LE BÉNIN ÉLIT SES DÉPUTÉS AVEC DES CANDIDATS D’OPPOSITION, UNE PREMIÈRE SOUS TALON
Les Béninois élisent dimanche leurs députés et pourront choisir parmi des candidats de l’opposition, autorisée à participer au scrutin après quatre ans d’absence, une première sous le président Patrice Talon.
L’opposition n’avait pas pu participer aux dernières législatives, en 2019, en raison d’un durcissement des règles du scrutin. Seules deux formations de la mouvance présidentielle avaient été autorisées à concourir, donnant lieu à un Parlement entièrement acquis au président Talon.
Ces élections avaient été émaillées de violences meurtrières, et marquées par une abstention record ainsi qu’une coupure totale de l’internet, des faits rarissimes au Bénin, pays jadis perçu comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest.
Cette fois, sept partis politiques, dont trois se réclamant de l’opposition, ont été autorisés à participer.Mais la majorité des principaux opposants au président Talon sont soit en prison, soit en exil.
Quelque 6,6 millions d’électeurs sont appelés dans les 8.000 centres de vote pour désigner les 109 députés, dont au moins 24 femmes – au moins une par circonscription – selon le nouveau Code électoral.
Les partis ayant recueilli plus de 10% des suffrages se répartiront les 109 sièges, selon le système proportionnel.Les résultats sont attendus dans le courant de la semaine prochaine.
« Il faut que les anciens partent et laissent la place aux jeunes! », lance Constance Malomé à Cotonou, 40 ans, militante du Mouvement populaire de libération (MPL), parti d’opposition.
Distel Amoussou, chargé de mission du secrétaire général du Bloc Républicain (BR), parti de la mouvance présidentielle, a évoqué auprès de l’AFP l’absence de l’opposition au Parlement pendant les quatre dernières années.
« Nous ragions de battre ces formations dans les urnes, rendez-vous le 8 » janvier, a lancé jeudi M. Amoussou.
Au-delà de la place que se fera l’opposition au Parlement, cette élection revêt une importance particulière: le mandat des membres de la Cour constitutionnelle arrive à échéance au cours de l’année.
Or, la composition de cette Cour, dont quatre membres sont désignés par les députés, les trois autres étant choisis par le chef de l’Etat, pourrait s’avérer capitale dans trois ans.
Elle a notamment pour mission le contrôle des élections, dont les prochaines, les législatives, les municipales et la présidentielle se tiendront toutes en 2026.
Élu en 2016, réélu en 2021, le richissime homme d’affaires Patrice Talon a lancé des réformes politiques et économiques tous azimuts en vue d’engager son pays dans la voie du développement.Mais cette modernisation s’est aussi accompagnée d’un important recul démocratique, selon l’opposition.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé avoir déployé 40 observateurs, répartis depuis vendredi dans les 12 régions du pays, pour « soutenir et surveiller l’intégralité du processus électoral ».