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ROI DES CŒURS

Sadio Mané est un roi. C’est peu de le dire. Roi d’Afrique. Roi de la générosité. Roi des Cœurs. Roi derrière le roi Benzema et au-dessus de lui… Ils sont à peu près faits de la même étoffe au plan sportif, tous deux : endurants et persévérants. Ils ont la niaque et se surpassent régulièrement. En 2019, Benzema est classé 26e et Mané 4e (22e l’année d’avant) derrière l’ex-Ballon d’Or, CR7, le Portugais Cristiano Ronaldo. En 2021, Benzema bondit à la 4e place, laissant Mané hors du Top 30. KB9 a marché lentement mais sûrement vers la consécration, à un âge (34 ans) où beaucoup de joueurs songent à raccrocher les crampons. Flamboyant sur les terrains, le BO 2022. Mais celui qui a braqué nos cœurs sans coup férir, c’est bien SM10, libérateur du football sénégalais ! Au terme d’une campagne africaine réussie, Mané place sa sélection sur le toit continental et se pare d’or. Son classement sur le podium du foot européen ne surprend pas les fans de la Premier League. Bien plus, il démarre en trombe en Bundesliga, au pays de Transtel, productrice de « Football en Allemagne » des dimanches après-midi de notre enfance. Une institution. Des symboles. Car le hasard n’existe pas.

À une question sur Twitter il y a quelques jours demandant comment nommer le duo Mané et Sané du Bayern München, j’ai répondu : « Mansa » qui signifie roi en Diola, ethnie du Sud du Sénégal d’où sont originaires Mané et le père de Sané, Souleymane, ancienne gloire des Lions, aux côtés de la légende Jules Bocandé. Sadio Mané est un roi, généreux comme Kankan Moussa. Il n’est pas le premier sportif sénégalais à gagner des millions, ni le premier sur qui des compatriotes « comptent ». Mais il est le premier à en faire autant et de la sorte, « def nguir Yala » (agir pour l’amour de Dieu). Ses actions me rappellent un concept de la finance islamique que j’ai découvert récemment, en l’occurrence le Waqf (aumône durable en français). Il s’agit d’une recommandation du Prophète Mohamed (PSL), qui a dit : « Quand le fils d’Adam meurt, son œuvre s’arrête sauf dans trois choses : une aumône durable, une science dont les gens tirent profit et un enfant pieux qui prie pour lui ». Hadith rapporté par Muslim.

Ainsi, Sadio Mané fait du Waqf, le cœur sur la main, sans chercher à en tirer la moindre gloire (il en a déjà à en revendre sur le terrain), plaçant l’humain au centre de ses œuvres. SM10 a compris qu’il faut « relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand » (Victor Hugo). Il finance donc sa communauté, se concentrant sur l’essentiel : le possible, « cette fenêtre du rêve ouverte sur le réel » (V. Hugo). Sadio Mané a sorti son petit village, Bambali, de l’anonymat, lui donnant des perspectives heureuses, et démontrant que « L’homme n’a pas de limites », comme l’atteste l’immense champion kenyan Eliud Kipchoge, roi du marathon.

Donner n’a jamais rendu personne pauvre. Sadio Mané est un géant. Il est devenu le fils, le frère national, le gendre idéal : riche, célèbre et poli. Son génie n’a d’égal que sa générosité, inspirant nos compatriotes à moins dépenser pour les futilités et à s’entraider, naturellement, sans calcul. Notre passage sur terre ne doit pas être stérile, vain. Laisser une belle empreinte, apporter sa pierre à l’édifice de l’humanité ne relève pas nécessairement de l’invention de la locomotive. En matière d’invention, l’Egypte antique a été génialement innovatrice. Cela peut se traduire également par être un exemple pour ses contemporains et davantage ; partager ses passions, son savoir, ses richesses ; être un passeur de vie. Posons-nous cette question : où va ce que nous accumulons ?

En tentant d’y répondre, je me dis que dans un monde de plus en plus égoïste, Sadio Mané donne une leçon : vivre le moment présent et être heureux du bonheur qu’on procure autour de soi. Bukhari rapporte, dans Le Jardin des Vertueux, qu’Ibn Omar disait : « Tire avantage de ta santé avant ta maladie et de ta vie avant ta mort ». Abou Hourayra complète, citant le Prophète de l’Islam, selon Tirmidhi : « Hâtez-vous d’accomplir de bonnes actions avant que vous n’en soyez empêchés par ces sept [obstacles] : attendrez-vous une pauvreté vous faisant tout oublier, une richesse vous poussant à la corruption, une maladie vous rendant incapables, une vieillesse vous rendant séniles, une mort s’emparant de vous brutalement, ou la venue de l’Antéchrist, le pire qui reste à venir ? Ou bien l’arrivée de l’Heure, et c’est encore plus ignoble et plus amer ! »

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