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LE MALI A FAIT LE CHOIX DE CONQUÉRIR UNE DEUXIÈME FOIS SON INDÉPENDANCE

L’auteur de Françafrique (2003) ne lâche rien. Vingt ans après la publication de cet opus, le chantre du panafricanisme ivoirien, qui préfère vivre au Mali, continue de rêver et de défendre une Afrique souveraine et unie. Mais face au recul démocratique, l’éternel optimiste s’inquiète et en appelle au réveil des populations.

Avec Braquage de pouvoir, Tiken Jah Fakoly livre sa recette gagnante et sans surprise, dans un reggae traditionnel nimbé de sonorités mandingues. Un ouvrage rassembleur sur lequel il a convié, gracieusement, les Maliens d’Amadou et Mariam, les Français Grand corps malade et Dub Inc, qu’il espère inviter à La Cigale pour son concert prévu le 3 décembre, et le Jamaïcain Winston Mcanuff.

Jeune Afrique : Braquage de pouvoir est votre onzième album. Qu’est-ce qui vous fait tenir et vous pousse encore à vous exprimer ?

Tiken Jah Fakoly : Tout simplement la situation dans laquelle se trouve l’Afrique, avec tout le paradoxe qu’elle porte. L’Afrique est l’un des continents les plus riches en termes de matières premières, mais les populations africaines sont les plus pauvres. Je ne suis pas un politique et je ne suis pas en mesure d’apporter des solutions.

Mais, avec ma musique, je peux dénoncer les injustices et les inégalités, comme celles liées également à notre indépendance, qui nous a été finalement confisquée. Puisque, jusqu’à aujourd’hui, il est difficile de se débarrasser de l’ancien colon. La plupart des hommes politiques africains des pays francophones rêvent d’avoir des liens avec la classe politique française, et c’est le cas depuis les années 1960. Ma modeste voix continue de porter, alors il faut la mettre au service de ce combat pour réveiller les populations sur la situation de l’Afrique et sur son potentiel.

En Côte d’Ivoire, vous n’avez pas toujours été bien accueilli, notamment début 2021, lorsque vous deviez interpréter les morceaux de ce nouvel album, en particulier « Gouvernement 20 ans », un titre à travers lequel vous dénoncez les dirigeants qui s’accrochent au pouvoir. Que s’est-il passé ? 

J’avais en effet prévu de donner un concert dans l’un des quartiers les plus populaires d’Abidjan, à Abobo, le 3 janvier 2021. Je n’ai pas eu de refus franc, mais on m’a clairement fait comprendre de changer de site. J’ai finalement trouvé un nouveau lieu, puis on m’a dit que le concert allait paralyser la ville. Après quatre propositions de site, à chaque fois, on m’a sorti une excuse pour que le concert n’ait pas lieu, jusqu’à la veille de la représentation.

Qui vous a dit non ?

Le staff de la mairie d’Abobo. Ce n’est pas une interdiction officielle du gouvernement. Mais tout cela relève de stratégies. Le gouvernement s’est senti concerné par ce titre. Dans le morceau, je ne nomme personne, mais on dit « qui se sent morveux se mouche ». Tout cela est dommage, parce que je voulais juste offrir un concert. On aurait dû me laisser cette opportunité. L’année dernière, le motif de censure était le Covid. Comme la pandémie a ralenti, je vais réitérer la demande. J’espère revenir cette année, pourquoi pas au Femua [le festival des musiques urbaines organisé chaque année par le groupe Magic System].

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