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UN THRILLER A LA SAUCE AFRICAINE

« Saloum », le long métrage de Jean Luc Herbulot, produit par la sénégalaise Pamela Diop, a été présenté en avant-première ce jeudi au Canal Olympia. En 82 mn, le film explore le cœur des légendes africaines et mêle le récit fantastique au film d’action

C’est en écoutant des jeunes de son village raconter la légende de ce roi Baynouck trahi par son peuple que Pamela Diop commence à construire son film. Dans ce qui est considéré comme l’un des premiers royaumes de la Casamance, le Roi Ngana Sira Banna Biaye décida de faire une offrande sanglante aux esprits. Il fit périr 100 jeunes hommes et 100 jeunes filles. Meurtri par cet acte, son peuple se révolta et complota contre lui. Mais avant de mourir, Ngana Sira Banna lança une malédiction contre son peuple.

C’est sur cette malédiction que se construit le film produit par Pamela Diop et réalisé par Jen Luc Herbulot. Saloum met en scène un groupe de trois mercenaires, Chaka, Rafa et Minuit. Nous sommes en 2003 et ces trois mercenaires sont chargés d’extraire un trafiquant de drogue de Guinée-Bissau. Contraints de se cacher dans la région mystique du Saloum, au Sénégal, ils devront faire face à leurs propre démons mais aussi aux conséquences de cette vielle malédiction.

Le film produit par Lacme Studio, démarre comme un film d’action avec des images de guerres ou des civils sont massacrés dans des luttes de pouvoirs a Bissau. Puis, il prend les allures d’un thriller avant de basculer dans le film d’horreur. Un mélange de genre que le réalisateur appelle «southern», en référence aux westerns produits par Hollywood. Saloum explore ainsi un genre nouveau et hybride que son réalisateur souligne «être le premier à faire sur le continent =».

Dans un entretien avec un média canadien, il soulignait à quelques jours du Toronto film festival (Tiff) ou le film a fait ses débuts, «l’originalité » de son œuvre. «Je ne suis même pas sûr qu’il y ait déjà eu un film comme Saloum fait en Afrique», disait-il. Au final, le film adopte les codes de tous ces genres et le mélange est plutôt bien réussit. Le réalisateur embrasse même quelques causes comme la protection de la mangrove ou la pêche aux explosifs ou les enfants soldats.

Et il ouvre surtout une fenêtre sur les légendes africaines. «Au départ, le film est venu de l’idée de mettre en valeur le Saloum. J’ai appelé le réalisateur et on a écrit la base de l’histoire et il a écrit le scenario. Ce n’est pas quelque chose d’historique, c’est vraiment une fiction», précise Pamela Diop au terme de la première du film qui a eu lieu ce jeudi à Canal Olympia avant une sortie africaine qui a démarré hier dans 17 pays d’Afrique.

 Le scenario de Saloum navigue entre les genres et l’histoire est porté par une distribution qui met en vedette Yann Gael, Mentor Ba et Roger Sallah qui incarnent les Hyènes de Bangui. Ce groupe de mercenaires est au cœur du récit et l’histoire personnelle du chef Chaka est au cœur de leur séjour dans cette région du Saloum ou un hasard fabriqué les a portés.

Un film à petit budget

Avec un budget de 600 mille dollars dont les 400 mille pour la post production, effets spéciaux oblige, Saloum s’est fait avec « zéro franc » comme dit la productrice. «Tous les bénéfices de ce que j’ai fait pendant un temps dans la publicité ont servi à financer le film. Et les comédiens et les techniciens ont accepté de venir pour des défraiements et pas forcément des vrais salaires», explique-telle. Côté technique, Pamela Diop se félicite d’avoir pu compter sur une équipe essentiellement locale. «On a tourné avec une équipe quasiment locale, seules deux personnes sont venues de l’étranger et trois acteurs viennent de l’extérieur. J’ai représenté le film en Arabie Saoudite, aux États unies, partout. Mais personne ne s’est douté du fait que c’était leur premier long métrage», salue la productrice.

Après Sakho et Mangane la série produite par Canal, Jean Luc Herbulot marque sa prédilection pour le mysticisme africain. Ses personnages sont bardés de gris-gris et leur parcours passe par la Centrafrique, le Congo ou la Sierra Leone. Une des forces de ce film, c’est sans doute son esthétique. La réalisation s’est appliquée tout le long du film à mettre en valeur le cadre idyllique des Iles du Saloum. L’enchainement des beaux plans arrivent même parfois à faire oublier la tension que vivent les personnages dans leur lutte contre des esprits vengeurs.

Difficiles tournage aux Iles du Saloum

Saloum s’est tourné durant 5 semaines dans une ile du delta du Saloum. Un cadre idyllique mais du point de vue de la logistique, un cauchemar. L’équipe a dû faire face à des problèmes d’eau et d’électricité, à l’ensablement des voitures, l’absence d’internet etc. Mais au moment de présenter le film, toutes ces difficultés sont comme oubliées. Ndiaga Mbow incarne le rôle du policier Souleymane dans Saloum.

Arrivé dans la distribution du film par effraction pourrait-on dire, Ndiaga Mbow a pourtant su tirer son épingle du jeu. « On m’a appelé la nuit à 22h pour remplacer un autre acteur qui devait être là et qui n’a pas pu. Quand on est arrivé sur le plateau, on a tourné avec le cœur malgré toutes les difficultés », raconte-t-il.

Si Ndiaga Mbow reconnait que les conditions de tournage n’étaient pas simples, le comédien indique que l’équipe, était très motivée. « Le tournage était très difficile et compliqué techniquement. Peut-être que sur d’autres plateaux, il y a une certaine opulence mais sur celui de Saloum, il n’y avait surtout l’envie et chacun devait se réadapter, se recréer chaque jour», raconte l’acteur.

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