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LES EXPERTS DEBUSQUENT LES LIMITES DU MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE

Les opérations de maintien de la paix sont-elles à bout de souffle en Afrique ? La réponse semble être affirmative si l’on se fie aux experts qui ont animé un panel sur ces déploiements en Afrique. Organisée en prélude au forum sur la Paix et Sécurité qui se tiendra les 24 et 25 octobre prochain, cette rencontre avec les journalistes, présidée par la cheffe de la diplomatie sénégalaise Me Aissata Tall Sall, a été une occasion pour les panelistes dont l’ancien CEMGA général Babacar Gaye, de remettre en cause ces opérations en misant plutôt sur la prévention.

Une mission de maintien de la paix est une action militaire ou de police entreprise par l’ONU via le Département des opérations de maintien de la paix ou par un ou plusieurs pays, en réponse à une crise régionale dont ils ne sont pas les protagonistes. Lorsque cette mission est entreprise directement par l’ONU, celle-ci demande à ses pays membres une participation en troupes (les casques bleus et/ou observateurs).

Le chapitre VII de la Charte des Nations unies relatif à l’« action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression » dispose que c’est au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) de décider s’il y a lieu de créer une opération de maintien de la paix (OMP). Depuis 1948, date de la première opération (ONUST) à aujourd’hui, les Nations unies ont déployé plus de 72 opérations de maintien de la paix, dont 13 sont toujours en cours. Toutefois, ces missions déployées surtout en Afrique par les Nations unies ou encore l’UA sont-elles efficaces voire utiles au regard de la nature des nouveaux conflits ?

La réponse est affirmative si l’on se fie aux propos des experts qui ont animé hier un panel, en prélude au Forum de Dakar prévu les 24 et 25 octobre prochain. Ancien chef d’état-major général des armées et ex-Représentant spécial du SG de l’ONU en Centrafrique, le général Babacar Gaye est visiblement inquiet quant à l’avenir des OMP. Devant certains de ses pairs à l’image des généraux Abdoulaye Fall et Mansour Seck et devant plusieurs diplomates, général Babacar Gaye avance que les efforts d’adaptation du maintien de la paix aux conflits actuels semblent avoir atteint leur limite. «Ce, du fait du caractère génétique de ses activités dont les perspectives s’inscrivent à la fois dans une approche plus globale de la sécurité et dans des partenariats renforcés», renseigne le général Gaye qui connaît bien les théâtres d’opérations en Afrique pour avoir commandé les Forces des Nations unies au Congo. À l’en croire, nombre de décisions envisagent l’avenir des OMP sous l’angle d’un retour à la primauté de l’action politique sans laquelle les conditions d’une stabilité de peuvent être réunies. Ainsi de l’avis de l’ancien ambassadeur du Sénégal en Allemagne, les changements survenus en matière de conflit semble dépasser la capacité de paix des Nations unies d’y faire face.

Abondant dans le même sens, le chef de la MINUSMA, El Ghassim Wane, estime que le volontarisme en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix s’est fait au détriment d’une action beaucoup plus soutenue dans le domaine de la prévention. «Et mon évaluation est que, autant l’Afrique a besoin d’opérations de maintien de la paix, autant il me paraît important de rééquilibrer les choses pour que l’action de prévention bénéficie davantage d’attention», indique-t-il non sans faire savoir qu’elle est moins coûteuse, qu’elle est beaucoup plus efficace et épargnerait des vies humaines. Mais cela suppose une volonté politique forte au niveau des Etats, renchérit le diplomate. Prévenant dans la foulée qu’il y a une tentation de croire que les opérations de maintien de la paix sont des remèdes efficaces à tous les problèmes gérés par les États.

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