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NEW WORLD TV ENJAMBE NOTRE CESTI

Coup de théâtre en mars 2021, une jeune startup du secteur de l’audiovisuel au Togo, fondée en 2015 par un très jeune ingénieur des télécom et ses associés rafle, pour 15 millions d’euros, au nez et à la barbe du géant Canal +, les droits de diffusion en Afrique francophone de la coupe du monde 2022 au Qatar. C’est New World TV. Un vrai phénomène dans le landerneau médiatique du continent.

La pépite de Lomé, qui s’est muée en chaîne de péage, prolonge la saga et l’énigme avec les droits de diffusion pour 2022 et 2028 de la Nations ligue de l’UEFA puis de l’Euro 2024 et 2028. L’affront est à son comble dans le club fermé des diffuseurs européens pour l’Afrique dont Canal + International. New World sonne la révolution à travers un continent sans satellites jusque-là soumis aux jeux d’influence et de pouvoir des médias mondiaux. Rupert Murdoch à son incarnation au TOGO dans le foot notamment.

Le top management de New World TV est basé entre Lomé, Paris et Londres avec un avocat, Louis Biyao, expert en propriété intellectuelle, il est le bras technique pour l’acquisition des droits de TV s’appuyant sur le cabinet londonien Media Business Solutions (MBS) de Richard Dimosi, le seul professionnel des médias, le tout chapeauté par l’ingénieur télécom ADISSOU le fondateur et stratégiste en chef. Coris Bank International soutient le groupe dans le financement de ses acquisitions ; il est le chef de fil pour lever des fonds sur la place de Lomé ou la sous-région.

La jeune entreprise a bien internalisé la dynamique démographique du continent qui compte 800 000 millions de jeunes – tranches d’âge 16 ans à 42 ans – et l’attraction du football sur cette démographie portée par des stars presque des icônes comme ETO, SADIO et Mo SALAH. Il a su bâtir un modèle d’exploitation innovant autour de cette jeune audience.

Et pourtant en 1986, soit 20 ans avant la création de New World TV un ancien diplômé du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), l’institut de journalisme de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar inaugurait avec trois chefs d’état de la sous – région un groupe indépendant de presse Sud Communications.

Le Sénégal avait l’avantage de la meilleure école de journalisme de l’Afrique francophone mais malheureusement les rudiments de l’entreprenariat des affaires et les contraintes du marché du travail étaient pratiquement absents dans les cursus de la formation.

Pendant que New World Tv payait plus de 7 milliards pour l’acquisition des droits de la coupe du monde du Qatar pour l’Afrique francophone, aucun groupe de presse du SENEGAL , aucun consortium d’intérêts sénégalais, aucun groupement de groupe de presse n’était en mesure de racheter à New World TV, même pour un milliards, les droits du retransmission sur le territoire de l’événement sportif majeur. Si la régie d’état à pu le faire, c’est malheureusement avec l’argent du contribuable, une entorse majeure de l’audiovisuel ici au Sénégal.

Les curriculum des formations – même journalistiques – se voient contraints de nos jours par l’emploi ou l’employabilité et même l’entreprenariat enrichissant qui devient un véritable impératif dans un monde libéralisé qui a tout capitalisé. Le CESTI et l’UCAD ne l’ont pas compris ainsi à la place de start-up brillantes portées par les alumni de cet institut nous avons ici au Sénégal des canards boiteux qui ne peuvent même pas s’acquitter à date échue de leur obligation fiscale. Qui peut me citer un seul groupe de presse profitable au Sénégal avec juste cinq ans de bilans certifiés. La DGID et l’ARTP ne me démentiront pas.

La révolution numérique et digitale avec les réseaux sociaux et surtout Tweeter ont fini d’ôter toute pertinence aux derniers supports exclusifs à la disposition des journalistes comme la voix et surtout le papier. La révolution digitale qui se poursuit a fragmenté le secteur de l’audiovisuel et New World TV a été suffisamment astucieux de se positionner sur une niche particulièrement lucrative : le football quand d’autres – notamment chez nous – ont choisi d’être des faiseurs d’opinion ou des instruments de propagande pour les politiques ou hommes d’affaires. À ces derniers je rappelle la boutade de Lord Beaverbrook propriétaire du Daily Express de Londres et mentor de Rupert Murdoch « aucun journal n’est vraiment bon pour la propagande s’il n’a pas une très bonne situation financière »

Moustapha DIAKHATÉ

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