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L’AGE D’OR DU PODCAST

Pratique de niche il y a quelques années encore, le podcast est devenu très populaire aujourd’hui. Visible sur Twitter, Instagram, Facebook, LinkedIn, les réseaux sociaux en général, il est devenu un bon moyen de se faire une communauté. Avec le bouche-à-oreille, on se partage le nom des émissions qui valent l’écoute.

Des contenus sonores, documentaires, reportages, fictions, interviews, souvent déclinés en séries et disponibles sur une multitude de plateformes numériques, fleurissent dans tous les coins, lancés par des créateurs qui cherchent la bonne idée. Un traitement avec une visée éducative, pour aborder sans tabou de nombreux sujets. Aujourd’hui, certains medias testent même des podcasts en complément de leurs émissions diffusées sur le web. Présents en force sur les réseaux sociaux, les podcasteurs narrent des histoires sur des thématiques différentes, avec un public plus ou moins spécifique. La liberté qu’offre ce nouveau format laisse libre cours à la créativité. Et c’est la raison pour laquelle on voit émerger autant de contenus différents. Ce qui pousse à croire que l’avenir est prometteur pour cette technologie vocale. Malgré leurs différences, les podcasteurs partagent un objectif commun : être écoutés. Mohamed Sow est un mélomane dont l’amour pour les expressions artistiques en général, la musique en particulier, s’accompagne d’une passion saine et d’une connaissance fine. Ce qui confère un crédit certain à ses analyses, observations et critiques. Avec lui, l’approche allie l’intérêt et l’utilité de dresser l’archéologie des œuvres musicales et le plaisir de savourer de succulentes anecdotes. Le tout, facilité par ses formidables aptitudes de conteur.

 Lancé dans le podcast depuis octobre 2019, Mohamed Sow soutient qu’il y a un problème de transmission et d’information de contenu historique, culturel au Sénégal. D’après lui, quand on a besoin d’une information sur la musique, on ne sait pas vraiment où chercher. En plus, ajoute-t-il, beaucoup de choses ne sont pas documentées, ni référencées. «Il y a un manque de précision dans les informations qui est assez profond et le podcast, c’est le moyen le plus simple que j’ai trouvé pour essayer de transmettre l’information», assure-t-il.

Le réalisateur du podcast L’envol du rossignol, indique qu’il s’agit là d’un moyen de partager sa passion pour la culture et le football. «Mon but, c’est de pouvoir parler de cette histoire de la musique sénégalaise pour que les générations qui viennent puissent avoir un contenu historique de qualité.» A la base, révèle-t-il, il faisait des podcasts juste pour partager avec ses amis mais puisque c’est un média assez souple que l’on peut partager sur les réseaux sociaux, ça a pris son envol. «Avec l’essor de la mobilité, des moyens de communication, le téléphone…, on peut parler à tout le monde. Et ce qui est bien dans le podcast, la personne n’a pas besoin d’écouter en direct. Elle écoute quand elle veut, quand elle a le temps et c’est cette souplesse-là aussi qui intéresse les éditeurs dans le podcast», explique-t-il.

«Le podcast, c’est le présent et le futur»

Auparavant, la plupart des auditeurs de podcasts africains et sénégalais en particulier, se trouvaient dans la diaspora, mais cette tendance est en train de changer, car davantage de Sénégalais basés dans le pays sont initiés à ce média. De plus, les auditeurs de podcasts répondent positivement au contenu des créateurs de podcasts et se connectent directement avec eux en ligne, tout en demandant plus de contenus. Ce qui pousse peut être à croire que l’avenir de ce type de contenu est prometteur. «Il y a le besoin parce que chacun va chercher ce qu’il a envie d’écouter, ce qu’il a envie de découvrir. J’ai choisi la musique parce que c’est une passion chez moi et je sais qu’il y a beaucoup de gens qui partagent cette passion de la musique surtout. Et c’est ce que j’essaie d’étendre à travers mon podcast», assure Mohamed Sow, bien conscient que ce type de contenu est le présent et le futur. «Tant que les gens auront des choses à dire et à raconter, je pense que le podcast survivra. Donc effectivement, c’est le présent et le futur», avance Mohamed Sow, ingénieur en informatique sénégalais basé en France depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui, il a réalisé à peu près 70 podcasts. Globalement, dit-il, «ce qu’on cherche à faire nous, c’est essayer de parler à tous ceux qui désirent écouter ce qu’on dit».

A l’en croire, même si les podcasts ne lui rapportent pas grand-chose, à une échelle bien supérieure à la nôtre, des gens vendent leurs podcasts et ils ont des annonceurs parce qu’ils ont des millions et des millions de visiteurs. «J’ai fait 40 épisodes sur Youssou Ndour spécifiquement. Et le reste, c’est sur les grands groupes musicaux du Sénégal et les grands artistes du passé comme les Touré Kunda, le Xalam, entre autres artistes du Sénégal», indique M. Sow, qui précise également que pour un bon podcast, il faut que la voix de celui ou celle qui raconte soit agréable, captivante et que les anecdotes qu’il raconte intéressent les gens.

Un podcast sur les cultures urbaines

Oumar Sall est un auteur et un critique d’art reconnu qui s’intéresse aux esthétiques sonores et visuelles du quotidien. Il est à l’origine de #Analysis, un podcast dédié aux cultures urbaines dont la première saison a été financée par le Fonds des cultures urbaines (Fdcu). Ces podcasts, qui donnent la parole à de jeunes artistes du hip-hop comme Gun Mor, Wizaby ou PPS, sont conçus en 3 parties. Chaque épisode propose d’abord un entretien avec l’artiste sur son processus créatif, ensuite un professeur de français, M. Ibnou Diallo, procède à une analyse des figures de style dans l’œuvre de l’artiste et, enfin, le socio-anthropologue, Abdou Ndukkur Kacc Ndao, procède à une analyse de la personnalité créative de l’auteur. Le succès ne s’est pas fait attendre puisque Khadidiatou Mbaye, qui met en œuvre le podcast, vient d’ailleurs d’être lauréate du premier Festival francophone du podcast africain.

«Démystifier le continent»

Beaucoup de ces personnes qui s’investissent dans les podcasts, misent également sur ce media au format audio pour déconstruire des clichés. «Après avoir voyagé dans différents pays occidentaux, j’ai ressenti ce besoin imminent de démystifier le continent et de montrer l’Afrique telle que je la vois», explique Sira Kadiake, journaliste et fondatrice du podcast L’autre côté de l’Afrique, un podcast dédié 100% à l’Afrique, à la zone subsaharienne plus précisément. Le but de ce podcast, assure-t-elle, c’est de montrer l’Afrique telle quelle, sans tabou, sans cliché et sans idée reçue. «J’ai suivi une formation en podcast pour avoir la technique, j’ai écouté et comparé d’autres podcasts pour avoir la pratique et je me suis lancée», justifie la podcasteuse sénégalaise basée en France. Selon elle, il serait intéressant d’avoir une plateforme sénégalaise dédiée uniquement à l’écoute de podcasts comme Spotify, Deezer ou Apple podcast, pour faciliter l’accès car, dit-elle, «c’est vraiment une cible spécifique qui nous écoute».

Le Podcast, un avenir prometteur

«L’intérêt des podcasts, c’est qu’on peut les écouter tout en étant en train de faire autre chose. Tu peux conduire, tu peux être dans les transports en écoutant ton podcast. Donc, c’est quelque chose qui est facile à consommer», soutient Djiby Anne, le réalisateur de Duo d’attaque, un podcast d’interviews où il reçoit des personnes remarquables issues de différents secteurs et domaines d’activité. «Aujourd’hui, je n’ai pas de restriction par rapport au domaine d’activité. Le dénominateur commun de ces personnes, c’est qu’elles sont toutes de vraies passionnées de football. Pendant un peu plus d’une demi-heure, nous découvrirons qui elles sont et quelle est leur histoire avec le football», a-t-il fait savoir.
Duo d’attaque a été lancé en en avril 2022 et l’objectif de ce podcast est de décrypter l’actualité du football, de partager des anecdotes, mais aussi de proposer des idées innovantes, pour le bonheur des amateurs, acteurs et passionnés du sport roi. «Bref, on discute de ballon, de terrain, de jeu, mais aussi des coulisses», raconte Djiby Anne, estimant qu’il y a un avenir prometteur pour le podcast parce que déjà ça passe par Internet. D’autres également comme Zoubida Fall apportent leur contribution sur d’autres thématiques. Avec Conversation féminines, une série d’épisodes sur la place des femmes au Sénégal, lancée en mars dernier, la créatrice du site Kokolam reçoit des femmes inspirantes de différentes professions un mardi sur deux pendant une heure, pour questionner leur place dans la société.

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