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QATAR 2022, CLAP DE FIN

De mémoire de footeux, je n’ai jamais vu cela ! Un match de rêve. Non disons-le, 40 mns de rêve, car le match ne débuta qu’à la 80e minute quand la France obtint son penalty. A partir de là ce fut l’odyssée des palpitants. Seuls deux évènements me viennent à l’esprit en termes de décharge d’émotions : Je me ramentevais ce but d’Aguero à la dernière seconde de Manchester City contre Crystal Palace et qui offrit la Premier League aux citizens. Je me ramentevais cette demi-finale France-Allemagne de Séville en 1982.

Des émotions intenses, du pur bonheur ou la grosse désolation. On vit pour ces moments-là ! N’est ce pas ?

Ce ne fut pas le meilleur match du tournoi. Loin s’en faut mais ce fut certainement le plus épique, le plus dramatique.

La France a raté son match, car elle s’est cantonnée à faire ce qu’elle savait faire, rester bas et défendre, sauf qu’elle l’a fait mal ! Trop de joueurs étaient absents : Dembélé, Griezman, Giroud, Mbappé, Rabiot, cela fait beaucoup hors du coup. Sir Alex Fergusson avait l’habitude dire que si trois joueurs étaient dans un jour sans, son équipe perdait le match. C’est dire.

Entre Dembélé qui appliquait les consignes et qui défendait mal et Mbappé qui ne défendait pas, les argentins se régalaient. Di Maria, de Paul, Mc Allister, Fernandez, étaient intenables, asphyxiant le milieu français. Messi, comme on ne l’a pas souvent vu, a mis le bleu de chauffe pour tacler, remiser et illuminer le jeu. Le deuxième but argentin démarra par une passe dont il a le secret et fut une merveille de contre-attaque. Di Maria dans tous les bons coups, fit des misères à Koundé sur le flanc gauche.

Jamais le coach Deschamps ne réussit à trouver la clé de l’énigme. Il tenta bien des choses nouvelles avec courage. Il sortit Dembélé et Giroud avant la fin de la première mi-temps. Qui disait qu’on ne fait les remplacements qu’à l’heure de jeu ? Le nouveau dispositif tactique permit à la France de se remettre dans le jeu petit à petit. Muani et Thuram changèrent la configuration d’un match bien mal embarqué. Ceux qui se demandaient pourquoi on sort Giroud et pas Mbappé alors que les deux n’ont rien fait pendant 40 mns, ont eu la réponse. Avec Mbappé tout peut arriver. En deux mns, il remet la France à l’endroit. Le deuxième but fut somptueux de classe, de technique et d’audace ! Les argentins doivent encore se demander comment un match qu’ils avaient à la main, a pu leur échapper en une minute ! Les prolongations qui s’en suivirent prolongèrent le drame qui se nouait : 3 – 2 puis 3 – 3 ! Chaque fois Mbappé répondant à Messi ! Que dire de cette dernière occasion qui échut à Muani et qui mit tout son coeur dans sa frappe ? On se demande encore comment le goal Martinez a pu sortir cette balle de match !

La dynamique qui était du coté de la France venait de changer. L’Argentine avait déjà connu ce scenario. Isl avaient pendant longtemps dominé les Pays-Bas 2 á 0 avant de se faire rejoindre à la dernière minute. Ils s’en sortirent aux penalties. L’histoire s’est réécrite pour eux. Messi remporte donc sa Coupe du monde grâce aux tirs aux buts. Cela faisait 36 ans que l’Argentine n’avait plus remporté le trophée !

L’Argentine n’était pas la meilleure équipe du tournoi. Elle a tout de même le mérite de le gagner. C’est comme ça ! C’est comme dans la vie, les meilleurs ne gagnent toujours pas !

L’Argentine fut une belle championne à la fin, bien que leur fairplay fût déplorable tout au long du tournoi. On eut pensé que leur défaite d’entrée de jeu contre les saoudiens les aurait rendus plus humbles mais que nenni. Ils furent exécrables contre les hollandais, rugueux contre les français, exubérants de gestes obscènes. De leur parcours, leur seule belle victoire probante fut celle contre les croates !

Pour l’heure, pendant quelques jours, les argentins oublieront l’inflation de 100% qui sévit dans leur pays. Comme quoi le peuple veut des jeux.

Le Qatar a mis son nom sur la carte du monde. De beaux stades, une belle organisation et il fut droit dans ses bottes quand il eut fallu résister aux lobbies occidentaux prônant des valeurs contraires aux siennes. Ils doivent regretter qu’une finale ne se joue pas à trois sinon ils auraient convié le fantasque Neymar rejoindre ses larrons Messi et Mbappe à la fête du PSG ! On s’étonne qu’ils n’aient pas pu changer les règles du jeu du football, eux qui possèdent la science du lobbying et pénètrent partout jusque dans les arcanes de la Commission européenne ! Pour ceux qui doutaient encore du pouvoir de l’argent !

L’Argentine de Messi aura eu des penalties dans ce tournoi…

Neymar est le grand perdant, la faute à des choix pas toujours judicieux. Trop porter la balle dans des matchs de poule ; se blesser inutilement et vouloir se réserver le dernier penalty de la gloire contre la Croatie, alors que l’essentiel n’était pas acquis !

J’étais content que Modric – meilleur joueur du tournoi selon moi – finisse troisième, car le troisième est toujours plus heureux que le second.

Finalement, des quatre demi-finalistes ceux qui avaient le football d’allant ont triomphé : l’Argentine devant la France et la Croatie devant le Maroc.

Le Maroc fut énorme dans ce tournoi. Le numéro 8 Ounahi fut une révélation ! époustouflant ! Il leur manque juste la profondeur de banc pour réussir dans un tournoi de cette ampleur !

Le Maroc a montré la voie. L’avenir appartient aux équipes africaines.

Le Sénégal doit tourner la page et renouveler son équipe. Aliou Cissé aura fait son temps. Il nous faut trouver un système de jeu et gagner en profondeur de banc.

La France sans Benzema, Pogba et Kanté s’est retrouvée en finale, le Sénégal sans Sadio, Gana et Kouyaté ne passe pas les huitièmes de finale. C’est cela la différence de niveau qui nous sépare des meilleurs.

La Tunisie aura battu la France et le Cameroun aura battu le Brésil. Tels seront leurs trophées. Seul le Ghana, pourtant habitué à ces joutes internationales, fut décevante, miné qu’il était par des problèmes extra-sportifs, comme c’est souvent le lot de la plupart des équipes africaines. Tel est le bilan encourageant des équipes du continent engagées dans la Coupe du monde. Le gap se resserre mais il est toujours là !

Dr. Tidiane Sow est coach en Communication.

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