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QUEL DESTIN POUR ALIOU SALL ?

Depuis le fameux reportage de la BBC en 2019, son nom ne fait plus tant que cela le buzz. Lui, c’est Aliou Sall, ancien maire de Guédiawaye et ex-président des maires du Sénégal. Mais les apparences, en politique, peuvent être trompeuses. Sans doute faudra-t-il compter avec lui dans les prochains mois, car tout discret qu’il est, Aliou Sall ne manque  ni de capacités ni de courage, encore moins d’ambitions.

Aliou Sall, ancien Maire de Guédiawaye et frère du président Macky Sall, a-t-il dit son dernier mot ? Rien n’est moins sûr. L’homme, qui avait été attaqué de façon bien rude par la BBC au point de créer un véritable tollé en juin  2019 autour de l’affaire Petrotim/Frank Timis, est toujours debout.

Qui ne s’en souvient pas ? Le frère du président avait été accusé, dans la vidéo d’environ 11 minutes, d’avoir fait main basse sur les droits d’exploration de deux grandes concessions pétrolières et gazières sénégalaises. Dans le reportage de la chaine anglaise, les accusations sont rudes.

Après l’accession au pouvoir de Macky Sall, une enquête avait été ouverte, selon la reporter de BBC Afrique. Il a été alors prouvé que ‘’les concessions devraient être retirées à Timis’’. ‘’Mais Macky Sall a autorisé Frank Timis à les garder’’, avait dit la journaliste. ‘’L’accord était suspect, parce que Frank Timis a nommé le frère du président à un haut poste de responsabilité, alors qu’il n’a aucune expérience dans l’industrie énergétique’’, ajoute-t-elle.

En outre, la BBC avait exhibé le contrat d’Aliou Sall. Il y est mentionné qu’il a reçu 25 mille dollars par an et ce pendant cinq ans. Ce qui fait un total d’un million cinq cent mille dollars. Il était aussi dit que ‘’le rachat des actions de Frank Timis par British Petroleum (BP) s’élèverait à 250 millions de dollars, soit environ 150 milliards F CFA.

Après la tempête…

Le frère du président s’était largement défendu, démentant toutes les allégations portées contre sa personne. Pour lui, le reportage réalisé par la chaine anglaise est fait à dessein. ‘’Lors de la préparation de cette émission, j’ai apporté des réponses très claires à la BBC et à l’équipe de Panorama, par le biais de mes avocats. Je constate, après avoir regardé cette vidéo, que la BBC n’a pas voulu tenir compte de mes réponses’’, dixit-il.

Dans la même veine, il martelait bien : ‘’Je n’ai jamais reçu directement ou indirectement, de la part de Timis Corporation, un quelconque paiement, à travers Agitrans, une société créée en 2011 et dont l’existence est signalée comme toute entreprise créée au Sénégal sur le site de l’Apix et qui n’est plus active depuis que je travaille pour le gouvernement du Sénégal.’’

La seule affirmation de BBC Afrique qu’avait partagée Aliou Sall, est le montant de son salaire. Encore que là, il trouve la démarche inélégante. ‘’Mon salaire, injustement révélé par la BBC, car il s’agit d’un contrat privé, donc confidentiel, n’est en rien illégal. J’avais des collègues dans la même entreprise qui percevaient plus que moi, d’autres autant et d’autres moins. Ce salaire est totalement conforme à la pratique dans le milieu professionnel du pétrole’’.

Passé cette tempête où il a quand même laissé des plumes, Aliou Sall, malgré les apparences, se refait une santé, loin des bruits et des meetings. La semaine dernière, assez discrètement, Aliou Sall a fait une tournée dans les familles religieuses avec une délégation très soft.

Nourrit-il d’autres ambitions, après avoir perdu (?) la mairie de Guédiawaye ? L’ancien maoïste, qui a milité plus longtemps que son frère au sein d’And-Jëf où d’ailleurs il conserve de solides liens, a visiblement un agenda non déclaré. Et sans doute la discrétion dont il bénéficie  depuis son éviction  de la Caisse des dépôts et consignations (où il a été remplacé par Cheikh Tidiane Ba, ancien Directeur général de la Direction générale des Impôts et des Domaines) l’aide à mailler en toute tranquillité.  

Assez indépendant d’esprit, il ne compte pas sur l’ombre du président  pour se faire. Certaines indiscrétions laissent d’ailleurs croire qu’il n’est pas tant que cela en phase avec le président Sall, même s’il ne veut pas le gêner. Il n’aurait pas non plus les meilleures relations avec une partie de sa belle-famille, mais s’en accommode volontiers. Son mouvement, Rencontres nationales des forces républicaines pour le travail (Renfort), lancé en février 2021 avec la complicité du fraîchement élu maire de Kolda Mame Boye Diao, n’a pas connu une grande médiatisation. Ce, semble-t-il, par stratégie politique. Le mot d’ordre semble être ‘’discrétion et efficacité’’, selon les termes mêmes d’un membre influent du mouvement.

‘’Battu’’ à Guédiawaye, sevré de tous les postes stratégiques du gouvernement, victime de sa parenté avec le président Sall, Aliou Sall n’a sans doute pas dit son dernier mot.

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