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CHRONOLOGIE D’UNE DÉFAITE ANNONCÉE POUR BENNO…

Même si les résultats provisoires des élections législatives de dimanche dernier ne sont pas encore publiés par la Commission nationale de recensement des votes jusqu’au moment où nous écrivons ces lignes, les chiffres sortis des urnes donnent une idée de ce que sera le visage de la prochaine Assemblée nationale. Ce qui est indéniable, quelle que soit la coalition qui va l’emporter entre l’intercoalition Yewwi-Wallu et Benno Bokk Yakaar, c’est que ce sera sur un score très étriqué. D’ores et déjà, en tout cas, on peut faire le constat que le pouvoir en place a perdu du terrain là où l’opposition a réussi un grand bond en avant.

La meilleure illustration de cette assertion, c’est que même s’ils parlent de victoire, les partisans de la mouvance présidentielle se gardent bien de la qualifier. Pour cause, autant ils prétendent être sûrs de leur victoire, autant ces responsables de Benno sont persuadés que l’écart qui les séparera de leur principal concurrent, à savoir l’inter-coalition Yewwi-Wallu ne sera pas important. Pour dire que la dégringolade cde la majorité présidentielle est réelle, actée et ne fait l’objet du moindre doute. Et la preuve est là : de 125 députés, lBBY va passer au grand maximum à 85 (j’espère que l’opposition ne va pas m’en vouloir d’être si généreux) soit une perte de 40 parlementaires d’une législature à l’autre. Une dégringolade inédite au Sénégal !

Hélas, contre toute évidence, ces responsables de la mouvance présidentielle campent sur leur position en soutenant que le peuple continue à accorder sa confiance au chef de l’État. Libre à eux de se bercer d’illusions ! Mais la réalité c’est qu’ils ont du mal à digérer ce désaveu des Sénégalais qui en dit long sur le contenu du message qui leur est lancé.

Pourtant, on n’a pas besoin d’être un diplômé en sciences politiques ou un analyste chevronné pour savoir que cette contreperformance du camp présidentiel n’est que l’aboutissement d’un ensemble de signaux lancés depuis longtemps par notre peuple. Il suffit de rappeler qu’au lendemain des élections locales de janvier dernier, l’opposition avait réussi à remporter beaucoup de mairies et s’était réclamée vainqueur au nombre de voix sur le cumul au plan national. Faux, avait rétorqué contre toute évidence là aussi le camp de la mouvance présidentielle au point de soutenir que si on était dans des élections présidentielles, l’actuel président de la République allait passer dès le premier tour.

Ensuite, vint le rassemblement de l’opposition du mois de juin passé à la place de l’Obélisque qui avait mobilisé plusieurs dizaines de milliers personnes. Alors qu’on croyait que, pour une fois, ils allaient décrypter ce message, les « Bennoistes » avaient minimisé soutenant que le meeting organisé à Podor par les responsables de cette localité dépasse largement le nombre de personnes qui s’étaient massées place de l’Obélisque à Dakar !

Last but not least, au cours d’une conférence de presse des leaders de Yewwi, le patron du Pastef, Ousmane Sonko, avait invité les Sénégalais à un concert de casseroles pour exprimer leur colère par rapport à la gouvernance du président Sall. Ce soir du 22 juin, partout dans le pays, on avait assisté à un tapage nocturne jamais vécu au Sénégal. Un appel qui a connu un succès retentissant, relayé par la presse internationale. Et là encore, les partisans de BBY avaient versé dans l’ironie, refusant de voir la réalité en face.

Lors de la dernière campagne pour les législatives, Sonko fait le tour du pays pour aller à la rencontre des militants et sympathisants. On assiste à des marées humaines partout où il passe. Ses caravanes drainent plusieurs milliers de personnes qui lui font allégeance. C’était là un test majeur du leader incontesté de l’opposition qui, pour la première fois, fait le tour de l’essentiel des départements du pays à quelques exceptions près. Et le 31 juillet passé était le jour de vérité. Celui qui devait donner le résultat de tout ce processus. Le verdict rendu par les premières tendances fait état d’une victoire jusque-là incertaine. Ce qui fait augurer que le vainqueur va l’emporter sur le fil tellement les deux grandes coalitions se tiennent de très près.

Et le camp présidentiel, qui avait toujours fermé les yeux, s’était bouché les oreilles sur la montée en puissance de l’opposition, continue à se proclamer toujours majoritaire. Nous espérons toutefois que, cette fois-ci, le chef de la coalition BBY et président de la République fera un diagnostic profond des chiffres issus des urnes. Il a intérêt à reconnaître que le parfum de la fin de son règne se fait de plus en plus sentir. Pourra-t-il trouver la bonne stratégie pour retrouver la confiance d’une partie des Sénégalais qui lui a tourné le dos ? A moins de 20 mois de la prochaine élection présidentielle, l’exercice semble difficile mais pas impossible.

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