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Capitaine Touré : « Un gardé à vue ne doit pas mourir dans un commissariat ou dans une brigade »

Ses sorties sont rares. Il s’exprime la plupart du temps sur Facebook via sa page officielle, où il poste régulièrement ses déclarations à l’intention des internautes. Lui, c’est le capitaine Seydina Oumar Touré. Il en a perdu le titre et l’uniforme, mais tout le monde l’appelle encore « capitaine Touré ». Radié de l’armée et des cadres de la gendarmerie pour s’être exprimé publiquement sur la plainte pour viols visant Ousmane Sonko, l’ex-gendarme a raconté à Walfadjri les événements qui ont conduit à sa disgrâce. Dans un long entretien à la télévision Walf, il a évoqué l’affaire de la « force spéciale », l’arrestation de jeunes activistes pour détournement des « Une » de journaux, les propos menaçants du président Macky Sall au lendemain des événements douloureux de mars 2021.Capitaine Touré lâche ses coups.  Invité de l’émission « Grand format » de Walf Tv, Seydina Oumar Touré ne mâche pas ses mots pour prévenir le régime en cas d’émeutes.  L’ancien jeune capitaine de la gendarmerie nationale a rassuré que l’armée sera toujours du côté du peuple. « Au Sénégal, il est impensable que quelqu’un tire sur le peuple », a-t-il dit  lors de l’émission « Grand format »,  en réponse aux propos du président Macky Sall qui disait au lendemain des événements de mars que « ce s’est passé (…) ne se reproduira plus ».

L’ancien enquêteur de la Section de Recherche de la gendarmerie de Colobane, d’ajouter : « Moi, j’étais dedans (armée : NDLR). Je connais comment pensent les officiers, comment pensent les militaires ». Ainsi, conseille-t-il au Chef de l’État :  «  Ce que je sais, c’est que quand on est Président, on doit être le Président de tout le monde. Ça, c’est très important ». M. Touré estime que ces genres de propos peuvent toujours révolter les citoyens. « On sait que le Président est bien gardé au Palais, personne ne peut l’atteindre, mais le fait qu’il fasse ces genres de déclarations ou menaces, ça va créer un esprit revanchard au sein de la population. Et les gens peuvent se lever, manifester et brûler tout (…)  Je pense que si tu es Président, tu dois penser cela. Je pense que les gens doivent faire attention », a-t-il lancé à l’endroit du locataire du palais de l’avenue Roume.

Affaire « force spéciale »
À propos de l’affaire « Force spéciale », l’ex-capitaine, Omar Touré a laissé entendre que la presse a participé à amplifier ce dossier. « C’est la presse qui a agrandi l’affaire force spéciale. Je pense que ce sont des termes utilisés juste pour pouvoir aggraver des faits qui ne le sont pas », a-t-il souligné, non sans préciser qu’il ignore le contenu du dossier. « On devrait un peu se méfier de vouloir créer une situation ou faire croire aux gens que quelque chose existe alors qu’il n’y a rien. Par exemple, quand on dit qu’il y a des terroristes qui veulent venir au Sénégal, cela attire l’attention sur les terroristes vers nous. Ce n’est pas bon », a-t-il déploré. Il rappelle qu’il y a des « choses, même si c’est vrai, on doit le régler et éviter de mobiliser la presse. » « C’est-à-dire, il faut penser à l’intérêt de la République avant tout. Mais malheureusement il y a des choses qu’on  doit bannir de la politique », a-t-il décrié.

Quid du décès de François Mancabou décédé suite à sa garde à vue ? Pour l’ex-capitaine Touré, « une personne ne doit pas mourir dans un commissariat ou dans une brigade ».  Se refusant de faire le procès de ses anciens frères d’armes, il précise que la police et la gendarmerie, c’est d’abord une affaire de personne. « Il y a des bavures incompréhensibles. Une personne ne doit pas mourir dans un commissariat ou dans une brigade, c’est inacceptable », a-t-il rembobiné. Réagissant à la déclaration du procureur qui a révélé que Mancabou se se serait cogné la tête contre le mur de sa cellule, il avance : « quand je servais à la Section de Recherches, il y avait des caméras et un garde qui veillait ; dès qu’il y a un petit souci, il ouvre la grille et fait sortir le prévenu.»

« Unes des journaux détournées »

S’agissant de l’arrestation des jeunes activistes arrêtés pour détournement des « Unes des journaux », Oumar Touré déclare : « c’est compliqué de mettre quelqu’un en prison alors qu’il a une certaine garantie de représentation, ça ne vaut pas la peine. Ce sont des gens qui ont des adresses connues ». Il ajoute : « c’est un peu difficile pour moi en tant qu’ancien enquêteur de parler de cette affaire qui en cours ». « Si j’attaque aujourd’hui la justice, je m’attaque à moi-même parce qu’une enquête est une question de personne. Nous pouvons être dans la même unité et que la manière dont on mène les enquêtes soit différente parce que chacun a sa conscience et chacun a sa manière d’appliquer la loi », explique l’ex-officier supérieur de la gendarmerie. Omar Touré a fait savoir qu’il est prêt à répondre au juge d’instruction en charge de l’affaire Sweet Beauté. Pour rappel, Omar Touré, après sa radiation, est recruté par le maire de Dakar, Barthélemy Dias.

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