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MACKY SALL NE PEUT PLUS GOUVERNER SEUL

SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Comité pour la Plate-forme de Réflexions Doleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi reçue le 13 août 2022, sur la situation sociopolitique nationale.

« Il n’y a nul doute à entretenir au sortir des élections législatives du 31 juillet 2022 : une aube nouvelle est en train de poindre dans le ciel sénégalais…

Les résultats ainsi connus, traduisent une surprenante défaite politique, historique et indéniable de la coalition BBY au pouvoir depuis dix ans.

Autrement dit, même si, en cette période où l’histoire semble bégayer,  il y a de légitimes raisons de s’inquiéter du prix qu’il faudra payer pour amener Macky Sall  et ses souteneurs locaux et étrangers à l’accepter et à renoncer à leur projet liberticide de confiscation de la volonté,  de la souveraineté populaire, par le biais de l’imposition d’une candidature que la loi fondamentale tout autant que la morale réprouvent. 

Désormais, il est plus évident que les jours que le président Macky Sall va passer à la tête du pays ne peuvent excéder,  dans le pire des cas, l’horizon du 25 février 2024.

Les élections législatives ont constitué un véritable séisme, car il est extrêmement rare, sous nos cieux, qu’un parti-État, coaché par un hyper-président, subisse un désaveu aussi massif à l’occasion de ces joutes électorales. Cela renseigne sur le rôle de garant du caractère irréversible de nos acquis démocratiques, que joue le peuple tout entier, face à des velléités dictatoriales menaçant nos droits et libertés.

Le taux d’abstention particulièrement élevé, observé lors de ce scrutin suscite bien des interrogations. Il pourrait relever de la programmation  (période hivernage, examens de fin d’année scolaire) et de la démarche d’exclusion qui a été celle de l’administration électorale ayant  écarté pas moins de 17 dossiers de candidature et amputé la liste de Benno Bokk Yakaar de ses suppléants et celle de Yeewwi Askan Wi de ses titulaires.

Il y a également eu la vive tension pré-électorale avec son lot de surenchère,  d’arrestations arbitraires, de violences et même de morts, qui faisait craindre des affrontements, le jour du scrutin.

En définitive, la coalition BBY, qui proclame une victoire entachée, a certes engrangé le plus grand nombre de députés élus, 82 au total, mais ne peut plus gouverner seule, car n’ayant pas atteint la majorité absolue qui est de 83. Elle a également  perdu le vote populaire, parce qu’elle a obtenu moins de suffrages que les coalitions de l’opposition réunies (YAW et Wallu ayant eu respectivement 56 et 24 sièges et s’étaient constituées tactiquement en Inter-coalition). Enfin, trois autres  coalitions, Bokk Gis Gis, AAR Sénégal et Les Serviteurs obtiennent, chacune, un député, devenant, ainsi, malgré elles, les arbitres du jeu politique, contraignant le camp présidentiel à un équilibrisme, à défaut de cohabitation.

La percée historique de l’opposition  confirme les résultats des élections territoriales de janvier 2022 dans les grandes villes et démontre l’impopularité du président Macky Sall.

En effet, les élections législatives du 31 juillet dernier ont revêtu un caractère référendaire, du fait que les ténors de la coalition présidentielle ont choisi de mettre en avant les réalisations de leur mentor, dans le même temps, où l’opposition exhortait les électeurs à ne pas accorder  la victoire à Benno Bokk Yakaar, qui pourrait être tentée de l’assimiler à un blanc-seing accordé à Macky Sall pour postuler à un troisième mandat.

Les Sénégalais devraient aussi, au-delà des artifices et du clinquant, se choisir pour dirigeants des femmes et des hommes à la probité avérée, attentifs aux valeurs de la République, au respect de la parole donnée, à l’éthique de gestion. Le président Macky Sall doit ouvrir ses yeux et sortir de sa « bulle », de sa puérile et pathétique stratégie d’autosuggestion pour se rendre à l’évidence. 

Il devrait, dans un dernier sursaut de lucidité, ne pas tenter le diable, se faire une raison, se convaincre qu’il n’est pas dans le destin des hommes, d’être éternels.

Au vu de cette situation, le Comité pour la Plateforme de Réflexions « Dooleel Pit-Sénégal ngir defaraat reewmi », convaincu  de la nécessité d’une réflexion autour des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI :

  • appelle le président Macky Sall à respecter sa promesse maintes fois réitérée de ne pas postuler à un troisième mandat présidentiel, en se conformant  à la Constitution de notre pays et en prenant en compte la large désapprobation populaire de toute nouvelle tentative de reniement de sa parole, telle qu’elle est ressortie dans les résultats des élections législatives qui viennent de se tenir,
  • l’invite à créer les conditions pour une réforme des institutions, en vue de :

–       rompre avec l’hyper-présidentialisme qui gangrène la société en développant le clientélisme et la courtisanerie,

–       garantir l’équilibre et la séparation réelle des pouvoirs,

–       suspendre la loi sur le parrainage, en attendant de la réformer,

–      parvenir à un assainissement du jeu politique et à une modernisation du rôle des partis politiques, auxquels, il sera plus tard, loisible de se fédérer par affinité idéologique ou autre…

–      protéger davantage les droits et libertés des citoyens sénégalais,

–      ouvrir de larges concertations inclusives sur le processus électoral, en tirant les leçons des errements des deux dernières décennies, pour en arriver à un nouveau code électoral consensuel,

–      permettre la tenue d’élections dans la transparence, la paix civile et la stabilité politique,

  • exhorte la classe politique et la société civile à tout mettre en œuvre pour éloigner les démons de la malédiction de nos ressources

En direction de notre septième Congrès de décembre prochain, le Comité pour la Plateforme de Réflexions « Dooleel Pit-Sénégal ngir defaraat reewmi », fidèle à son manifeste du 3 décembre 2020, interpelle les instances du Parti, afin qu’elles tirent toutes les leçons de notre expérience politique de ces deux alternances, en vue de :

–      lutter contre le danger que représente la prédominance de valeurs qui nous sont étrangères sur nos modes d’élaboration, de décision, de vie, de pensée,

–      réenraciner le PIT-Sénégal dans le camp du travail et du progrès social et

–      renforcer l’unité de la gauche sénégalaise pour espérer diriger et transformer le pays. »

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