ACTUALITES

CES DIPLOMATES SÉNÉGALAIS, MAUVAIS PAYEURS !

Nous ne dirons jamais assez ! Le Sénégal possède l’une des meilleures diplomaties au monde. Malheureusement, cette diplomatie est en passe d’être écornée par certains hommes et femmes qui l’incarnent dans les pays où ils sont accrédités. La preuve par l’affaire de cette diplomate sénégalaise malmenée par la police d’Ottawa, une qui avait provoqué un tollé au Sénégal et suscité l’embarras du gouvernement canadien. Cette passe d’armes diplomatique entre Dakar et Ottawa n’est malheureusement que l’arbre qui cache la forêt de nombreux scandales relatifs à des arriérés de loyers impayées et crédits bancaires non soldés à l’actif de diplomates sénégalais irresponsables. Exemples de cas survenus en France et aux Usa…

Si la passe d’armes diplomatique entre le Sénégal et le Canada a fait long feu, c’est parce que la vérité a très tôt basculé dans l’autre camp ! Toujours est-il que l’affaire de Mme Niang Oumou Kalsoum Sall, cette diplomate sénégalaise accusée à tort ou à raison de mauvais payeur par son bailleur et violentée par la police canadienne, avait provoqué une vague d’indignation au Sénégal et suscité l’embarras du gouvernement canadien.

A l’issue de ses investigations, « Le Témoin » quotidien demeure convaincu que ce lot d’agressions, d’indignations et de condamnations en tout genre révèle au grand jour l’irresponsabilité de certains diplomates et agents sénégalais affectés à l’étranger. Et surtout dans les postes diplomatiques et consulaires. Pour mieux camper le triste débat dans l’affaire « Ottawa », il est bon de rappeler que l’ambassade du Sénégal au Canada a estimé avec force détails que les allégations contre Mme Niang Oumou Kalsoum Sall trahissent une volonté manifeste de diluer la gravité de l’incident qui porte sur une violation flagrante et grave des dispositions de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Dans sa volonté de rétablir la vérité, l’ambassade du Sénégal au Canada a expliqué les problèmes de commodités et de délabrement auxquels était confrontée Mme Niang dans son logement.

Exaspérée par cette situation, elle avait finalement décidé de déménager tout en refusant de s’acquitter des arriérés de loyer pour non respect des normes de sécurité, de santé et d’hygiène. Embarrassé par cette affaire, Québec a tenu à apporter des précisions sur les motifs de l’intervention des policiers canadiens au domicile de Mme Niang. Une intervention destinée à l’exécution d’une décision de justice par voie d’huissier. « La diplomate sénégalaise a été condamnée par un tribunal du Québec à payer une somme de 34.000 euros (22 millions cfa) pour des arriérés de loyers, des dégâts et dommages considérables » a soutenu en substance le gouvernement du Canada.

Des locataires indésirables…

En confrontant ces deux versions, on se rend compte qu’il s’agit d’un contentieux purement privé relatif à des arriérés de loyer et des dommages causés à un bailleur. Sauf que, en violentant une diplomate sénégalaise en violation des dispositions de la convention de Vienne, la police canadienne a donné une autre tournure à cette affaire jusque-là privée car notre compatriote Oumou Kalsom Sall bénéficie tout de même d’une immunité diplomatique ! Cela dit, derrière l’arbre de cette passe d’armes diplomatique sénégalo-canadienne se cache la forêt de nombreux scandales relatifs à des arriérés de loyers impayés et crédits bancaires non soldés à l’actif de certains diplomates sénégalais à l’étranger. Ces mauvaises pratiques qui écornent l’image de la diplomatie sénégalaise nous interpellent à plus d’un titre et nous amènent à nous poser les questions suivantes : Le personnel affecté dans les missions diplomatiques et consulaires est-il correctement pris en charge par la tutelle ? Si oui, comment cette prise en charge est-elle faite ? Et jusqu’à quel niveau ? Si non, comment ce personnel diplomatique est-il pris en charge pour les loyers ? Est-ce que ce personnel pourrait se prévaloir de son statut de diplomate au point d’être au-dessus des lois du pays d’accueil ? Existe-t-il des cas similaires à celui de la dame Oumou Kalsoum Sall dans les autres représentations diplomatiques et consulaires du Sénégal à l’étranger ?

Des enquêtes menées avec l’aide de nombreuses sources proches du milieu diplomatique sénégalais donnent l’exemple de la France pour répondre à ces questions. Chez Marianne, il est bien connu que les diplomates sénégalais sont les locataires les plus indésirables chez les agences immobilières. Ou, plutôt, ils font partie des locataires les plus indésirables ! Car, nous renseigne-t-on, beaucoup de diplomates et agents de l’administration sénégalaise en service dans l’Hexagone se réfugient derrière l’immunité diplomatique pour ne pas payer leurs loyers qui s’accumulent ainsi. Et pourtant, ils bénéficient tous d’une indemnité de logement. Il suffit seulement qu’ils présentent une quittance de loyer avec le montant en chiffres et en lettres pour se faire rembourser par les services de comptabilité de l’ambassade ou du consulat. Justement c’est à ce niveau que se trouve la manœuvre frauduleuse qui consiste pour le diplomate à confectionner une quittance ou à se munir d’un « quittancier » à remplir à sa guise. En usant très souvent de surfacturation !

Selon certains diplomates et recrutés locaux, souvent, le montant mensuel (loyer mensuel) qui figure sur ces quittances est largement au-dessus du loyer réclamé par le bailleur français. Par exemple, pour un loyer fixé 1.000 euros (650.000 cfa), le diplomate réclame à la comptabilité de l’ambassade ou du consulat 1.500 ou 2.000 euros (975.000 cfa ou 1.300.000 cfa). Pourquoi, la chancellerie ou la mission diplomatique tombe-t-elle dans ce piège ? Réponse d’un ancien consul du Sénégal dans une grande ville française : « Que voulez vous ! Si on veut sauvegarder le climat social au sein du personnel et consolider les acquis de la mauvaise foi, on ferme les yeux sur certaines vieilles pratiques. Parce que les bénéficiaires vous disent « tout le monde le fait, c’est une pratique tolérée ».

Ainsi l’agent ou le diplomate en question reçoit son chèque « surfacturé » qu’il peut déposer sur son compte, pour ensuite verser la somme due au bailleur tout en gardant la différence pour lui » se désole cet ancien diplomate à la retraite. Notre interlocuteur regrette que la plupart des agents, bien que se faisant payer une indemnité de logement mensuelle plus que…gonflée, ne règlent malheureusement pas leur loyer !

Les lettres de relance de la honte !

Toujours en France, on nous révèle également que certains agents véreux font exprès de ne plus payer leur loyer à six mois de l’expiration de leur séjour et pensent que leur statut de diplomate les protégerait en cas de contentieux. Cela a souvent été le cas à Paris, à Washington, à Madrid et presque partout où le Sénégal dispose d’une ambassade ou d’une mission diplomatique. D’ailleurs, c’est ce justifie le recours par les bailleurs à des huissiers de justice pour procéder à des opérations de recouvrement musclées. Les différents ambassadeurs et consuls doivent ainsi très souvent gérer des contentieux et donner suite à des lettres de relance pour loyers impayés qui leur sont transmises après le retour au Sénégal de diplomates indélicats. Des désagréments qui ont poussé des propriétaires d’immeubles à ne plus accepter de faire signer des baux à une certaine catégorie de ressortissants sénégalais dits diplomates qui se foutent de toutes les règles et lois du pays d’accueil.

A cela, il convient d’ajouter les désagréments et autres dommages causés par les locataires par manque d’entretien et de maintenance des locaux, sans oublier quelque fois les factures d’électricité et de gaz impayées, tel que relaté, en partie, dans le cas de notre compatriote au Canada. Par contre aux Etats Unis d’Amérique (Usa), on se réjouit du fait que nos diplomates et expatriés locaux soient de très bons payeurs de loyer. Ambassadeurs et diplomates ayant servi à Washington ou NewYork disent n’avoir jamais eu de contentieux immobiliers liés à des arriérés de loyer. Il s’agit d’un fait étonnant pour ce diplomate de carrière habitué à constater que dans d’autres pays d’accueil certains agents font souvent l’objet de plaintes ou lettres de réclamations relatives à des factures impayées et autres cas de dégradation de logements. Par contre, aux Usa toujours, nombreux sont des diplomates sénégalais qui « oublient » de payer la totalité des dettes contractées auprès des banques avant de quitter l’Amérique.

Joint par « Le Témoin », un agent du personnel diplomatique du Sénégal à Washington se désole de cette situation et confie : « En tout cas, je peux vous confirmer que plusieurs de nos compatriotes sont rentrés au pays sans honorer leurs engagements visà-vis de leurs banques. Si toutefois quelqu’un soutien le contraire, je suis prêt à faire publier une liste de mauvais payeurs dans les colonnes du « Témoin ». Parce que la plupart des lettres de relance atterrissent dans les locaux de l’ambassade du Sénégal à Washington ou à la Représentation diplomatique à New-York » jure notre interlocuteur. Avant d’ajouter : « Ici aux Usa, en effet, les banques sont promptes à accorder à tout diplomate un prêt minimum de 10.000 dollars soit 5 millions cfa. Ce, sans aucune garantie puisque, pour ces banques américaines, les diplomates sont à la fois crédibles et solvables. Malheureusement, certains de nos compatriotes trainent les pieds voire les « mains » pour payer leurs dettes lorsqu’ils sont en fin de mission. Parce que pour les comptes courants aux Usa, les banques ne prélèvent pas à la source à cause de la garantie de confidentialité » explique notre diplomate tout en se désolant du mauvais comportement de certains de ses collègues.

En Belgique, c’est le prêt-auto non soldé

Mais il n’y a pas qu’aux USA que des diplomates sénégalais en fin de mission s’endettent avant de prendre le large tout en « oubliant » de rembourser les crédits que leur ont consentis les banques. En Belgique, capitale européenne des véhicules en raison de la faiblesse des taxes, nos honorables représentants se sont également tristement illustrés de par leurs pratiques peu orthodoxes. Jusqu’au début des années 2000, raconte un ancien diplomate sénégalais en poste à Bruxelles, beaucoup de ses collègues ont fui avec des prêts « auto » et des prêts mobiliers contractés auprès des concessionnaires et des banques.

Profitant de ces prêts flexibles sur une durée pouvant aller jusqu’à 03 ans, ces diplomates achetaient des meubles et des voitures tout en sachant qu’il ne leur restait que quelques mois, voire des semaines de séjour diplomatique en terre belge. Ainsi, le tour était joué ! « Une fois en possession de leurs voitures et autres mobiliers qu’ils s’empressaient d’expédier vers le Sénégal, ils quittaient la Belgique sur la pointe des pieds laissant derrière leur immunité diplomatique des créances. Or, les banques et les concessionnaires considéraient qu’ils ne peuvent avoir meilleure garantie qu’un Etat comme le Sénégal que les diplomates étaient censés représenter. De fait, nos compatriotes profitaient de ce statut qui leur facilitait l’accès aux prêts auto et mobilier pour se livrer à leurs mauvaises pratiques » raconte notre interlocuteur. Il déplore ce genre de micmacs auxquels s’adonnent en général les diplomates africains. « En Belgique, j’ai connu des diplomates sénégalais qui ne remettront plus jamais les pieds en Europe pour avoir disparu avec des prêts qui leur avaient été accordés. Avec l’inter-interconnexion des données des polices des frontières, ils ne peuvent guère échapper ! » jure cet ancien diplomate ayant fait plus de quatre ans en Belgique avant de rentrer au Sénégal après avoir épongé tous ses prêts bancaires et n’avoir laissé aucun euro de dette dans ce pays siège de l’Union européenne. Au vu de toutes ces mauvaises pratiques, il y a de quoi renvoyer certains Sénégalais à l’école de la diplomatie pour leur rappeler que l’immunité diplomatique n’exonère pas du remboursement des dettes. Voire du paiement des loyers d’autant plus que ceux-ci sont remboursés sur présentation de la quittance !

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page