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«IL FAUT ROMPRE AVEC LES POLITIQUES NEOLIBERALES QUI DETRUISENT LES FONDEMENTS DE NOTRE PROSPERITE»

Pour l’économiste Ndongo Samba Sylla, il y a des fondements socio-économiques à la paix. Profitant de la grande rencontre sur la Souveraineté économique et monétaire, Dr Sylla a invité les Etats africains à sortir des dynamiques néolibérales qui sapent les fondements de leur prospérité.

La sentence de l’économiste Ndongo Samba Sylla est sans appel sur les causes de l’instabilité etle manque de sécurité dans la sous-région africaine. S’exprimant en marge de l’ouverture d’une grande rencontre sur la souveraineté économique et monétaire, sur le forum Sécurité et Paix qui s’est tenu à Dakar ces deux derniers jours, le chercheur à la fondation Rosa Luxembourg a invité les décideurs africains à ne pas faire la politique d’autruche sur les vraies causes de cette insécurité en Afrique.  »Il faut rompre avec les politiques néolibérales qui détruisent les fondements économiques de la prospérité de nos Etats africains », soutient-il.

De son avis, il y a des fondements socio-économiques à la paix.  »Généralement, vous pouvez avoir une forme de paix négative, c’est-à-dire qu’il n’y pas de conflits civils, il n’y pas de guerres, mais les gens sont pauvres », renseigne le chercheur qui travaille depuis des années sur la déconnexion et les questions de réparations globales. C’est d’ailleurs ce thème qui a été choisi par cette rencontre sur la souveraineté monétaire et économique.

De son avis, quand les gens sont objectivement pauvres, il est illusoire de parler de situation de paix et de sécurité économique pour les populations. Rappelant le sort réservé à la jeunesse dans les pays où il y a ces phénomènes jihadistes comme le Niger ou le Tchad.  »Les statistiques montrent que plus de 40 % des personnes dans ces pays n’ont accès ni à l’emploi ni à l’éducation. Donc ces jeunes n’ont pas d’avenir et ils deviennent des proies faciles aux tendances radicales jihadistes », fulmine-t-il tout insistant sur la nécessité de rompre avec ces politiques libérales qui plombent le développement économique du continent.

Toutefois, l’économiste fustige le fait que ce genre de discours ne soit pas porté par les approches conventionnelles qui informent la politique suivie par nos gouvernements. Il y a d’autres manières, d’après lui, d’envisager les questions économiques. Il y a d’autres manières de régler les problèmes sociaux qui s’imposent à l’Afrique.  »Mais ça suppose d’aller à rebours des orthodoxies », trouve Dr Sylla.

« Régime démocratique ou pas, s’il ne crée pas de la prospérité pour la grande majorité, ç a ne change rien »

Interpellé aussi sur les coups d’Etats répétitifs dans plusieurs régions de l’Afrique, Dr Ndongo Samba Sylla qui a écrit un essai pour remettre en cause la  »bonne nouvelle » de la démocratie trouve qu’il y a un désir de changement de la jeunesse.  »Et on le voit avec les pays dits démocratiques. Parce que régime démocratique où pas, s’il ne crée pas la prospérité, ça ne change rien pour la grande majorité. Donc il ne faut pas rester sur les slogans », affirme-t-il avant d’enchaîner :  »Il faut mettre en place des politiques qui œuvrent pour la prospérité de la majorité pour réduire les inégalités économiques et sociales ».

Rappelons que Dr Ndongo Samba Sylla qui fait partie aussi du comité scientifique du Rapport Alternatif sur l’Afrique (RASA) s’exprimait en marge de la cérémonie d’ouverture de la rencontre internationale sur la souveraineté économique monétaire qui se tient au Musée des Civilisations noires jusqu’au 28. Plusieurs intellectuels venus des quatre coins du monde se penchent sur les questions de déconnexion et des réparations globales.

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