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MAME CHEIKH IBRAHIMA FALL Bâboul Mourîdina

Cheikh Ibrahima FALL, ou Lamp Fall » Baboul Mouridina « , ou simplement Cheikh Ibra, appartient à cette race de paladins. Une vie pleine, ardente, intense, au service d’une cause à laquelle il s’est donné sans réserve, l’a placé sur les orbites supérieures de la gloire éternelle.
Cheikh Ibra Fall a évolué auprès de Cheikhoul Khadim sur un registre si extraordinairement élevé, qu’il est extrêmement ardu, pour l’entendement de l’homme ordinaire ne maîtrisant pas
la Sharia (Loi pure) et
la Haqîqa (Vérité radieuse), d’appréhender les fondements et la profondeur de son engagement, de son insondable renoncement et de son immense don de soi.
Nous allons nous appuyer sur les témoignages de témoins privilégiés, qui ont vécu avec lui, et qui ont été eduqués sous son ombre. Nos autres sources d’informations seront également :
– les écrits où Cheikhoul Khadim explique les fondements et le comportement du disciple sincère, recommandations a travers lesquelles on peut comprendre l’attitude de Cheikh Ibra FALL,
– ou bien » Minanou Bâqil Qadim » (Les Bienfaits de l’ETERNEL), ouvrage de Serigne Mouhammadou Bassirou MBACKE qui évoque largement le personnage,
– ou encore, le témoignage de Serigne Mouhamadou Lamine DIOP Dagana.
A ces sources hautement fiables, nous ajouterons des éléments recueillis auprès de grands exégètes du mouridisme, ou encore les thèses les plus répandues auprès de la majorité des membres de la communauté. Autant de références, de sources diversifiées qui annoncent déjà l’ampleur de la tâche à laquelle nous nous adonnons.
Un pari osé dirions-nous. Même si la légende pavée de merveilleux s’est emparée de tout ce qui concerne le personnage, il est aisé de distinguer les faits authentiques qui ont marqué sa vie. Nous fondant sur les enseignements du Prophète de l’Islam (Paix et Salut sur Lui), et sur les recommandations de son Maître spirituel Cheikhoul Khadim, on pourrait prétendre répondre à la question qui était Cheikh Ibrahima FALL.
Cette méthodologie rigoureuse nous permettra d’extirper tous les détails apocryphes et les exploits fantastiques auxquels la fertilité de l’imagination populaire a donné un retentissement qui frise l’épopée. Et, évidemment, tenter de reconstituer l’histoire est un exercice des plus ardus. Mais tout de même implorons- nous l’assistance de DIEU, de son Prophète (Paix et Salut sur Lui), et de Cheikhoul Khadim son Serviteur Privilégié pour y parvenir. La noblesse de la tâche en vaut le coup.
Quel est l’intérêt du rappel de la vie de Cheikh Ibrahaima FALL pour les musulmans, particulièrement pour nous autres mourides adeptes de Cheikh Ahmadou Bamba ? La réponse est dans la vie des multiples envoyés et prophètes dont DIEU a gratifié l’humanité. Si parmi eux, certains ont prêché le verbe, d’autres ne l’ont pas fait, mais ont été des exemples, mieux les incarnations du modèle et des enseignements véhiculés par leurs paires.
Le Saint Coran, dans son enseignement n’a voulu retenir que 25 prophètes sur un effectif de 313 pour relater leur vie au Sceau des prophètes. L’intelligence d’un tel enseignement est que ceux figurant dans le Coran constituent une base efficiente dont la vie constitue un creuset de valeurs codifié comme patrimoine universel dans la voie de la soumission à DIEU. Le Coran a voulu que nous méditions ces expériences afin de nous en servir dans notre vie de tous les jours, et ce pour l’éternité. DIEU rappelle le sens de l’évocation de la vie antérieure en ces termes. » Dans leurs récits, il y’a certes une leçon pour les gens doués d’intelligence. Ce n’est point là un récit fabriqué. C’est au contraire la confirmation de ce qui existait déjà avant lui. Un exposé détaillé de toute chose, un guide et une miséricorde pour les gens qui croient » S12V111.
Le Prophète Mouhammad (Paix et Salut sur Lui), marchant sur les traces de ses prédécesseurs, a réhabilité le message authentique de l’Islam. Parce que sa mission ne diffère en rien de celle des prophètes venus avant lui dans l’obéissance à DIEU, le culte exclusif à lui rendre et la reconnaissance de ses bienfaits, nous n’avons aucune peine à nous y retrouver. Cette logique reste valable jusqu’à la fin des temps. Comment n’en serait-il pas ainsi. DIEU dit : » C’est le chemin que DIEU avait tracé à tes prédécesseurs et tu ne trouveras point de changement à la voie de DIEU » S33V62.
Après la fin de la mission terrestre de l’Envoyé de DIEU (Paix et Salut sur Lui), tous ceux qui sont venus derrière lui ont inscrit leurs actions dans la continuité du message de DIEU.

Parmi eux, ses vertueux compagnons qui ont ensemble avec lui implanté les droits de DIEU et des hommes sur terre et au nombre desquels se distinguent particulièrement ses nobles khalifes orthodoxes.
Cette logique de continuité a guidé l’action des pôles (qutb), des revivificateurs (mujaddid), des saints (awliyâ’u) et des savants (ulamâ’u). Leur rôle a été compris et magnifié par le maitre de la mission apostolique, Mouhammed (Paix et Salut sur Lui). Dans un célèbre hadith, le Prophète (Paix et Salut sur Lui) dit : » Celui qui évoque la vie d’un saint disparu, c’est comme s’il l’avait ressuscité ».
Dans un autre hadith qudsî, DIEU dit : » Quiconque prend pour ennemi un de mes saints, je lui déclare la guerre « . Ces saints sur le sillage de celui dont on suit les traces « Al Muqaffâ », le Prophète (Paix et Salut sur Lui) en l’occurrence, ont engagé les communautés de fidèles en les guidant sur la voie de la recherche de l’agrément de DIEU.
Le Coran a été explicite sur ce trait d’union, véritable lien ombilical entre le passé, le présent et l’avenir. » Ceux qui se joignirent les premiers au Prophète dans son exil (Muhâjirûn ) et ceux qui s’empressèrent de les accueillir (Ansârs) ainsi que ceux qui les suivront dans la bienfaisance, DIEU leur a accordé sa satisfaction et ils lui ont accordé la leur » (S9V100) ».
Le héros dont nous allons évoquer la vie est effectivement un de ceux qui ont suivi la voie dans la bienfaisance derrière un guide avéré. Notre entreprise nous oblige à répondre à un agrégats de questions du genre :- Qui était vraiment Cheikh Ibrahima FALL ?- Quelle était sa vraie personnalité ?- Quelle est sa dimension spirituelle ?- Quel rôle a-t-il joué auprès de Cheikh Ahmadou Bamba, son Maître vénéré ?- Bref, que nous a-t-il laissé comme héritage ?

Cheikh Ibra FALL a rejoint le séjour des bienheureux le 4 ème jour de Muharram « Âma Tamsashin » – (1349 H.), au soir. Cela correspond à l’an 1930 du calendrier grégorien, soit exactement 3 ans après Serigne Touba. Son imposant mausolée, dans la grande nécropole de Touba ne désemplit jamais, tant Cheikh Ibra est l’objet d’un profond amour.
L’on ne peut contempler
la Grande Mosquée de TOUBA sans que son souvenir pieux et ému n’envahisse nos cœurs. En effet, le plus grand minaret de l’édifice, visible à des dizaines de kilomètres comme un phare qui indique le Salut, a été baptisé par Serigne Fallou Mbacké deuxième Khalife Général des Mourides, du nom de LAMP FALL en hommage à Cheikh Ibrahima FALL. Quel hommage plus vibrant pouvait-on rendre à celui qui a balisé la voie du mouridisme et qui nous a laissé le sublime ZIKROULLAH qui illumine nos cœurs et repris sans cesse par ses disciples dénommés « BAYE FALL », ces merveilleux soldats de la foi ?
Depuis son rappel à DIEU, ses descendants ont perpétué son oeuvre inlassable faite de dévotion, de soumission et d’abnégation dérrière les dignes successeurs de Cheikhoul Khadim. Fidèles à la tradition de Cheikh Ibra, ils sont toujours préoccupés par le perfectionnement de leurs âmes dans le sacrifice des biens pour plaire à DIEU. « Dieu s’est fait céder par les croyants leurs vies et leurs biens en contrepartie du paradis » (S9V111).

GENEALOGIE DU CHEIKH
Sur la naissance de Cheikh Ibrahima Fall, la thèse qui réunit la plus grande unanimité des témoignages situe l’événement vers 1855, dans la contrée délimitée par Ndiaby Fall et Wakhy Fall (actuel Département de Kébémer,région de Louga, Sénégal).
De sa mère Sokhna Seynabou NDIAYE, l’imaginaire populaire a gardé un riche et pieux souvenir. Son père, Serigne Ahmadou Rokhaya Fall, est descendant de la famille de l’aristocratie princière. De par son ascendance, Cheikh Ibra Fall appartient à une lignée princière qui pourrait émettre des prétentions quant aux privilèges et aux honneurs mondains qui s’attachaient, à l’époque, à l’exercice du pouvoir traditionnel .

LA RENCONTRE ENTRE CHEIKHOUL KHADIM ET MAME CHEIKH IBRA.

CHEIKH IBRAHIMA FALL A LA QUETE DE SON MAITRE.
Cheikh Ibra Fall, grand érudit qui maîtrisait à fond le Coran et les Sciences connexes, a été habité par la soif ardente de trouver un guide qui le ferait accéder à DIEU.
Au vu de sa dimension spirituelle élevée, il ne pouvait avoir comme guide, qu’un Maître au rang exceptionnellement élevé auprès de DIEU. Voilà la raison pour laquelle les recherches de Cheikh Ibra Fall pour trouver un Maître ont été longues et difficiles.
Ainsi, Cheikh Ibra Fall, a très tôt concentré son énergie dans la recherche de celui qui pouvait lui donner l’opportunité de se réaliser en donnant corps à l’objectif de sa vie : gagner l’agrément de DIEU à travers le service rendu au Maître qu’Il lui a choisi.
Un rêve prémonitoire lui signala que ce maître est sur terre et lui donna instruction d’aller à sa recherche. Une nuit, alors qu’il dormait, il fut secoué en ses termes : » Ibra FALL, va à la recherche de ton Maître Serigne Bamba ».
Et cette injonction lui sera répétée par trois fois. Sa quête opiniâtre le mena alors à Taïba Ndakhar, où résidait un grand savant, Serigne Taïba Ndakhar et aussi à Mbacké Kadior. Sa rencontre avec Cheikh Ahmadou Bamba eut lieu dans cette dernière localité, le vingtième jour du mois lunaire de Ramadan de l’an 1301 de l’Hégire (1883).
Aussitôt ses genoux fléchirent, et il fit acte d’allégeance. Chaque fibre de son corps vibrait de la conviction qu’il était en présence de celui que DIEU lui avait indiqué.

LA PRESTATION DU SERMENT D’ALLEGEANCE PAR CHEIKH IBRA FALL.
Serigne Bassirou Mbacké ibn Cheikh Ahmadou Bamba, dans » Minanou Bâkhil Khadim » Les Bienfaits de l’Eternel, raconte les propos qu’ils échangèrent alors, en cette circonstance mémorable.
Cheikh Ibra Fall dit : » J’ai tout abandonné, tout quitté, renoncé à tout, pour chercher un Maître qui peut m’assurer l’accès au voisinage du Seigneur […] Si d’aventure je ne le trouverais pas en vie, je chercherai à identifier son mausolée. Et là, sur ce lieu sacré, avec une détermination inflexible, je consacrerai le reste de mon existence en dévotion et en actes si méritoires que DIEU m’accordera à coup sûr, le bénéfice du service que j’aurais accompli à ses côtés si je l’avais trouvé vivant. A présent je fais acte d’allégeance auprès de toi. Je proclame que, de ce bas monde, je ne veux même pas, en biens, l’équivalent du poids d’un cheveu. Mon unique préoccupation est DIEU et ma demeure dans l’Au-delà. «
A ces propos qui traduisent la profondeur et la sincérité de l’allégeance de Cheikh Ibra, Serigne Touba répondit : » Sache Ô toi Ibrahima Fall, que nous avons la même résolution. Mon guide, mon phare est Seydina Mouhammed (Paix et Salut sur Lui). Si d’aventure, je n’avais trouvé sur cette terre rien qui atteste de son existence, comme le Coran, les Hadiths, etc., il me suffira de la certitude que le même ciel, les mêmes astres que je vois ont, un jour, surplombé son auguste personne, pour me consacrer à son service. Et j’affirme que, par ce service, j’aurai obtenu l’agrément de DIEU. J’agrée donc ton allégeance, mais à une condition, cependant : tu exécuteras à la lettre tout ce que je te commanderai et tu éviteras soigneusement tout ce que je t’interdirai. Plus rien de ce bas monde ne sera ta préoccupation. Seul DIEU occupera tes pensées et remplira tes intentions. Cela signifie que tu n’as rien à espérer comme biens en cette terre. Pas même un abri pour te procurer de l’ombre, à plus forte raison une maison. Ne pense pas à fonder une famille. La raison est que, si tu veux obtenir la réalisation des vœux que tu as exprimés, tu ne dois plus rien désirer de ce monde périssable. «

LES RAPPORTS MAITRE ET DISCIPLE.
Dès que Cheikh Ibra rejoignit le groupe des talibés de Cheikhoul Khadim, la vie de la communauté fut bouleversée. Il témoigna tant de respect, de vénération et de dévouement à Serigne Touba que bientôt tout le monde se conforma à son exemple.
Désormais, personne n’osa plus regarder le guide dans les yeux ou s’asseoir sur le même niveau que lui. Finies les plaisanteries, les familiarités et autres marques de camaraderie. Un nouveau style de rapports avec le guide était né. La même déférence respectueuse, la même vénération indescriptible, la même confiance aveugle, les mêmes marques d’attachement viscéral dont Seydina Mouhammed (P.S.L.) était entouré par ses compagnons, furent bientôt dévolues à Serigne Touba par son entourage. Telle est la voie de la soumission.
D’ailleurs, entre cet entourage et Khadimou Rassoul, il n’y eut plus que des liens de soumission absolue, inconditionnelle, envers un Maître respecté et vénéré. Ses parents et sa famille directe, eux-mêmes, étaient logés à la même enseigne. Voila qui rappelle dans l’Islam l’épisode de Houdaybiya, ou le pacte de la pleine satisfaction conclu entre le Prophète et les compagnons en 630, soit l’an huit de l’hégire. Le Saint Coran relate en ces termes : Dieu a été réellement satisfait des musulmans lorsqu’ils te prêtaient serment sous l’arbre (S48V18).
Cheikh Ibra Fall a révélé à ses condisciples la vraie dimension de Khadimou Rassoul. Sa clairvoyance, a permis à la foule de disciples de bénéficier de ses immenses bienfaits. Son attitude allait en effet ressusciter le comportement que DIEU avait dicté aux compagnons et qui fonde en Islam la relation maître-disciple.
« Ô vous qui avez cru ! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres, sinon vos œuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte. Ceux qui auprès du Messager d’Allah baissent leurs voix, sont ceux dont Allah a éprouvé les cœurs pour la piété. Ils auront un pardon et une énorme récompense. Ceux qui t’appellent à haute voix de derrière les appartements, la plupart d’entre eux ne raisonnent pas. Et s’ils patientaient jusqu’à ce que tu sortes à eux, ce serait certes mieux pour eux. Allah cependant, est Absoluteur et Miséricordieux ». (S49 V2 à 5).
Il a plu à DIEU d’élever Khadimou Rassoul à un rang très élevé. Et ceux qui eurent le bonheur de recevoir de DIEU l’inspiration de lui prêter serment d’allégeance, furent bientôt élevés au-dessus de leurs semblables. Ce sont tous ces Cheikhs dont les descendants sont encore aujourd’hui les grands dignitaires du mouridisme.

PAROLES ET ENSEIGNEMENTS DU CHEIKH.
Tous ceux qui l’ont connu sont unanimes à lui reconnaître une sobriété en parole. C’est ainsi que chaque fois qu’il s’adressait à une assistance ou à des individualités, c’est pour donner des leçons imbues de sagesses.
Des propos succincts mais dont la valeur pédagogique est unanimement reconnue.
Ainsi, après la disparition du Maître, Cheikh Ibra Fall a expliqué aux membres de la communauté que personne ne pouvait corrompre la pureté du legs de Serigne Touba. Il a plutôt mis en garde les talibés contre les dérives qui risqueraient plutôt de les exclure de fait de ce cercle béni. Pour se faire comprendre, il utilisait une image qu’on peut ainsi ramasser :
« Le temps viendra où les gens évolueront de façon totalement marginale par rapport à la doctrine de Cheikh Ahmadou Bamba en se prévalant cependant de l’aval et de la force de sa communauté. Mais qu’ils prennent garde car, telle une poule, le mouridisme s’ébrouera souvent. Alors il en tombera lamentablement tous les corps qui lui sont étrangers. Et malheur à ceux-là. »
Des directives de Serigne Touba, disait-il, il n’en restait que deux, incompressibles et sacrées, de sorte que le mouride doit tout sacrifier pour s’y conformer. Il s’agit du Grand Magal et de
la Grande Mosquée.
» S’agissant de ces deux sortes de ndigël mobilisez-vous sans réserve. Faites ce que vous pouvez et tentez l’impossible ! «
Mais, à propos de toute autre chose, il invitait les membres de la communauté à une analyse logique des choses pour discerner ce qu’on doit en accomplir sans trahir sa foi.
Entièrement pris par le service de Serigne Touba et accaparé par le démentiel rythme de travail qu’il s’était imposé, Cheikh Ibra Fall en arriva bientôt à donner à son entourage l’impression qu’il n’avait plus de temps à consacrer à rien d’autres. Evidemment, pour expliquer un tel comportement, certains commentaires ne tardèrent pas à mettre en doute la maîtrise des sciences religieuses et la connaissance du Coran dont on le créditait. La cinglante réponse qu’il apporta à la superbe de ces » savants » qui dénigraient ses pratiques, fut la composition de Jazbul Mouride, un riche traité de Taçawwûf ou d’élévation spirituelle et morale. Que pouvons nous retenir, par exemple de cet ouvrage ?

EXTRAIT DE JAZBUL MOURIDE OU L’ATTIRANCE DES MOURIDES VERS LE SERVICE DES GUIDES SPIRITUELS.

Extrait 1 – Celui qui parmi vous a une bonne intention n’a qu’à agir, sinon son intention serait comparable à un nuage sans pluie, car si vous n’avez pas la chance de voir
la Kâba la mosquée devrait vous suffire. Il y’a des gens qui se sont détournés des Saints, donc des avantages de DIEU dont ceux ci sont dépositaires et se sont consacrés à l’acquisition des biens que sont les champs et les animaux par amour des plaisirs d’ici bas. Ceux là se sont détournés de la vérité, de la balance des faits du jour dernier et sont occupés à satisfaire les besoins de leur ventre, ce qui ne représente aucune utilité ni au moment où l’Ange extrait l’âme, ni au moment de l’enterrement, ni le jour de la résurrection au sujet duquel DIEU nous prévient dans ce verset : » Le jour où la richesse et la progéniture ne serviront en rien, où seul sera sauvé celui qui viendra avec un coeur pur. »

Extrait 2 – Préparez vous à effectuer le voyage à la recherche d’un CHEIKH afin de vous accrocher à la corde qui mène au droit chemin, car si vous ne voulez pas vous absenter de vos maisons, soyez sûrs qu’un jour vous en sortirez pour rejoindre vos tombes. Souvenez vous toujours de ce verset du Coran qui dit : « Ont trouvé le chemin du Salut ceux qui craignent DIEU, qui croient au mystère divin, qui s’acquittent de leur prière et qui dépensent dans la voie de DIEU des dons qu’ils détiennent de lui. »

Extrait 3 – Ô musulmans ne soyez pas comme les chefs temporels, les bédouins incrédules ou ceux qui ne s’occupent que de commerce et méditez les paroles divines suivantes : « Un musulman peut il être comme un pervers ? Non ils ne sont pas pareils » «
Le meilleur d’entre vous, pour DIEU est celui qui le craint le plus » Seriez-vous comme les associateurs qui courent derrière l’argent toute leur vie, depuis leur naissance jusqu’à leur mort et qui marient filles après filles ? Ils n’auront que regret si une calamité ou un animal féroce les leur arrache … «

Extrait 4 – Le salut du mouride réside dans les six actions suivantes :
– la foi,
– l’optimisme,
– le dynamisme dans le dévouement,
– la dépense (sacrifice),
– l’humilité,
– le respect des recommandations du CHEIKH.Si tu respectes ces conseils tu attireras les coeurs vers toi. Ajoute à cela ces conseils supplémentaires :- Ne te plains jamais de ton infortune et respecte scrupuleusement ce que ton CHEIKH t’a choisi qu’il s’agisse de ce qui est manifeste ou de ce qui est caché.
– En d’autres termes il faut consacrer trois choses dans l’action de DIEU : ta force, ta richesse et ton intelligence, cela t’assurera l’ascension vers DIEU comme le mentionne ce verset » Je n’ai crée les Djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent »
– Toi le musulmans qui sème (qui investit) dans la voie de DIEU, ne confonds pas la terre ardue et la plaine, la mer et l’abreuvoir, et ne confonds pas les sources d’eau et les puits ; celui qui échangera la vie éternelle contre la vie d’ici bas n’aura que regret, car DIEU rappelle dans ce verset » Que l’au-delà est meilleur et plus durable « .

Extrait 5 – Il est recommandé à tout musulman :
– de veiller aux liens de parenté, car comme mentionné dans un hadith cela procure la santé et ôte du corps certains maux
– de ne pas médire ses parents ; et de les aider aussi bien dans leurs affaires qui touchent à la vie qu’à celle qui touchent l’adoration de DIEU, car comme l’enseigne ce verset :

» Les musulmans sont des frères, installez la paix entre vous et craignez DIEU, peut être bénéficierez-vous de sa grâce « .
Le musulman doit aussi respecter ses voisins, faire du bien à leur égard, éviter de les injurier ou de faire des actions blâmables à leur endroit ; il doit éviter de les médire, de les calomnier, de les déranger ou d’être jaloux des dons que DIEU leur à accorder. Il doit aussi les aider s’ils sont dans le besoin qu’il s’agisse d’aumône ou d’aide dans la réparation de leur maison ; il doit leur ouvrir sa porte chaque fois qu’ils en expriment le désir et bien les accueillir s’ils viennent causer ; il doit les conseiller et par delà eux conseiller tous les autres croyants, car le conseil vaut pour les gens pieux plus que la guerre sainte (jihad).
Le musulman est tenu d’être généreux envers les pauvres et les orphelins (…) ; il doit avoir de la compassion pour les esclaves de la même façon qu’il éprouve ce sentiment pour ses femmes et enfants ; Il s’occupera d’eux et les protégera en se référant aux paroles suivantes du Prophète : « Vous tous vous êtes des bergers et chaque berger devra répondre de son troupeau ».

PORTRAIT PHYSIQUE ET MORAL.

PORTRAIT PHYSIQUE.
Au physique, Cheikh Ibra Fall était d’un teint très noir et avait une abondante chevelure. Il avait un visage toujours serein, qui reflétait une douce paix intérieure.
Dans ses yeux illuminés par une douce lumière, se lisait la profonde détermination d’un homme qui avait trouvé le sens de sa vie et qui entendait opiniâtrement se consacrer à la réalisation des objectifs que cela impliquait.
Sans être extraordinaire, sa forte stature imposait le respect. Cheikh Ibra Fall était en réalité un homme très soigné de sa personne. Ceux qui l’ont connu ont attesté que si sa vêture n’était pas particulièrement élégante, elle était du moins très propre. La vérité est que Cheikh Ibra était tellement accaparé par son objectif de servir DIEU à travers Cheikhoul Khadim que les questions liées aux beaux vêtements et à l’apparence physique n’ont jamais été sa préoccupation.
Très au fait des exigences et des préceptes de l’Islam, il était très propre, de corps et d’esprit. Au travail, Cheikh Ibra était impressionnant : tunique bariolée, ceinturon vissé à la taille, dégoulinant de sueur et abattant opiniâtrement une tâche que d’aucun croyait impossible. Cheikh Ibra avait une réputation d’extrême sobriété. Il se contentait de très peu de nourriture et était très résistant à la soif, sans préjudice aucun pour son extraordinaire efficacité au travail, pour le service de Serigne Touba.

PORTRAIT MORAL.
Quant aux traits moraux de Cheikh Ibra, le survol de son périple à la recherche d’un Maître, révèle une persévérance et une opiniâtreté sans faille. Quand cette lumière intenable de la recherche d’un Maître spirituel jaillit dans son cœur, Mame Cheikh, de contrée en contrée, inlassable se rendait partout où il entendait parler d’un homme de DIEU.
Plein de discernement, il savait dès le premier contact savoir que ceux qu’il rencontrait n’étaient point celui qu’il recherchait. Le discernement, notons le, est une qualité dont sont doués les sagaces. Homme de conviction, il s’en est remis en tout à Khadimou Rassoul et plus rien d’autre ne peut plus entrer en ligne de compte. Son attachement à son Maître et sa volonté de le servir a vite tourné en ferveur obsessionnelle, à un point tel, que certains en sont venus à considérer qu’il ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales.
Pour Cheikh Ibra, on ne peut obtenir l’agrément de DIEU qu’en renonçant au repos, aux biens terrestres, aux douceurs de la vie en famille, etc. Seule la renonciation pour la face de DIEU et la constance dans son service peuvent nous valoir le bonheur au jour de la rétribution, car le monde et ses chimères ne sont que mirages. Ce faisant Cheikh Ibra est un grand soufi. Les honneurs de ce bas monde, l’amour de la renommée, les mondanités, n’avaient aucune prise sur lui.
Cheikh Ibra au travail n’avait point le temps pour les futilités ; la psalmodie de la formule sacrée » La illaha illalah » (mention de l’unicité de DIEU) restait son compagnon lors des durs labeurs, mais aussi lors de ses pauses. La fidélité de Cheikh Ibra mérite d’être comptabilisée au nombre de ses vertus morales. En effet durant tout l’exil du Cheikh, Cheikh Ibra n’a cessé d’être aux côtés de sa famille. Le fruit de l’ensemble de ses récoltes et de ses tractations commerciales allait à l’entretien de la famille. Il rendait le plus souvent visite à Mame Thierno Birahim Mbacké à qui le Cheikh avait confié la famille, et s’assurait toujours que les greniers n’étaient pas vides.
Cheikh Ibra était aussi un champion quand il fallait collecter des fonds pour la réalisation des grands projets du Maître telle que la construction de
la Grande Mosquée de TOUBA. A lui seul, pendant la phase de collecte des fonds, il a réuni plus de 800 000 F à cette époque. Pour lui les biens de ce bas monde son futiles et périssables et ne doivent avoir d’autre objet que la recherche de l’agrément de DIEU en les mettant au service de son maître sous forme de dons pieux. Sa sincérité est comparable à celle du véridique Aboubacar (l’Agrément de Dieu sur lui). En aucun instant il n’a douté. Il n’a jamais douté que le Cheikh sortirait victorieux de sa confrontation contre l’ennemi numéro 1 de l’islam, Satan en l’occurrence. Il ne s’était jamais douté qu’il reviendrait de l’exil malgré les rumeurs qu’on faisait circuler sur sa disparition.
C’est Cheikh Ibra Fall qui a révélé aux hommes, la vraie dimension de Khadimou Rassoul. Sans sa clairvoyance, personne n’aurait bénéficié de ses immenses bienfaits. Voilà pourquoi il été appelé LAMP FALL, lui qui est cette lampe, ce phare, qui a éclairé la ruée des hommes vers leur Maître. De là lui vient également son sobriquet BABOUL MOURIDINA. En effet, n’a-t-il pas été la porte d’accès vers les bienfaits du fondateur de la Mouridiyyah ?

L’EPOPEE DE CHEIKH IBRA FALL par Serigne Moussa KA

Serigne Moussa Ka a écrit ce poème de 70 vers pour rendre un hommage à Cheikh Ibrahima Fall après son rappel à DIEU. Un poème en wolof qui retrace la vie de celui qui fut un disciple et compagnon de Cheikh Ahmadou Bamba. Il débute par la présentation de Cheikh Ibra Fall qui éprouve une grande soif spirituelle et qui veut accéder à DIEU.
Pour ce faire il a besoin d’un Maître spirituel. Le récit commence donc par la quête de Cheikh Ahmadou Bamba, ce guide là qu’il a vu dans un rêve et que DIEU lui a indiqué.
Hommage à Cheikh Ibra Fall par Serigne Moussa Kâ
Le récit s’appesanti également sur la rencontre avec le maître et l’allégeance.
La vie antérieure à la quête d’un maître par Cheikh Ibra Fall ne retient pas l’attention du poète. Il commence juste son récit par la théâtralisation de la quête du maître.
Après la rencontre et l’allégeance de Cheikh Ibra Fall précédé d’un échange très épique entre les deux personnages, le poète présente le quêteur en pleine action dans des services devant le mener à l’agrément de Dieu auprès du Maître.
Son impact auprès des autres disciples et auprès des ses parents imbus des valeurs de l’aristocratie locale constitue une partie importante du récit. Serigne Moussa Ka termine par montrer comment le service rendu auprès du Maître lui a permis d’impétrer l’agrément de Dieu par la victoire finale qu’est son séjour au Paradis, dans le rang des vertueuses créatures.
Les centres d’Intérêt suivants pourraient constituer l’objet d’une étude approfondie :
Les rapports entre maître et disciple dans l’univers du Mouridisme : une innovation ou une réhabilitation.
Il s’agira de scruter l’histoire du soufisme pour voir comment les grands maîtres de la gnose éduquaient spirituellement leurs disciples, de faire un parallélisme avec notre cas ici présent et de dégager les similitudes et différences.
L’impact de l’allégeance de Cheikh Ibrahima Fall dans la révélation de la dimension charismatique de Cheikh Ahmadou Bamba et dans le changement comportemental des autres disciples.
Cheikh Ibra Fall n’est pas un disciple ordinaire. Il était un grand érudit qui maîtrisait à fond le Coran et les Sciences connexes, il a été habité par la soif ardente de trouver un Maître auprès de qui il pourrait œuvrer afin d’accéder aux plus hautes cimes des sublimes honneurs que DIEU réserve à ses grands serviteurs.
Au vu de sa dimension spirituelle élevée, il ne pouvait avoir comme guide, qu’un Maître au rang exceptionnellement élevé auprès de DIEU. Voilà la raison pour laquelle les recherches de Cheikh Ibra Fall pour trouver son Maître Cheikh Ahmadou Bamba ont été longues et ardues. Leur rencontre a marqué un tournant décisif dans l’évolution du mouridisme et dans l’ordonnancement des rapports entre Cheikh Ahmadou Bamba et ses disciples.
L’impact de la rencontre et le compagnonnage dans le ré-dimensionnement des rapports maître et disciple constitue un point important qui mérite attention

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