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CES EXPLOITS SONT UNE FAÇON POUR MOI DE TRANSMETTRE DES MESSAGES À LA JEUNESSE

Contre rafales de vent et avalanches périlleuses, c’est au sacrifice de sa vie qu’il continue de faire flotter, aux yeux du monde, le drapeau du Sénégal au sommet des redoutables montagnes. En bravant, la semaine dernière, le mont Toubkal d’une altitude 4167 mètres, Mohamed Tounkara, ingénieur informaticien, vient d’entrer dans la légende de l’alpinisme. Dans cet entretien avec Bés bi, ce randonneur aguerri revient sur ses impressionnantes prouesses, ses défis et ses motivations …

Après le mont Blanc, vous venez de franchir un second challenge en gravissant le mont Toubkal qui est d’une altitude 4167 mètres. Quel sentiment vous anime présentement ?
C’est un honneur et une fierté d’atteindre un autre objectif que je m’étais fixé et qui est, cette fois ci, de franchir le sommet du mont Toubkal. Et la satisfaction devient beaucoup plus grande à chaque fois que je repense aux difficiles conditions météorologiques dans lesquelles nous avons réalisé cette ascension, car au cours de cette randonnée, nous nous sommes heurtés à de puissantes rafales de vent et une température de moins 15 degrés qui ont rendu la tâche encore plus difficile.

Une fois à la hauteur de cette montagne, on vous a entendu dire que tous les autres randonneurs ont dû rebrousser chemin tellement la tâche s’était révélée dangereuse. Alors, qu’est-ce qui vous a motivé à poursuivre ce trekking, malgré les conditions météorologiques aussi périlleuses ?
Grace à quelques leçons que j’ai eu à tirer de mes expériences passées en montagne, j’ai analysé la situation et j’en ai déduit que même si ces conditions sont très extrêmes, c’était toujours possible d’arriver au sommet et de redescendre en toute sécurité. D’ailleurs, le fait que la météo n’était pas favorable nous a plus motivé. Car plus c’est dur, plus on acquiert de l’expérience. Et comme j’ai l’habitude de le dire, c’est dans la souffrance que l’on grandit.

Lors de cette deuxième prouesse, on vous a vu brandir le drapeau du Sénégal, en compagnie d’une femme, comment avez-vous réussi à l’enrôler dans ce parcours presque suicidaire ?
Il s’agit de Fatoumaty Diouf, qui est d’ailleurs une randonneuse très tenace avec un bon « mindset ». Avant cette ascension du mont Toubkal, on a eu à faire une expédition qui consistait à marcher une décente de 80 km, de Kédougou jusqu’en Guinée, en traversant quatre montagnes superposées. Nous avions réussi ce pari en deux jours. A partir de là, une équipe s’est formée et on a commencé à se fixer d’autres challenges de ce genre, notamment celui du mont Toubkal, qui est sa première randonnée de 4 mille mètres. Mais, certainement, pas la dernière, inchallah !

Pouvez-vous revenir sur les préparatifs de cette randonnée ?
Il y a d’abord une préparation logistique. Pour cette étape, j’ai un ami marocain du nom de Saïd, qui m’a mis en rapport avec des guides sur place. Ensemble, nous avons planifié le déroulement de l’expédition. Ensuite vient, comme toujours, la préparation physique et mentale. Là, il s’agit de faire beaucoup de cardio et d’entrainements musculaires en ciblant principalement les jambes car c’est ce qui va nous porter jusqu’au sommet. Cependant, l’aspect mental est le plus important dans cette préparation. Ce qui se traduit par beaucoup de visualisations, de méditations et de prières.

Combien d’heures vous a-t-il fallu pour atteindre le sommet du mont Toubkal ?
Nous avons fait 5 heures de marche juste pour atteindre le premier checkpoint, dénommée le refuge des Mouflons (Ndlr : à 3207 mètres d’altitudes) où nous avons dormi afin de nous acclimater. Puis, nous sommes repartis le lendemain. Lors de cette seconde étape, il nous a fallu 2 heures 30 minutes pour atteindre le sommet du mont Toubkal.

Rares sont les Sénégalais, pour ne pas dire Africains, à se passionner d’une telle activité sportive. D’où vous est venue cette passion ?
Dans tous les domaines de la vie, j’ai toujours aimé les défis. Que ça soit avec mon corps ou mon esprit. Car, même sur plan professionnel, en tant qu’ingénieur en informatique, je cherche toujours de nouvelles certifications à faire, de nouveaux diplômes à passer. Le titre d’alpiniste s’est ainsi ajouté à mon arc car les montagnes me donnent tout ce dont j’ai besoin pour grandir. Me forger en tant qu’homme, me rapprocher de l’essentiel, développer mon mental et mon physique. Et tout cela, je le vis en éprouvant du plaisir. Maintenant que je vois beaucoup de gens s’inspirer de mes expéditions, cela dope aussi ma motivation. Alors, ces exploits sont aussi une autre façon pour moi de transmettre des messages à la jeunesse de mon pays et, globalement, à toute la jeunesse africaine.

Comment votre famille vit-elle les risques que vous encourez dans l’alpinisme, un domaine aussi dangereux ?
Ma famille me soutient ardemment. Mieux encore, j’avoue que je suis vraiment chanceux parce qu’à chacune de mes expéditions, ils réussissent à ne pas me transmettre leurs peurs et inquiétudes. C’est ainsi jusqu’à ce que je revienne de ma randonnée.

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