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BLANCHISSEZ, BLANCHISSEZ, IL EN RESTERA TOUJOURS…

 Le Sénégal bruit de rapports. Et de tous les rapports. Rapport de la Cour des comptes sur la gestion du fonds Force-Covid ; rapport de l’Inspection générale d’Etat sur la gestion du Conseil économique, social et environnemental sous la présidence d’Aminata Touré ; rapport entre l’Etat et le journaliste Pape Alé Niang, qu’il faut, soit dit en passant, libérer en raison de son état de santé, surtout après ses engagements écrits de se conformer aux contraintes liées à son contrôle judiciaire. S’agissant du premier rapport, à savoir celui de la Cour des comptes sur l’argent de la Covid-19, le gouvernement, pour sa crédibilité et celle de toute l’administration vis-à-vis du peuple sénégalais et des partenaires techniques et financiers, n’a d’autre choix que de saisir la justice comme le recommandent clairement les vérificateurs. La diligence dans le traitement des dossiers judiciaires quand ce sont les adversaires ou les critiques du régime qui sont mis en cause, doit être également de rigueur s’il est question des gouvernants dont le comportement avec les deniers publics (allalu mboolo) n’est pas catholique ou musulman. Sinon demain, ne nous parlez surtout pas de mobilisation générale contre ceci ou contre cela !

De la même manière, la ligne de défense de Mimi Touré suite à l’audit de l’IGE sur sa gestion du CESE n’est pas des plus solides. Tous doivent se mettre en rang à l’école et se soumettre à l’exercice de la bonne gouvernance.

Rapports, r apports, rapports… Il y a un rapport dont on ne parle pas, du moins pas assez. Il s’agit du rapport du Groupe d’action financière sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En effet, il y a quelques mois, le Gafi a cité le Sénégal parmi les pays placés sous surveillance pour leurs manquements dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Aux côtés du Maroc, du Burkina Faso et des îles Caïmans, notre pays figure désormais sur la « liste grise » des pays présentant des « déficiences stratégiques » dans les domaines visés par le Gafi. L’organisme intergouvernemental a toutefois souligné l’engagement pris par les quatre pays dont le nôtre, de mettre en œuvre des plans d’action dans des délais impartis pour améliorer leur situation. Ce classement du Sénégal ne doit surprendre personne. Ces immeubles à coût de milliards qui poussent comme des champignons à Dakar sans que cela ne corresponde à aucune réalité économique ; ces saisies records de drogues, y compris de drogue dure d’une valeur de plusieurs dizaines voire des centaines de milliards de FCFA ; ces trafics de faux billets et de faux de toutes sortes qui ne valent pas moins des milliards et des milliards, et parfois en devises étrangères ; tout ceci représente des signes pour ne pas dire des preuves de blanchiment d’argent, et comme le mentionne le Gafi, de financement présumé du terrorisme. Apparemment pris au sérieux par Dakar, le rapport du Groupe d’action financière a été abordé en Conseil des ministres du jeudi 22 décembre 2022.

Le communiqué publié à l’issue de la réunion gouvernementale, quoique laconique, est suffisamment parlant : « S’agissant de la transparence dans la gestion des finances publiques et du renforcement de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, le président de la République a réitéré son attachement à la transparence, à la promotion de la bonne gouvernance et à la reddition des comptes, érigées en piliers dans le Plan Sénégal Émergent ».
Des mots du Président Macky Sall, pour panser les maux de gouvernance du Sénégal ? Espérons-le.

L’alerte du Gafi est très préoccupante et la plus haute autorité de l’Etat semble l’avoir bien mesurée. En attendant la suite, c’est comme qui dirait : blanchissez, blanchissez, il en restera toujours quelque chose. En plus des dangers liés au financement du terrorisme, rien d’étonnant avec le blanchiment d’argent, que la capitale sénégalaise fasse partie des villes les plus chères au monde.

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