afrique, ce serait la bombe nucléaire sans uranium, l’industrie sans pétrole, la faillite pour les nombreuses sociétés françaises qui surexploitent le bois, le coton, les phosphates, les minerais, le cacao…’’ disait le Président Charles De Gaulle. Ce pessimisme ambiant de l’époque perdure encore et ne peut être vaincu que par une Afrique unie et solidaire.

Mes chères filles, le sentiment, que les états d’esprit de ces puissants de ces époques-là, déteignent sur ceux qui prétendent gérer le monde actuellement, reste encore vivace dans les esprits. Les slogans humanistes ou humanitaires cachent mal leur propension souvent subtilement déclinée d’organiser le monde selon leur vision. La terrible pandémie de la Covid19 qui sévit depuis 2019 où les pays plus nantis et plus puissants se disputent les vaccins au détriment des pays pauvres et démunis ; où les planches à billets fonctionnent pour les uns selon leurs besoins exprimés en oubliant les autres. Le monde va de plus en plus mal, les moins nantis souffrent de la déstructuration de leurs tissus économiques, industriels et sociaux. Ainsi va notre histoire mes chères filles adorées.

El Hadj Ibrahima Ndaw

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