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LEVÉE DE BOUCLIERS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

Depuis quelques temps, les populations se font justice, lynchant parfois à mort des présumés agresseurs et voleurs. Cette pratique regrettable digne du moyen âge est condamnée par les membres de la société civile.

Dans les sociétés modernes, il est établi que nul n’a le droit de se faire justice soi-même, mais au Sénégal cela ne semble plus être le cas. Il est fréquent actuellement de voir circuler sur les réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles des individus supposés être des agresseurs ou des voleurs sont bastonnés, lynchés, ligotés ou traînés dans la boue par des groupes de personnes qui se font leur propre justice. La dernière en date est le lynchage à mort, il y a trois jours, d’un agresseur à Liberté 5.

En plus d’autres cas signalés dans la banlieue dakaroise, un présumé agresseur a été tué au quartier Sam de Touba, en février dernier. Dans le département de Diourbel, un homme y a également perdu la vie dans des circonstances similaires. Il lui a été reproché d’avoir volé un cheval. Les Sénégalais qui ont érigé depuis quelques temps la vindicte populaire en règle l’expliquent par la recrudescence des actes de banditisme dont d’honnêtes citoyens sont victimes en toute impunité. Mais cet argument ne passe pas aux yeux des membres de la société civile.

Réagissant à ce propos dans un post sur Twitter, Seydi Gassama, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, déclare : «Ceux qui pratiquent la justice populaire dans les communautés n’ont aucune excuse. La justice populaire constitue une menace pour l’Etat de droit et pour la sécurité qu’ils prétendent servir». Selon le défenseur des droits de l’homme, « les auteurs de ces agissements doivent tout simplement être recherchés et traduits en justice».

Dans un communiqué rendu public hier, le Forum du justiciable a aussi condamné ces actes. «Le Forum du justiciable s’indigne et condamne avec la dernière énergie le lynchage des présumés voleurs. Dans un Etat de droit, nul ne peut se faire justice soi-même. Et on n’est jamais sûr que la personne attrapée à la suite d’une course poursuite est le véritable voleur. Il y a toujours un risque de confusion. Ainsi, le Forum du Justiciable invite les populations à mettre à la disposition de la police ou de la gendarmerie le présumé voleur pour permettre à la justice d’établir son innocence ou sa culpabilité. Le Forum du justiciable rappelle que vivre dans un Etat de droit nécessite le respect de certaines règles qui constituent le fondement de notre sécurité», affirment Babacar Ba et ses camarades.

Pour iman Ahmadou Makhtar Kanté, « les opérations de lynchage publique contre de présumés agresseurs et autres délinquants sont à bannir». D’après le religieux, «quand on les attrape, il sied de les remettre à la police». Il faut souligner que le lynchage dont les présumés voleurs et agresseurs sont victimes fait penser aux propos tenus par l’ancien directeur général de la Police en 2017.

Interrogé sur la recrudescence du grand banditisme qui inquiète les Sénégalais, Oumar Maal ne s’était pas gêné pour pointer du doigt les citoyens. «Aujourd’hui, au Sénégal, on se rend compte que les gens sont passifs quand un citoyen est agressé dans la rue. Personne ne prend son courage à deux mains pour interférer, s’interposer entre la victime et l’agresseur. Il faut que les gens aient le courage de se dresser contre les agresseurs en attendant que les forces de la police interviennent. C’est le moment de demander aux populations de changer de comportement. Nous ne pouvons pas être partout. Nous n’avons pas ce don d’ubiquité; seul Dieu détient ce pouvoir», avait-il déclaré.

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