«LA RELIGION EST UNE CONVICTION, ON NE PEUT PAS LA BASER SUR DES CALCULS»
Les lampions se sont éteints sur l’édition 2022 du Magal des 2 rakka que Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, Fondateur du Mouridisme, avait effectués le 5 septembre 1895 devant les autorités coloniales pour défendre l’islam. Des fidèles sont venus se ressourcer, renouveler leur acte d’allégeance et effectuer des ziarra auprès des guides, des érudits du saint-Coran, et autres chefs religieux mourides. Cette année, il n’y a pas eu d’affluence contrairement aux éditions précédentes. Mais du fait de l’extrémisme grandissant et des coups d’Etat qui envahissent l’Afrique de l’ouest, Serigne Mame Mor Mbacké qui a dirigé la prière a averti tous ceux qui utilisent la religion pour espérer arriver à leurs fins.
L’édition 2022 du Magal des 2 rakka de Saint-Louis est finie. Des milliers de fidèles venus de divers horizons ont rallié la capitale du Nord qui est cependant loin de connaître le rush des années passées.
PAS DE RUSH POUR CETTE PRÉSENTE ÉDITION, PROGRAMME ALLÉGÉ
Les fidèles sont certes venus à cet évènement religieux dont Cheikh Ahmadou Bamba a été choisi comme parrain, mais les espérances des organisateurs se sont dissipées. Cette retrouvaille n’a pas drainé de foule même si ce rendez-vous est considéré comme le deuxième grand événement religieux mouride du Sénégal.
Le Grand Magal de Touba prévu le 15 septembre serait certainement passé par là. Malgré tout, le magal de cette année 2022 a permis aux pèlerins de mettre à profit leur séjour dans la capitale du Nord pour formuler d’intenses prières partout où le Cheikh avait séjourné avant d’être jugé et déporté au Gabon par le gouverneur colonial d’alors. Cet événement religieux a été une occasion pour les organisateurs de rendre un vibrant hommage au fondateur du mouridisme qui avait défié le colon. Selon certains, la cherté de la vie et surtout le Magal de Touba prévu dans 10 jours ont empêché les fidèles musulmans de se déplacer en masse à Saint-Louis.
Le programme de cette présente édition a été très allégé. Beaucoup d’activités n’ont pu être tenues même si pendant soixante-douze heures, la capitale du Nord a vibré au rythme des khassaïdes. Hier, les fidèles ont effectué une prière surérogatoire de deux rakka avant la prière de Takussan. C’est ce « Nafila » qui permet en réalité de se rappeler les deux rakka de Serigne Touba et de commémorer cet acte religieux qu’il avait osé poser devant les autorités coloniales et qui lui avait valu une déportation, dans des conditions inhumaines, au Gabon où le Cheikh compte plusieurs milliers de fidèles.
SERIGNE MAME MOR MBACKÉ «LA RELIGION EST UNE CONVICTION, ON NE PEUT PAS LA BASER SUR DES CALCULS»
Comme chaque année, la prière a été dirigée par Serigne Mamor MBACKE. Le guide religieux qui a transmis les salutations du Khalife général des mourides aux fidèles et aux autorités, a vivement félicité le président du Kurel des deux rakka, Serigne Ameth FALL et son équipe pour la parfaite organisation du Magal.
Le fils de Serigne Mourtada MBACKE Ibn Khadimou Rassoul est aussi revenu sur la portée et le sens de cette journée. Selon lui, celle-ci symbolise une dévotion envers son Seigneur. Il invite les populations à la rétrospection pour rester sur le droit chemin. « Nous devons apprendre de celui qui nous a réunis tous ici parce qu’on peut prier partout au Sénégal. Mais si des milliers de fidèles font plusieurs centaines de kilomètres pour se retrouver à la place Faidherbe, c’est pour montrer la portée de l’acte de Cheikh Ahmadou Bamba et le sens qu’il donnait à la prière. C’est la raison pour laquelle j’exhorte les talibés à bannir le folklore, surtout lors des activités concernant le Cheikh, comme les 2 rakka, le grand Magal de Touba ou des activités similaires. La religion est une conviction. On ne peut la baser sur des calculs. Il faut du sérieux.
Serigne Touba n’a fait qu’orienter ses disciples vers Allah. La preuve, tous ses écrits et enseignements tournent autour de cela», a rappelé le guide religieux. Poursuivant, il a tenu à préciser devant une assistance acquise à la cause de Cheikh Ahmadou Bamba, que les « difficultés relatives aux catastrophes naturelles et aux inondations que traversent les populations actuellement, nos aïeuls les ont vécues et ce sont souvent des formes de punition divine ».
Toutefois, il estime que les populations ont la chance d’y échapper. «Seulement si on opère un retour sincère vers Allah », a-t-il soutenu, invitant la jeunesse à accorder une grande importance à l’éducation. «Il faut que les jeunes fassent la différence entre un intellectuel et un diplômé. Qu’ils apprennent pour devenir des intellectuels, pour mieux réfléchir, plutôt que de chercher uniquement des diplômés», a insisté l’imam des 2 rakka.
A signaler que pendant plusieurs jours, la capitale du Nord a vibré au rythme des khassaïdes. Quoi qu’il en soit, le président du kurel, Serigne Ameth Fall, pense que ce rendez-vous constitue un moment fort pour le Mouridisme, interpellant encore toutes les autorités à œuvrer pour la bonne marche du magal qui n’a pas connu cette année d’affluence.
Pis, des fidèles ont préféré prier à la mosquée mouride sise au faubourg de Sor au lieu d’aller à la place Faidherbe. Aussi, il faut le rappeler, un dispositif particulier a été mis en place par les agents de la sécurité qui ont veillé sur le bon fonctionnement, en rendant fluide la circulation. A présent, la vieille cité s’est vidée de ses hôtes.