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LES TAMBOURS DE LA MÉMOIRE ONT RETENTI À OKLAHOMA

Léebone (il était une fois)

En voyant Boris et son sourire légendaire si pudique se diriger pour accepter le Neustadt Prize, j’ai eu un sentiment d’immense fierté. Heureux d’abord pour lui, ensuite pour le travail accompli depuis plus de quarante ans. Cette reconnaissance est le fruit de longues heures passées à faire valser les mots, à faire parler les morts et les vivants. Chez Boris tout ou presque est littérature.

En l’observant, j’ai comme l’impression qu’il a passé un pacte secret avec le djinn qui murmure à l’oreille des écrivains. Mon enthousiasme et mon excitation ont vite laissé place à la désolation et à la tritesse.

Nous n’étions que deux Sénégalais présents à cet événement. Maram Bàlla Géy et moi-même. Pas un officiel sénégalais de l’ambassade du Sénégal à Washington n’a pensé un seul instants se déplacer, pas un membre du ministère de la Culture n’était présent dans la salle pour célébrer son fils qui porte sur ses épaules les mémoires du temps.

On célèbre les marabouts, les lutteurs, les artistes musiciens, les footballeurs, les comédiens mais dès qu’il s’agit de savoir, le Sénégalais est aux abonnés absents.

Si tu veux cacher quelque chose à l’homme noir il faut le mette dans un livre, disait l’autre. Cette assertion qui sonne comme une dague dans le dos est d’une vérité déconcertante.

Nul n’est prophète chez soi mais que le prophète soit et il fût dans cet auditorium d’Oklahoma City ville située à 306 km au nord-nord-ouest de Dallas.

Notre société a peu d’intérêt pour la littérature. On préfère les querelles byzantines qui animent nos débats télévisés quotidiens plutôt que l’esprit fin d’un intellectuel qui pense le monde et qui écrit pour la postérité. Le devoir de mémoire est d’une urgence absolue. Ce pays doit impérativement apprendre à célébrer ses fils et filles dans la diversité.

On peut célébrer Youssou Ndour, Sadio Mané et Boubacar Boris car chacun dans son domaine est un ambasaadeur qui représente dignement le Sénégal.

Les larmes du président du jury du Neustadt Prize en disent long sur l’impact du travail de Boris, il dira : votre travail est essentiel pour comprendre le monde. Quand on vous lit on en sort pas indemne. On a envie d’être quelqu’un de bien quand on finit de lire un livre de Boris.

Aujourd’hui à l’université d’Oklahoma,  les tambours ont résonné dans un silence assourdissant car le Sénégal a été le grand absent qui a fait faux bond.

Boris est à jamais dans la postérité car ces livres sont éternels.

Maky Madiba Diop est réalisateur du film documentaire « Retour à Murambi« .

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