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MARIAM OUÉDRAOGO, VIGIE CONTINENTALE

Mariam Ouédraogo, journaliste burkinabè, vient d’ajouter à son CV, déjà prestigieux, une belle victoire en remportant le prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre. Prix d’autant plus méritoire que l’actualité récente du Burkina Faso – le coup d’État et les manifestations antifrançaises faisant les gros titres – avait presque relégué au rang d’intérêt secondaire le péril jihadiste qui rogne méthodiquement l’intégrité territoriale depuis quelques années.

Drame national à huis clos

Pendant que flottent dans le ciel de Ouagadougou des drapeaux russes, et que monte dans l’atmosphère l’euphorie chaotique d’un énième putsch, on en oublie presque la discontinuité géographique qui grignote progressivement le pays, son émiettement, les victimes quotidiennes subissant les violences et les rackets, et les groupes jihadistes qui se sont installés de façon manifestement chronique. Parmi ces martyrs anonymes, les femmes sont les cibles de choix des viols, des agressions, des dépouillements. C’est cette réalité plus ou moins nouvelle dans les développements du conflit, plongée dans une certaine opacité et au final assez peu documentée, qu’explore Mariam Ouédraogo dans un édifiant reportage : Axe Dablo-Kaya : La route de l’enfer des femmes déplacées internes. Il lui a valu la distinction précieuse du prix de la presse écrite de la 29e édition des récompenses de Bayeux Calvados-Normandie.

Dans une plongée au cœur des routes interdites, quadrillées par des groupes sans pitié, les périples de ces femmes prennent vie sous une plume précise, sans fioritures, avec un réalisme et un sens du détail remarquables. Enrichie d’une chronologie précise et de données chiffrées, l’enquête est marquée par le courage de la journaliste et par les témoignages renseignés et émouvants qu’elle retranscrit avec brio. L’exploration de cette réalité complexe dresse un tableau sombre, miniature d’un drame national à huis clos. Celui aussi d’une hydre qui prospère et se métastase dans les profondeurs du pays, bouleversant les habitudes et diffusant une peur endémique. On suit ces personnes dans leurs stratégies de survie et leur traversée de ces routes impossibles. En résulte un tableau précis, qui donne une image tangible de la violence qui sévit et dont la basse intensité couvre souvent la terrible morsure qu’elle laisse sur les populations.

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