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RÉFLEXION SUR LES MÉCANISMES DE GESTION DES CONFLITS

La création de mécanismes de prévention et de gestion des conflits, répond à un besoin pressant de trouver des leviers adaptés aux questions de sécurité et de paix dans le monde. Le défi de la paix a été le facteur le plus important des relations internationales après la 2nde guerre mondiale. La création de l’ONU (Organisation des Nations Unies) en 1945, au lendemain de ce conflit mondial, cherchait à adapter le niveau de riposte, à la hauteur de l’enjeu[1].

Sa charte, matrice d’action et d’organisation de cette riposte contre les conflits, et les guerres, mettait, à sa création, en relief deux défis majeurs, face aux dangers de rupture de paix : « Préserver les générations futures du fléau de la guerre » et « prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix »[2]. Il s’agissait d’un ton grave, utilisé pour engager toutes les nations à s’aligner derrière les idéaux de paix, et à traduire en actes de foi, l’engagement sans concession à œuvrer à la sécurité de tous.

Cette nouvelle identité, déclinée à travers les composantes de l’institution naissante, trouvera un écho favorable auprès de plusieurs institutions internationales, continentales ou régionales dont la création est une manière de chercher à prolonger l’action en faveur de la sécurité et de la paix internationales. Elle entraînera la mise en œuvre de plusieurs mécanismes. Ceux-ci n’étant rien d’autre qu’un cadre programmatique, défini pour assoir un contexte de riposte contre une situation de rupture de la paix ou qui peut constituer une menace.

En effet, le mot mécanisme peut avoir plusieurs significations. Selon Le Petit Larousse[3], il peut signifier « combinaison, agencement de pièces, d’organes, montés en vue d’un fonctionnement », ou « fonctionnement de ce qu’on assimile à une machine ».  On parle alors, d’après toujours le Larousse, de « mécanismes biologiques ».

La Philosophie matérialiste le définit comme « une conception (…) qui aborde l’ensemble des phénomènes suivant le modèle des liens de cause à effet »[4]. André Comte-Sponville dans son ouvrage, intitulé Traité du désespoir et de la Béatitude[5], après avoir cité Engels à propos de Feuerbach, en donne une définition simple, à savoir que «la philosophie matérialiste n’est rien d’autre que la théorie normative de cette élévation ».

En relations internationales, la notion, pas toujours clarifiée dans ses différentes acceptions, peut raisonnablement se définir, en langage classique, comme une instance dotée de missions et de décisions, et orientée vers une fin précise. Aujourd’hui, on parlerait de cadre ou de plateforme.

Dans le système international par conséquent, le mécanisme est une déclinaison de l’idée de paix et de sécurité collective dans un sous-thème, par rapport à un problème principal qui pourrait entraîner des troubles, des conflits, ou des situations déstabilisatrices.

C’est à ce titre que certaines entités onusiennes, peuvent être considérées comme des mécanismes : la cour Internationale de Justice, principal organe judiciaire des Nations-Unies, les tribunaux spéciaux[6] ou les tribunaux hybrides, entre autres, et des mécanismes africains comme le Conseil paix et Sécurité de l’Union Africaine, le Mécanisme d’Evaluation par les Pairs (MEP) de la même institution, ou encore la Force Africaine d’Intervention Rapide (FAR), pour ne citer que ceux-là.

D’autres mécanismes sont créés par les Organisations Non gouvernementales, les associations, les sociétés civiles ou des groupes professionnels.

A mon avis, il faut distinguer ce que j’appellerai les mécanismes de formation et de renforcement des capacités, des mécanismes d’action et des mécanismes mixtes.

Les premiers interviennent dans la formulation et la mise en place d’une masse critique capable de porter un projet de paix, de le traduire en acte et en assurer une mise en œuvre, les mécanismes d’actions sont des organes d’exécution d’une feuille de route arrêtée, ou de sensibilisation afin d’éradiquer un problème auquel s’attaque le mécanisme, et les derniers sont des organes de formation et d’action à la fois.

Dans les trois cas, l’existence de mécanismes est un signal fort dans la réponse à apporter aux nombreuses situations de conflits auxquelles le monde, et particulièrement l’Afrique est confrontée. Ils contribuent à assoir une culture de la paix, à rassurer sur le souci de ces institutions à la préservation de cette dernière, à tendre vers une garantie d’une sécurité globale dans les différents espaces, à créer les conditions pour la pacification des écosystèmes sociaux.

Ainsi, la diversité des mécanismes est un indicateur, non seulement de la taille des défis, de la mesure et l’ampleur de l’objectif, mais aussi un désir ardent de ne pas laisser les espaces vitaux à la merci de l’insécurité.

Néanmoins, assurent-t-ils une efficacité certaine face aux défis d’ampleur sur les menaces et les situations de crises ? Y-a-t-il un intérêt qui pourrait être tiré de cette abondance de leviers de lutte pour la paix (A), qui par ailleurs, contribuent à la difficulté à lire les succès de ces derniers (B) ?

L’intérêt de l’abondance des mécanismes

La floraison d’outils de prévention, et de gestion des conflits, avec pour ultime fin contribuer aux efforts de paix, prenant parfois des noms de fora[7], d’organisations d’ordre associatif[8], d’organes exécutif, d’institutions nationales, bilatérales, multilatérales[9], d’instituts de recherche[10], ou de personnalités de haut niveau[11]  met en avant une abondance de mécanismes à l’intérêt certain pour assoir la paix.

La création et la mise en place de ces mécanismes répond à des objectifs clairs, spécifiques parfois, souvent partagés avec d’autres Organisations, et couramment sans actions concluantes[12], comme dans des missions onusiennes de plus de 20 ans[13]. L’objectif de paix qu’elles partagent est englué dans un schéma organisationnel, adossé à des actions, aux réalisations assorties d’investissements dans les ressources.

Faire cesser les belligérances, se projeter dans le futur et contribuer à bâtir des communautés de paix est, à des niveaux d’intervention différents, la fin poursuivie par chacun d’eux.

Autant leur mise sur pied peut créer des redondances, autant leurs spécificités prennent en compte un facteur de paix.

Dans leur grande majorité, l’action préventive, chère à l’ONU[14], est l’épine dorsale des missions qui leur sont dévolu.

L’intérêt de cette multiplicité de mécanismes réside surtout dans la complémentarité souvent notée des visées, par rapport à l’objectif d’atteindre la paix. Le renforcement des capacités sur la prévention et la gestion des crises est une donnée non-négligeable. Il s’agit d’un travail de sensibilisation mené à travers différentes activités comme les séminaires, les conférences, les colloques, les ateliers, entre autres.

Même si l’impact de l’action n’est pas souvent vérifiable sur le travail de terrain, ces actions de sensibilisation donnent des outils certains aux acteurs pour intervenir. Qui plus est, elles les initient à la compréhension des concepts, et les préparent par rapport à ce qui doit être leurs responsabilités.

L’ONU, de même que la CEDEAO[15], dépositoire par excellence de cette mission de paix en a fait la caisse de résonnance de ses actions de paix, en dehors des opérations de maintien de la paix, pour lesquelles des soldats de la paix sont déployés[16].

Par ailleurs, l’arrivée des médiateurs de la CEDEAO, de la SADC, ou encore les envoyés spéciaux ou pas du secrétaire général de l’ONU permet d’entendre plusieurs sons de cloches, dans les processus de pacification à main nue, et de gestion des conflits. Ce mécanisme fait partie des plus utilisés, et des plus courants de nos jours. Il permet d’avoir une personnalité neutre[17], sorte de relais entre deux camps qui se regardent en chiens de faïences, qui puisse jouer le rôle d’interface.

Il est à noter que ce procédé est souvent utilisé, lorsque la crise s’est installée et qu’elle empêche une paix durable[18], soit parce que les armes crépitent, soit parce qu’il y a un refus catégorique des acteurs à aller autour de la table du dialogue.

Il a le mérite à chaque fois, de faire dialoguer les parties au conflit, même par personnes interposées[19].

Dans de nombreux cas, la rigidité des positions rend compliquée l’issue de la médiation au cours de laquelle, certains facilitateurs finissent par jeter l’éponge[20]. Si la nature du problème, des revendications, et des positions est connue, il n’en est pas pour autant des vraies intentions des acteurs. Autrement, est-ce que les parties au conflit ont réellement une intention affirmée à aller à la paix ?

Les difficultés à répondre à cette question, montre l’équation de la fragilité de ce mécanisme, car plusieurs parties à des conflits peuvent participer sans intention manifeste d’aller vers la paix. Cette situation est due à trois facteurs au moins : le gain obtenu en termes de pouvoir, l’importance de son poids dans cette position par rapport à celle proposée, l’aura engrangée à rester dans le statut quo et le fait de rester au cœur du jeu politique.

Cependant son terrain de chasse demeure la mise à nu des causes d’un conflit, le rôle joué par chaque acteur dans l’alimentation de la crise, les moyens nécessaires pour arriver à la paix ainsi que les sacrifices à consentir.

L’agenda de la paix de 1992, au plus fort des tragédies liées à un défaut de paix, publié par l’ancien secrétaire général de l’ONU, Boutros-Boutros Ghali[21] parlait, au sujet de ce document stratégique, de lutte et de prévention des crises, de « diplomatie préventive », contre cette situation. Et de nombreuses entités onusiennes ont apporté leur pierre à l’édifice dans l’effort de mise en place d’une paix durable. 

De nombreux organismes onusiens se sont mis à créer des mécanismes pour prendre à bras le corps cette question de la paix, à des niveaux différenciés.

A l’échelle africaine, la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) en 1963, répondait, entre autres, au-delà de l’option fondamentale et nécessaire d’union du continent pour mieux faire face aux questions stratégiques, à ce besoin de traduire les préoccupations de paix de l’ONU au continent.

Parler de la paix, dans un continent en trouble, qui capitalise les 2/3 des conflits mondiaux à l’époque, était une vraie stratégie de conquête et de représailles face aux évènements troubles qui y avaient cours. C’est la raison pour laquelle, beaucoup de stratégies étaient tournées vers cette donne, jusqu’aujourd’hui avec la naissance de l’Union Africaine (UA) en 2003 dont le processus a été lancé déjà en 1999.

Pour répandre cette perspective, cette dernière a multiplié les mécanismes de prévention, mais aussi de gestion.  Parmi ces mécanismes, on peut citer l’Architecture Africaine de la paix et de la sécurité (APSA) qui intervient sur le renforcement des capacités et dont les communautés économiques régionales comme la CEDEAO et la CEMAC[22] ou encore la SADC[23] ont contribué à la mise en place, qui s’adosse à la Commission Paix et Sécurité.

Il y a aussi la Force Africaine en Attente (FAA), qui est le socle de l’APSA, le mécanisme d’Alerte Rapide (MAR), les opérations africaines de maintien de la paix dont l’AMISOM (Mission de l’Union Africaine en Somalie), la Mission Internationale de Soutien à la République Centrafricaine, entre autres. Ces mécanismes sont complémentaires à la commission Paix et sécurité de l’Union africaine.

A l’échelle communautaire régionale, c’est vers les années 90 que la réactivation des processus de mise en place des mécanismes a été le plus accentuée, en raison de la guerre civile au Libéria qui en fût «la cause essentielle »[24].  Le CEDEAO a, à cette occasion, pris une vingtaine de décisions, pour sa résolution, avant de s’attaquer à d’autres fronts, comme la crise de Sierra Léone en 1992-93, et le soulèvement d’une partie de l’armée en Guinée Bissau[25] en 1998. Ainsi, la sous-région devenait de plus en plus « coutumière »[26] de la mise en œuvre de mécanismes pour « sauvegarder la sécurité »[27] avec de nombreux instruments dont la force de déploiement Rapide de l’institution régionale et la charte sur la bonne gouvernance et les élections qui abordent la question de la paix dans une perspective électorale.

Comme a pu le constater le professeur Alioune Sall[28], « l’affermissement d’une doctrine de maintien de la paix n’a toutefois pas été simple. C’est au prix d’hésitations, de doutes, et quelque fois d’errements, que l’organisation internationale, dont l’objet était d’abord économique, a pu intégrer, dans ses préoccupations, des questions sécuritaires »[29].

En définitive, la multiplicité des mécanismes rend service à l’effort de paix. Loin d’être un handicap, elle offre des grilles de lecture différenciées aux défis de la paix, et répond à la nécessité d’action. Elle pousse loin, dans un horizon, l’incapacité à prendre la mesure des problèmes et à leur assurer une solution pérenne.

L’immensité des tragédies liées[30] à l’absence de paix sonne comme une démission collective[31], lorsque face à l’innommable, aucune voix ne s’est fait entendre, et en ce sens, l’intérêt est qu’une étincelle puisse jaillir, pour crier gare. Un cri de cœur est aussi, un cri qui touche le cœur, et s’offusquer des raisons qui l’ont fait naître est une manière de penser et de dissuader quant à la répétition. Ce qui est une manière de lutter contre l’indifférence.

Les échecs à promouvoir la paix 

Malgré le nombre illimité de mécanismes, dont l’ardente mission est de promouvoir la paix, les situations de conflits[32] persistent dans des zones où la logique de tensions est la règle[33]. Les conflits inter-états[34] dictent toujours une trajectoire au vécu quotidien dans certaines parties du monde.

Ils sont liés à la nature des régimes[35], au terrorisme[36], à l’irrédentisme causé par des mouvements sécessionnistes, aux soulèvements populaires parfois violemment réprimés comme les Printemps arabes[37] qui ont contribué à des changements de régime là où on s’y attendait le moins, même si en Syrie, malgré le décompte macabre faisant état de plus de 500 000 morts depuis le début de la crise en 2014, le régime survit à toutes les épreuves, aidé par son allié russe.

En Afrique, les conflits majeurs qui ont accompagné les épisodes de la décolonisation[38] ont été tragiques et peuvent être imputés à ce que Bertrand Badié appelle l’Etat importé[39]. Face à l’impréparation des nations-africaines à cette évolution importante dans leurs cheminements vers la construction des Etats, des obstacles ont mis en casse, l’idéal républicain en gestation. Les crises s’enchaînaient, avec pour principal socle des différends liés aux frontières. « C’est à peine s’il existe un seul Etat qui n’ait pas de problèmes de frontière avec les États limitrophes »[40], avait dit, l’ancien président du Ghana Asagyesfo Kwame Nkrumah, en 1963 lors d’une intervention à l’occasion d’un sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine.

Ce sont des années d’exception que le précédent auteur et spécialiste des relations internationales, a appelé aussi « l’avènement d’une territorialité à géométrie variable »[41].

Il faut dire que depuis la fin des années 2000, peu de conflits sont liés au traçage traditionnel des frontières.

 La question de la gestion de la paix, dictée par des conflits territoriaux a connu un retentissement international, faisant entrer l’enjeu des outils modernes perfectionnés qui résultent d’un engagement solennel à dépasser «la voie de fait et l’effet terrier ». La mise en place d’institutions habilitées à juger des recours qui satisfont toutes les parties a été une bonne nouvelle pour les Etats. Elle n’a pas totalement résolu le fléau, mais l’a fait opérer un glissement vers d’autres acteurs, des forces de paix repositionnées par des instances internationales, dans un large partage des responsabilités.

Selon le professeur Lat Soucabé Mbow[42], «la conflictualité n’a plus aujourd’hui pour enjeux, la modification des frontières terrestres désormais considérés dans le droit international comme relevant du principe de l’intangibilité »[43]. Cette réduction des conflits à cette donnée est liée au fait que pendant longtemps, dans les années 1970-1990, c’est l’une des rares causes de violence entre Etats. Il y a l’Ethiopie et l’Erythrée dont la fin du conflit a été aussi marquée par la restitution par le premier de la Ville de Badmé, qui est le « symbole du conflit frontalier»[44].

Néanmoins, en vertu de l’existence du droit international, mécanisme supra-par excellence, créé pour arbitrer ce genre conflits, les différends sont atténués par l’existence de cour Internationale, sans sonner le glas de la récurrence de ces brouilles.

Les tensions en mer de Chine[45] sont là pour nous rappeler, que seules sont évitées les revendications violentes, mais que la nature du problème traine toujours ses avatars, comme un boulet capable d’exploser n’importe quand, et sujet à conflit international ouvert entre grande puissance. Même si les experts en relations internationales estiment moindres les chances que deux superpuissances nucléaires, à l’image des Etats-Unis et la Chine, entrent dans une guerre ouverte, comme il a été connu dans le passé, les tensions, souvent atténuées, pourrissent les relations de bonne coopération.

Il faut toutefois constater, avec beaucoup de spécialistes, que dans la deuxième décennie de ce XXIème siècle, il y a un démenti formel et catégorique des prédictions sur l’impossibilité d’une guerre entre puissances ou nations développées[46]. Deux auteurs : Henry Noel Brailsford, qualifié par des géopolitologues comme l’un des plus influents de son époque, et Herbert Georges Wells, ont documenté l’improbabilité de la survenue d’un potentiel conflit entre deux puissances dotées de l’arme nucléaire.

 Le premier dans son livre The War of Steel and Gold, avait écrit en 1914 : «Il n’y aura plus de guerre entre les 6 grandes puissances»[47]. L’éclatement de la première guerre mondiale deux ans après, puis la deuxième, a douché l’ardeur virile des plus pacifistes.

Et le second écrivit : « A l’aube de ce XXème siècle, rien n’aurait pu être plus évident que la rapidité avec laquelle, la guerre devenait impossible »[48].

L’erreur des occidentaux a été de croire en l’impossibilité de nouveaux foyers de conflits, même après la 2ème guerre mondiale. « Les occidentaux ont pensé que le spectre de la guerre était définitivement éloigné. C’était une double erreur »[49], nous dit Pascal Boniface. Qui ajoute : « C’était bien à tort que l’on qualifiait la période postérieure à 1945, d’après-guerre. Si l’Europe a été épargné par les conflits, à l’exception d’une guerre entre la Turquie et la Grèce, deux membres de l’OTAN en 1974, les autres continents ont été secoués entre 1945 et 1990, par près de 160 conflits qui ont fait plus de 40 000 millions de morts. Et la guerre a repris pied au début des années 1990 dans l’Europe balkanique »[50].

En Afrique, la charte Africaine de la Démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union africaine, adoptée en Janvier 2007 et entrée en vigueur en 2012, demeure l’un des meilleurs mécanismes en matière d’élections, de promotion et de protection de l’indépendance de la justice, et de renforcement de la bonne gouvernance, entre autres. Il demeure à ce jour un document de référence qui change les paradigmes, et cernent les faits qu’elle tente d’endiguer.

S’agissant d’autres mécanismes, on peut évoquer les mouvements qui existent sur la lutte contre la circulation des armes légères, sur celle contre la drogue et les crimes avec l’existence de l’ONUDC (Organisation des nations-Unies contre la Drogue et les Crimes)

Un mécanisme comme le GIABA (Groupe Interafricain Contre le Blanchiment d’Argent), créé par la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’attache à lutter contre le blanchiment, ce mal qui ronge nos économies. Néanmoins, les énormes efforts déployés et les résultats obtenus font comprendre qu’il s’agit d’une lutte de longue haleine.

Pour faire face à la nouvelle conjoncture internationale, faite de tensions, de crises à toutes les échelles, et de conflits les plus rares et complexes, il faut réinventer les moyens de prévention et gestion des crises, et éviter des solutions toutes faites.

Avec les changements relatifs aux transformations sociales et structurelles des sociétés africaines, les cartographies des écueils à la paix ont connu des constantes qui n’ont pas suivi les mutations.

Le centralisme de l’action de paix, dans une perspective étatique, est loin de continuer à pouvoir constituer l’aube d’une solution efficace, et les mécanismes trouvent de plus en plus des réticences sur le terrain à pouvoir appliquer leur feuille de route. Ils se heurtent, dans bien des cas, à des résistances dues à la peur d’intégrer l’inconnu dans les interactions[51], du fait d’un impossible accommodement de ces solutions, parfois jugées irréconciliables avec les mœurs locales, et même à cause de stéréotypes[52] les ayant précédés, et qui sont fondés sur les croyances locales.

Multiplier les mécanismes du fait de résultats mitigés dus à ces situations, revient à engorger leurs actions ; lesquelles finissent par devenir illisibles à cause de leurs nombreuses interventions, et l’ONU l’a reconnu et a cherché à rectifier en coordonnant les actions de ses agences à l’échelle nationale, ou régionale africaine pour plus d’intelligibilité en termes de portée, pour les populations.

Aujourd’hui, la réalité a montré des limites objectives sur les résultats enregistrés par les mécanismes après leurs interventions, sur les questions sous-jacentes de la paix et la sécurité internationale.

René Massiga Diouf est Docteur en Science politique et journaliste à la RTS.

[1] Préambule de la Charte des Nations-Unies qui introduit cette problématique avec une grande solennité de ton : «Nous, peuples des nations-unies … »

[2] Sont énoncés dans le point « Résolus» du Préambule

[3] Le Petit Larousse Illustré 1998

[4] www.wikipedia.org/consulé le Samedi 09 Mai 2020 à 23h31mn.

[5] Presse Universitaire de France, Quadrige, P. 133

[6] Le Tribunal Spécial sur la Sierra Léone, ou le Rwanda

[7] Forum sur la paix et la Sécurité en Afrique qui se tient chaque année au Sénégal, et d’autres du même nom qui se tiennent notamment en France, entre autres.

[8] Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (Sénégal), l’association Sant ’Egidio, etc.

[9] Conseil Paix et sécurité de l’Union africaine, par exemple.

[10] ISS (Institute for Securities Studies) par exemple

[11] Les représentants du secrétaire général de l’ONU dans des pays ou zones de conflits, ou celle d’autres nations comme la France dans la Sahel, les Etats-Unis, etc.

[12] Jeune Afrique N°3024 du 23 Décembre 2019 au 12 janvier 2020, intitulé «Mali : Chemin chaotique vers la paix»

[13] On peut citer la Monuc (Mission de stabilisations des Nations Unies au Congo) qui est considérée comme la plus ancienne mission de paix sur le continent africain.

[14] Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies

[15] Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui compte 14 Etats

[16] Ces missions sont de plus en plus critiquées du fait que la menace a changé de nature avec la montée du terrorisme et la lutte contre ce fléau objet de leur présence dans plusieurs Etats comme le Mali.

[17] On peut noter qu’actuellement que la personnalité choisie pour la Lybie est Salamé.

[18] Au sens du chapitre VII de la Charte des nations-Unies et à ce propos, voire aussi Mbow Lat Soucabé, Géopolitique. Une grammaire pour comprendre les crises et les conflits, 2017, Dakar, Presses Universitaires de Dakar.

[19] On peut citer le dialogue sur une feuille de route pour la paix en Lybie entre le général Haftar et le gouvernement de Tripoli reconnu par la communauté Internationale à Allemagne.

[20] Sur la Syrie, au moins trois médiateurs ont démissionné à savoir Kofi Annan ancien secrétaire général des Nations-Unies,  Brahimi, entre autres.

[21] Décédé, il a été vice-ministre des affaires étrangères de l’Egypte, puis secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

[22] Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale

[23] Communauté des Etats de l’Afrique Australe

[24] Alioune Sall, op. cit., P. 135

[25] Ibid.

[26] Ibid.

[27] Ibid.

[28] Professeur de droit Public et Science Politique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il a été également juge à la CEDEAO.

[29] Les mutations de l’Intégration des Etats de l’Afrique de l’Ouest, op. cit., P. 135

[30] Boniface (P.), Védrine (H.), Atlas des Crises et des Conflits, Armand Colin-Fayard, 2019, p. 38

[31] Ricœur (P.), Finitude et Culpabilité, Aubier, 1988, P. 99

[32]  Mbow (L.S.), Géopolitique : Une grammaire pour comprendre les crises et les conflits, Presses Universitaires de Dakar, 2017, P. 308

[33]  Diouf (R.M.), Pouvoir et Justice en Afrique du Sud et au Togo, Les marches de la Démocratie, Harmattan, 2017, P. 198

[34] Mbow (L.S.), Op. Cit. P. 327

[35] Au sens de Montesquieu et de sa Spécification d’une typologie de régimes.

[36] Le Sahel est en passe de devenir une zone de non-droit à cause de l’activité débordante des mouvements terroristes nécessitant la création de plusieurs mécanismes comme le G5 Sahel, ou l’opération Barkhane et l’envoi de troupes onusiennes.

[37] C’est une vague de soulèvements partis de la Tunisie et qui a touché certains pays du Magreb comme la Libye, l’Egypte, et dans la plupart des cas, a abouti à un changement de régime.

[38] Badié (B.), De l’Etat-nation au post-colonialisme, in Les nouvelles Relations Internationales : Pratiques et Théories, Presses de Sciences Pô, 1998, sous la direction de M. CL. Smouts

[39] Badié (B.), op. cit., P. 44

[40] Il a été assassiné pour ses idées panafricanistes

[41] Badié (B.), op. cit.  P. 54

[42] Il est Professeur des Universités à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Agrégé de Géographie

[43] Mbow (L.S.), op. cit. P. 306

[44]  Boniface (P.), Hubert Védrine, op. cit. P. 110

[45] Ibid. P. 118

[46] Boniface (P.), La Géopolitique, 42 fiches thématiques et documentées pour comprendre l’actualité, nouvelle édition augmentée et mise à jour, Eyrolles, 2016

[47] Cité par Boniface (P.), op. cit. P. 53

[48] Ibid.

[49] Ibid.

[50] Ibid.

[51] Jürgen Habermas, op. cit.

[52] Par exemple, a cause de précédents dangereux, les communautés nationales se mobilisent congre tout essai de vaccin sur la covid 19 dans nos pays, alors qu’il pourrait être bénéfique. Mais des initiatives connues dans le passé et qui ont laissées de séquelles ont fait que tout est objet de rejet par les communautés locales qui s’apparentent à ces épisodes.

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