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LE BRT ET LE CALVAIRE

Pour apporter une solution durable à la congestion routière dans la capitale, l’État du Sénégal, à travers le Conseil exécutif des Transports urbains de Dakar (CETUD), mise sur le projet de « Bus rapides sur voies réservées » , encore appelé « Bus Rapid Transit » (BRT). Selon les études réalisées, ce mode capacitaire qui reliera sur 18,3 km la Préfecture de Guédiawaye à la Gare routière de Petersen, pour un financement global de près de 300 milliards de FCFA, acheminera jusqu’à 300 000 voyageurs par jour. Les travaux sont lancés le 28 octobre 2019. Cependant, à cause des travaux de cette importante réalisation, le système d’évacuation des eaux usées des maisons qui permettaient leur drainage sur le grand versant du Canal 4 s’est retrouvé bouché. Conséquences ? Les eaux de pluies stagnent et les eaux usées se déversent dans les maisons.

Les populations qui habitent tout au long de cette route vivent dans l’inquiétude la plus grande non seulement à cause de l’hivernage, mais aussi à cause des moustiques et des grenouilles. Assis devant chez lui en train de discuter avec les gens de son quartier, Ndiaga Guèye, habitant de la Zone A, a soutenu qu’ils vivent le calvaire depuis plus d’un an à cause du BRT. « Les travaux nous causent beaucoup de tort. Nous n’avons pas de problème avec les eaux de pluie. Mais, c’est la connexion du canal pour les eaux usées qui tarde à se faire. Ceci a entraîné une invasion de moustiques à la zone A. Ils ont creusé depuis un an et c’est un canal à ciel ouvert », a-t-il expliqué.

Par la même occasion, il a informé avoir appelé un responsable de l’Ageroute pour lui faire part de la situation. « Il m’a promis que le problème sera réglé sous peu. Vous savez, j’habite ici depuis 1961 et on n’a jamais connu des inondations. Certes, ce sont des travaux d’une importance, mais nous voulons qu’ils accélèrent les choses afin qu’on puisse revivre normalement », plaide-t-il. Il faut dire que les jeunes du quartier avaient initié une manifestation pour déplorer la situation causée par le BRT. Mais, ils ont été dissuadés par leurs parents. « Lorsque j’ai parlé avec eux, ils sont revenus à de meilleurs sentiments. Les autorités nous ont rassuré que les choses vont se décanter dans les prochains jours. Ils ont dit qu’ils sont en train d’accélérer les travaux », a dit M. Guèye. Il a été confirmé par Pape Cheikh Ndiaye selon qui, ils sont effectivement impactés par les travaux. « Ça fait plus d’un an qu’on a creusé ce canal. Ils ont connecté tous les canaux sauf ici à la zone A. C’est vrai que l’eau pluviale est évacuée sans souci mais le problème, ce sont les eaux usées. Nos maisons sont sales et vous avez vu qu’il y’a des moustiques. On avait prévu de manifester, mais on a été dissuadés par nos aînés. On avait prévu de bloquer la circulation et de porter des brassards rouges pour montrer notre colère », a-t-il dit.

Un peu plus loin, nous avons rencontré Ken. Cette femme a un atelier de couture qui emploie plusieurs personnes. Malheureusement pour elle, sa boutique est fermée depuis plus d’un an même si elle continue à payer la location. « Vous avez vu que cette boutique m’appartient et elle est fermée depuis un an et demi. Pourtant, je continue à payer la location parce que je ne veux pas perdre la place. Je suis venue de l’autre côté mais on continue de vivre le calvaire. On ne voit plus les clients et malgré cela, je suis obligé de payer les employés parce que ce sont des pères et des mères de famille. C’est difficile ce que nous vivons. Après la pluie, c’est impossible de travailler parce que les eaux usées refoulent dans nos maisons et dans nos ateliers », a-t-elle déplorée.

À la brioche Dorée de Scat Urbam on vit presque la même chose. L’eau stagne sur la route et les maisons inondées à cause des travaux. À Grand Médine, les travaux avancent causant parfois des embouteillages monstres. Ici, la population est aussi impactée par les travaux du BRT. Selon El hadji Diouf, habitant de ce quartier, il n’a même pas besoin de revenir dans les détails parce que nous avons tous constaté dernièrement qu’une partie de la route s’est affaissée à la Patte d’oie. « C’est pour vous dire combien nous souffrons ici à Grand-Médine à cause de ces travaux », a-t-il indiqué. Interrogé, un technicien dont nous allons taire le nom nous a confié que grâce aux travaux déjà réalisés, l’eau de pluie est évacuée sans difficulté. Cependant, reconnaît-il, quelques débordements sont notés çà et là parce qu’il y’a de l’eau qui se reverse dans les maisons. « A chaque fois qu’on nous signale ces genres de cas, on amène nos pompes et machines pour évacuer l’eau. Nous-même parfois on a des difficultés et nous sommes obligés d’enlever les eaux avant de commencer nos travaux », a-t-il ajouté.

Les assurances du Dg de l’Onas
Interrogé pour sa part sur les impacts du BRT, le directeur général de l’Onas estime que l’impact est normal. « C’est normal comme tout projet d’envergure. Quand on sait que le Brt est un projet de l’État qui va impacter la vie des populations au niveau de Dakar surtout dans le cadre de la mobilité des personnes. Mais, un projet de ce genre ne pourrait évidemment pas provoquer des contraintes. Parce que les réseaux sont impactés, mais en tout état de cause, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires qui est l’Ageroute. Nous avons même mis en place un comité de suivi qui nous permet de régler à temps réel, les difficultés. Mais en réalité, parfois les sous-traitants qui ne respectent pas les consignes données au niveau du comité provoquent en fait les nuisances », a déclaré Dr Ababacar Mbaye.

Selon lui, au niveau du Brt, l’assainissement a bénéficié au moins de 14% de ce projet pour mettre en place un intercepteur tout au long du tracé permettant de drainer l’ensemble des eaux pluviales. « Le travail de collaboration et cette nuisance nous allons essayer de gérer ça ensemble », a-t-il promis.

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