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UN BILAN SANITAIRE MACABRE EN 2022

La mort de 11 nouveau-nés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane, les décès en couches des dames Astou Sokhna et Mamy Doura Diallo dans des structures de santé à Louga et à Kédougou. Ces faits ont particulièrement marqué le secteur de la santé au Sénégal au cours de l’année qui s’achève. Tout comme la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec pour réhabilitation et la grève des syndicats de santé pour exiger le respect du protocole d’accord de mai 2022. 

Après le tragique épisode de la pandémie de Covid-19 entre 2020 et 2021, l’année 2022 est marquée par la mort de 11 nouveau-nés, calcinés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane. Ces bébés sont décédés, le 25 mai 2022, au service de néonatologie de ladite structure. L’incendie a été causé par un court-circuit et le feu s’est propagé très vite, ne laissant aucune chance aux nouveau-nés. Ce drame a créé la consternation chez les Sénégalais qui ont pointé du doigt la négligence et la défaillance du système de santé. Dans les médias, tout comme sur les réseaux sociaux, des populations ont invité à sanctionner de tels actes. Quelques jours après, le Président de la République a ordonné un audit des services de néonatologie afin que l’hôpital ne soit « plus un espace de tragédie ». Suite à l’audit technique et de sécurité des installations de l’hôpital, Abdoul Aziz Sy de Tivaouane, le poste transformateur, principale source du problème, a été remplacé par un autre d’une capacité de 400 Kva. L’autre mesure qui a été suivie a été le limogeage, le 26 mai 2022, du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr. Il a été remplacé par le Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, ancienne Directrice générale de la santé publique. Le Président de la République s’est, lui-même, rendu à Tivaouane pour présenter les condoléances de l’État aux familles des bébés décédés.

L’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga a connu un autre drame. Dans cette structure de santé de référence, une jeune femme, du nom de Astou Sokhna, a perdu la vie alors qu’elle y était pour donner naissance. Cette mort a été qualifiée de « négligence médicale » puisque la femme devait accoucher par césarienne, mais elle est restée pendant 20 heures dans la structure de santé sans secours. Pointée du doigt, la direction de l’hôpital est sortie du silence. En conférence de presse, le Directeur de l’hôpital, Amadou Guèye Diouf, a déclaré que l’hôpital n’est pas fautif dans la mort de cette dame. Quelques jours après, le Ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sall, a reconnu que la mort d’Astou Sokhna aurait pu être évitée avec plus de vigilance. Ce drame a généré une mobilisation nationale, provoquant le limogeage du Directeur de l’hôpital de Louga. En plus, six sages-femmes sont poursuivies dont quatre placées sous mandat de dépôt pour non-assistance à personne en danger. Le 2 septembre, une autre femme enceinte, Mamy Doura Diallo, est morte au centre de santé de Kédougou, dans les mêmes circonstances.

Fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec pour 18 mois 

Construit en 1912, l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar a été fermé le 15 août 2022. Cet établissement doit être réhabilité. Mais l’opération a sucité une polémique à cause de la réorientation des malades vers d’autres structures de santé. Les travaux, prévus pour 18 mois, doivent permettre de rebâtir un nouvel hôpital sur une superficie de 3 hectares pour un coût de plus de 60 milliards de FCfa. Ainsi 26 services ont été redéployés dans 10 hôpitaux et 11 dans les centres de santé. À noter que, le 16 mai 2022, le centre hospitalier national Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba a démarré ses activités médicales. L’hôpital Abdou Cissé Kane des Agnam, dans la région de Matam, offre ses services depuis le 31 août 2022. Les travaux de construction des hôpitaux de Saint-Louis et de Ouroussogui se poursuivent.

La grève dans le secteur de la santé a également paralysé le fonctionnement de plusieurs structures santé au cours de l’année 2022. Les syndicats exigeant l’application du protocole d’accord signé le 10 mai 2022. 

Le secteur de l’environnement secoué par la polémique des fonds décaissés 

L’affaire des 45 milliards de FCfa pour l’achat des armes pour lutter, entre autres, contre les feux de brousse, le trafic illicite de bois, la déforestation, a marqué l’année 2022 dans le secteur de l’Environnement.

Le Ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique a été secoué en 2022 par l’affaire des 45 milliards de FCfa. L’argent a été décaissé, selon les autorités dudit Ministère, pour l’achat d’armes. Le but est d’équiper les forces de défense et de sécurité afin de leur permettre de faire face au trafic illicite de bois, à la déforestation, à la lutte contre les feux de brousse, au braconnage, etc. Malgré ces défis, le décaissement de ces montants a créé la polémique.

Comme les années précédentes, le Sénégal, à travers le Président de la République, a fait une participation honorable à la Cop 27 (Conférence des nations sur les changements climatiques). Elle s’est tenue du 6 au 18 novembre en terre africaine, notamment à Sharm El – Sheik, en Égypte. Le Président Macky Sall, en sa qualité de Président en exercice de l’Union africaine, a évoqué les défis de l’heure en matière de transition énergétique et de financement de l’adaptation au changement climatique. Il a plaidé pour le respect du pollueurs-payeurs, car l’Afrique, qui participe pour moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre, doit être soutenue financièrement par les pays développés. Au cours de l’année 2022, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi portant sur la Biosécurité. Cette loi a permis de passer à une modification directe du code génétique des organismes pour leur conférer le caractère plus résistant aux maladies.

Fourniture en eau, d’importantes réalisations pour booster la qualité 

Le Sénégal a fait un pas de géant dans la production et la fourniture d’eau aux ménages. Des investissements colossaux ont aidé, dans le projet Keur Momar Sarr 3 (Kms 3), mis en œuvre par la Sones, pour le compte de l’État, à réaliser des ouvrages. Ces derniers ont permis la fourniture de l’eau en quantité et en qualité.

La volonté de l’État de prendre à bras le corps la problématique l’eau s’est matérialisée par une augmentation graduelle et substantielle du budget du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement arrêté pour l’exercice 2023 à 131,7 milliards de FCfa. Les 93%, soit un montant de 122,23 milliards de FCfa, sont destinés exclusivement aux investissements. Ce choix porté sur la réalisation des infrastructures, plutôt que sur les moyens garantissant le fonctionnement, a permis de réaliser des performances notables en matière de renforcement de l’accès aux services. L’un des faits marquants de l’année est la finalisation en cours du volet 2 de Kms 3. Il permet déjà au département de Thiès d’avoir une production complémentaire. Il a amélioré l’accès à l’eau potable dans le département de Guédiawaye. Ce volet a permis aussi à Rufisque d’avoir ses premiers châteaux d’eau.

L’autre infrastructure majeure est l’usine de dessalement d’eau de mer des Mamelles dont les travaux ont été lancés par le Chef de l’État, le 31 mai 2022. Cette usine aura une capacité de 50.000 m3/jour extensible à 100.000 m3/jour. Ce projet comporte d’importants travaux de renouvellement des conduites de distribution d’eau à Dakar sur une longueur totale de 316 kilomètres pour juguler les pertes d’eau.

Assainissement, des réponses à la hauteur de l’ampleur des inondations 

Le secteur de l’assainissement a été marqué par les pluies exceptionnelles en 2022. Des précipitations record ont été enregistrées à Dakar et à Fatick où plusieurs maisons et édifices publics ont été envahis par les eaux. Face aux inondations d’une ampleur rare, le gouvernement a déployé de gros moyens dans le Plan Orsec pour soulager les victimes des inondations. Toutefois, il a été constaté que les zones déjà dotées d’ouvrages d’assainissement ont connu des conséquences moindres.

L’État a aussi prolongé le Programme décennal de lutte contre les inondations sur instruction du Président de la République. L’autre fait important, c’est l’organisation du Forum mondial de l’eau au mois de mars dernier. Le Sénégal a été la capitale de l’eau et de l’assainissement. Des experts venus de plusieurs continents ont examiné les contraintes d’accès à la ressource vitale et aux services d’assainissement. D’importantes mesures ont été prises pour mieux gérer cette ressource pour démocratiser son accès et aussi pour bâtir les relations de paix autour d’elle.

Le Sénégal reste un bon élève en Afrique de l’Ouest en matière d’assainissement. Cette longueur d’avance sera davantage consolidée avec des ouvrages structurants en cours de réalisation.

L’année de 2022 a été aussi marquée par l’achèvement de la construction de l’émissaire marin de Cambérène, une composante du Projet d’extension et de modernisation. L’émissaire marin sera relié à celui terrestre, long d’environ 5 km qui partira de la station d’épuration de Cambérène. Le coût global du projet de 42 milliards de FCfa est financé par la Banque islamique de développement (Bid).

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