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UNE ICÔNE DE LA PRESSE AFRICAINE S’EN EST ALLÉE

Hier, lundi 1er novembre, en début d’après midi, nous avons appris avec émotion et beaucoup de tristesse, le décès de Jean Pierre Ndiaye. Journaliste militant, sociologue doublé d’un puissant analyste politique, ce monument de la presse africaine avait 86 ans. Affable, iconoclaste, très proche de Jean Paul Sartre, Alioune Diop de la maison d’édition Présence africaine, il avait été une des grandes plumes de l’hebdomadaire « Jeune Afrique », dans les années 1960-1980. Au plus près des peuples qui luttent pour recouvrer leur souveraineté et leur indépendance, l’auteur de « La jeunesse africaine face à l’impérialisme », livre publié en  1971,  interdit en Côte d’Ivoire, en Algérie ainsi qu’au Sénégal, était un homme engagé contre le racisme, le fanatisme et toute forme d’obscurantisme. Du journalisme, Jean Pierre avait une conception qui en faisait un instrument de combat. Pour les idées, l’Afrique et le monde. Aussi s’était-il intéressé aux mouvements de libération nationale, notamment en Algérie et au Vietnam, à lutte contre le racisme, pour l’émancipation des noirs aux Etats-unis, en Mauritanie, au Soudan. Il avait développé des rapports assez étroits avec certains leaders, dont feu Amilcar Cabral. Partisan de la liberté d’expression sans laquelle ne pouvait se  mettre en place un débat contradictoire, Jean Pierre  Ndiaye ne se privait pas de mettre le couteau dans la plaie. Panafricaniste et internationaliste convaincu, il avait le Sénégal au coeur  et ne se privait pas d’exprimer son point de vue lors d’évènements majeurs. En 1971, 3 ans après l’explosion estudiantine et sociale  de 1968, Jean Pierre Ndiaye publiait un retentissant article : « Sénégal : l’heure de vérité » . Il s’y livrait à une radioscopie de la société et de l’État du Sénégal.  Pour lui, son pays natal qui  se trouvait à un tournant décisif de son évolution se devait  alors, pour espérer s’en sortir, de « déposer publiquement un bilan d’échec », « libérer tous les détenus politiques »,  « revenir  sur la dissolution des partis d’opposition en admettant leur participation sans exclusivité, à des élections démocratiques » . A la suite de cet article,  Jeune Afrique sera interdit au Sénégal par  le gouvernement du président Léopold Sédar Senghor.

Dans un autre article  publié  en 1973, il exhortait les pouvoirs publics , après la mort en prison de Omar Diop Blondin à la prison de Gorée, à diligenter une enquête  sur les conditions du système carcéral. Il y appelait aussi à une amnistie des prisonniers politiques, conscient que la situation  pouvait engendrer des périls  qu’il convenait de regarder en face

Depuis quelques années, Jean Pierre Ndiaye avait pris un peu de champ avec le journalisme. En passeur apaisé, il avait le sentiment que la relève était assurée, à travers notamment le dynamisme de la presse sénégalaise. Puisse l’âme de cette icône de la presse africaine militante qui a inspiré tant de personnes de notre génération puisse se reposer en paix. A Jean Pierre nous serons éternellement reconnaissant pour la qualité et la pertinence de sa plume, son engagement au service de la liberté et de l’émancipation des peuples.  A son épouse,  ses enfants,  son frère cadet,  Professeur  Aloyse-Raymond Ndiaye, le groupe Sud Communication présente toutes ses condoléances.

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