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LE KHALIFA PERDU DE DAKAR

Né en 1956, Khalifa Ababacar Sall aura 68 ans en 2024 et ça pourrait être sa dernière chance de réaliser son ambition présidentielle, si plus jeune que lui arrive à succéder au président de la République Macky Sall.

2024 pour Khalifa Ababacar Sall, ça pourrait être le terminus. Si ça ne passe pas, l’héritier du socialisme pourrait définitivement mettre un terme à son rêve présidentiel. Surtout si quelqu’un comme Ousmane Sonko arrive à succéder à Macky Sall au pouvoir. D’où les mille et une interrogations sur sa posture en direction de la prochaine élection présidentielle. Va-t-il être candidat comme il l’a déjà annoncé ? Va-t-il soutenir la candidature d’Ousmane Sonko, présenté comme le candidat le mieux placé de l’opposition ? A-t-il une botte secrète pour arriver à supplanter les favoris de l’opposition comme Sonko ? Autant de questions qui devraient hanter le leader de Taxawu Senegal sur la route de 2024.

Contrairement à Ousmane Sonko qui a très tôt coupé court à toutes les discussions en annonçant de manière solennelle et sans équivoque sa candidature pour 2024 et une tournée nationale, indépendamment des états d’âme de ses camarades de la coalition Yewwi Askan Wi, Khalifa Sall, lui, n’a toujours pas dévoilé sa stratégie pour engager la bataille de 2024. La seule chose qu’il a eu jusque-là à assumer, c’est qu’il sera candidat. Et c’était bien avant les élections locales, au cours d’une interview avec RFI et France 24, sur demande des journalistes. A la question de savoir s’il souhaite se présenter en 2024, il avait répondu : ‘’Inch’Allah ! Je serai candidat en 2024.  Notre coalition, qui est la coalition de l’espoir, a décidé d’aller ensemble pour les élections locales ; elle a décidé d’aller ensemble pour les élections législatives ; mais pour la Présidentielle, c’est la pluralité qui est préconisée. Tous les candidats se battront et le mieux placé dans Yewwi aura le soutien de tout le monde au deuxième tour…’’

La question qui se pose est surtout de savoir quelles sont les chances de Khalifa de passer au second tour ? Sur la liste des potentiels vainqueurs pour 2024, l’ancien maire de Dakar est rarement, pour ne pas dire jamais, cité. En fait, entre 2017 et 2022, le socialiste a perdu beaucoup de terrain. Même la capitale qui lui semblait totalement acquise a basculé au profit de Barth qui reste officiellement son lieutenant et de Sonko qui est un allié et concurrent direct. Quelques chiffres qui illustrent la perte de contrôle de Dakar.

Aux élections législatives de 2017 auxquelles il était tête de liste nationale de la coalition Taxawu Senegal, certes il était en prison mais cela n’était pas la seule explication à la défaite de sa liste dans le département de Dakar, malgré le soutien de la quasi-totalité des leaders de l’opposition (Idrissa Seck était encore dans l’opposition et avait soutenu la liste de Taxawu). A la Présidentielle de 2019, malgré son soutien à Idrissa Seck, le patron de Rewmi n’avait pas gagné la capitale. Il avait perdu devant Macky Sall qui était arrivé largement en tête avec 212 355 voix soit 46,85 % des suffrages, loin derrière suivait le candidat de Khalifa Sall (Idrissa Seck : 115 612 soit 25,51 %). Déjà, Ousmane Sonko, qui faisait son baptême du feu avait fait une grande percée avec plus de 100 000 voix. Il n’avait ni le soutien de Barth ni celui de Khalifa.

Depuis, il a démontré que Dakar n’est plus le ‘’royaume’’ de Khalifa. Barthélemy Dias, qui semble l’avoir assez tôt compris, aura tout fait pour avoir son soutien pour les élections successives. Quand Khalifa était accusé d’hésiter entre Barth et Soham, Sonko avait pour sa part très tôt montré qu’il roulait pour l’actuel maire de Dakar. Récemment, à l’étape des candidatures pour les Législatives, quand Khalifa peinait à convaincre Barth de lâcher du lest pour se conformer à la parité, c’est Sonko qui est monté au créneau pour lui faire entendre raison. En des termes peu avenants, il intimait à un Barth méconnaissable : ‘’Je ne suis pas en train de te consulter parce que tu n’es pas un leader…’’ Et l’affaire fut réglée de l’avis même du président de Pastef/Les patriotes. Par-là, Ousmane Sonko avait prouvé qu’il avait non seulement pris à Khalifa des électeurs, mais aussi des lieutenants ambitieux, conscients qu’ils n’arriveraient pas à leurs fins sans le soutien du jeune leader politique.

Sans être assuré de s’imposer à Dakar, dépourvu d’ancrage solide à l’intérieur du pays, l’ancien maire de Dakar a peu de chance de s’imposer en 2024 sans le soutien d’Ousmane Sonko. À moins que ce dernier ne soit donc écarté de la course à cause de l’affaire Adji Sarr, M. Sall a peu de  chance de s’imposer lors des prochaines échéances.

L’autre option qui s’offre à lui pour maximiser ses chances et qui ne surprendrait pas certains acteurs, c’est qu’il soit le cheval de Troie du président Macky Sall, dont le rêve supposé ou réel d’un troisième mandat pourrait s’envoler avec les dernières élections locales et législatives.

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