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DÉBUT DE L’HÉMICIRQUE

 A peine commencée, la 14ème législature bat déjà le record d’injures. En une journée de travail, le mobilier de l’Assemblée nationale subit les conséquences d’une cohabitation politique. Saccages et bagarres ne vont plus émouvoir le Sénégal à ce rythme-là. Récit d’une journée très mouvementée !

 «Rupture radicale, gravité, engagement !» En déclarant, dimanche passé, sa candidature pour le Perchoir, Barthélemy Dias a usé avec subtilité du champ lexical du mot combat. Un fait prémonitoire, au regard de ce qui s’est passé hier à l’Assemblée nationale. Il fallait en découdre avec la mouvance présidentielle comme pour envoyer un signal à moins de 15 mois de la Présidentielle de 2024. Et ce n’était pas qu’une question de figure de style. Opposition et pouvoir ont usé de pratiques jadis dévolues aux mastodontes de l’arène. Il a fallu l’intervention des députés pour séparer Abass Fall et une dame de la mouvance présidentielle. Les deux députés ont échangé des injures, avant d’en venir aux mains.

L’installation du Bureau, qui devait se tenir à 10 heures, a finalement commencé 3 heures plus tard. Les formalités administratives sont la principale cause de ce retard. Alors que le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar avait déposé ses listes, Yewwi askan wi a attendu la dernière minute pour faire acte de sa candidature au Perchoir.
En coulisse, informe-t-on, il fallait faire entendre raison à Ahmed Aïdara. Le député-maire de Guédiawaye a maintenu sa candidature contre la décision de la Conférence des leaders de Yaw.

Après ces impairs, la présidente de séance, Aïda Sow Diawara, a procédé au démarrage des travaux. Le traditionnel appel nominatif a ouvert les travaux. Il faisait 14H 30 mn. C’est Barthélemy Dias qui a ouvert les hostilités. Les enveloppes contenant les bulletins de vote, à peine distribuées, le député-maire de Dakar a saisi la caisse les contenant pour les jeter. C’est le début d’une incom¬préhension générale.

Barth’, qui soutient que par¬mi les députés figurent des analphabètes, propose d’utiliser des bulletins à couleurs. Un acte mal perçu par la mouvance présidentielle, qui réplique par des injures. La situation s’envenime au point que Abass Fall a senti le besoin de lever la main sur une dame. Cet incident clos, l’opposition campe sur sa position.

Cette fois, c’est la présence des minis¬tres, Abdoulaye Daou¬da Diallo et Abdoulaye Sow, qui est jugée illégale. Pour l’opposition, la Constitution interdit ce cumul de fonctions et, par conséquent, ils avaient 8 jours, à compter de la proclamation des résultats, pour se séparer d’un poste. Une position que Me Oumar Youm, le président du groupe parlementaire, assimile à une mauvaise interprétation de la loi. Pour lui, la prise de fonction du député commence le jour de l’installation du Bureau et non celui de la proclamation des résultats. Malgré la volonté de régler le problème, Oumar Youm se heurte à une opposition qui, visiblement, souhaite instaurer un rapport de forces. «Souffrez en silence», a dit Mame Diarra Fam, député de Wallu, d’un ton moqueur.

L’opposition, n’ayant pas pu faire flancher Aïda Sow Diawara, décide de bloquer la marche de l’institution en se regroupant près de la présidente de séance. Injures et jets de sachets d’eau, c’était le spectacle qu’ont offert les députés en ce début de mandature. Ça volait tellement bas que les bagarres ne choquaient plus. Constatant l’impasse, la présidente de séance décide de suspendre la séance avec ces mots : «Je suspends nos travaux pour laisser le temps aux présidents de groupe d’essayer de trouver une solution. Si après une heure, vous ne vous entendez pas, je sécurise le vote et procède à l’installation du président de l’Assemblée.»

Au retour, elle convoque les Forces de l’ordre pour déloger Barth’, Abass Fall, Guy Marius Sagna, Ahmed Aïdara et compagnie. Le spectacle est digne de celui des manifestations non autorisées. Les gendarmes, formant un demi-cercle à partir du Perchoir, avancent et con¬traignent les opposants à regagner leurs places. Le mobilier de l’Hémicycle n’en sortira pas intact. Des dégâts importants ont été constatés. Les débris ont même parfois été utilisés comme armes pour se bagarrer. Et comme pour envoyer un message, Barth’, maîtrisé, dira : «Ahmed, il faut les laisser faire. Ce sera ainsi chaque jour.»

Le vote a eu lieu et celui des autres membres du Bureau se poursuivait le soir. Et naturellement, les membres de l’Inter-coalition Yewwi-Wallu n’ont pas voté et ont constaté la perte de la présidence de l’Assem¬blée. Qui sera plus un terrain de boxe qu’un lieu de débat !

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